EPIPHANIE DU SEIGNEUR

« En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère »

(Mat 2, 1-12)

Les fêtes de Noël nous enchantent. Leur longueur et leur beauté nous encouragent à approfondir le mystère révélé dans l’enfant de Bethléem. Nous ne voulons finir de contempler l’amour manifesté dans la pauvreté d’un enfant et dans l’unité d’un couple. Jésus est cet enfant béni qui porte la lumière divine. Marie et Joseph sont ce couple qui porte l’espérance du monde dans des vases fragiles. Noël est plus qu’une naissance, c’est une espérance qui va jusqu’aux confins de la terre, c’est une joie qui atteint les profondeurs de l’âme, c’est une paix qui se communique par nos mains désarmées. Noël, c’est Dieu-parmi-nous pour que l’homme retrouve le chemin de sa maison, le sentier de son cœur, les voies de l’amour. Noël, c’est toute la terre qui reçoit le Fils pour devenir enfants de lumière. C’est pourquoi, cette fête de l’Épiphanie nous rappelle l’universalité de l’événement, la fraternité universelle qui s’y perçoit, la grandeur d’un enfant à travers sa faiblesse. Les « mages venus d’Orient » sont les chercheurs de Dieu, prêts à traverser les mondes pour trouver le Roi du Monde. Cette fête est faite de lumière, de joie, de mouvement, de toucher, de voir, de cadeaux… L’émerveillement ne peut s’arrêter devant tant de beauté et tant d’amour. Ici, la manifestation divine atteint son sommet dans la petitesse d’une étable et le cœur des hommes qui savent voir la merveille. Le mystère trinitaire se perçoit dans la sourire de l’Enfant qui est le Fils, vraie gloire du Père dans l’Esprit.

  1. 1. Manifestation de la gloire.

Le mot ‘épiphanie’ signifie ‘manifestation’. Dieu s’est manifesté bien des fois dans le passé. Sa gloire s’est montrée et a terrassé les hommes. On se souvient des hauts faits de Dieu dans l’histoire d’Israël. La gloire divine ne pouvait être vue mais elle pouvait être sue et contemplée. A Noël, la gloire se fait proche et se laisse toucher. Celui qu’on ne peut voir se laisse voir. Celui qui est esprit par essence devient matière par amour. L’infini entre dans le fini. Jésus reflète cette gloire par l’incarnation qui va le mettre à notre portée pour nous porter au Père.

Gloire inapprochable : les auteurs sacrés de l’Ancien Testament sont formels : Dieu est tout autre, intouchable, inclassifiable, inatteignable. Il aura fallu passer par là pour libérer le divin de nos classifications restrictives et de nos tentatives de l’enfermer dans des normes. Dieu ne peut être enfermé dans nos idoles, nos temples, nos espaces sacrés. Le Dieu du Sinaï est « celui qui est ». Il est cependant le « miséricordieux, pleine de tendresse et lent à la colère », prêt à l’Alliance et à la relation. Il est unique et se laisse trouver. Il atteint les cœurs droits et se fait proche. Sa gloire est ainsi préservée mais aussi partagée.

Gloire abordable : le Nouveau Testament préserve l’autonomie du divin mais le met à notre portée. Dieu est Dieu mais cela ne l’empêche pas de nous rejoindre dans ce que nous sommes. L’homme est homme mais cela ne signifie pas qu’il est incapable de Dieu. Dieu et l’homme se cherchent et se trouvent. L’un montrant sa gloire divine, l’autre recevant son humanité par cette gloire. Noël bouscule nos préjugés et confond nos esprits. La gloire divine se fait proche. Elle se reflète dans l’enfant de Bethléem parce qu’il est le Fils. Dieu s’incarne et vient nous toucher du dedans. Notre chair devient le lieu de la rencontre et de la gloire. Mystère de l’amour qui a choisi ce chemin pour nous retrouver et nous ramener à lui ! Alors que la gloire de Dieu était inabordable et transcendante, la voici qui devient visible dans l’immanence de nos vies et les limites de notre chair.

Gloire partagée : quelle est la raison de l’incarnation ? Doit-on la limiter au seul rachat des péchés, à la suite du péché originel ? C’est une école. Il y a une autre école qui veut voir dans l’incarnation la volonté divine de partager sa gloire et son amour. Il s’agit d’une divinisation de l’humain pour le rendre capable du divin. Et cela n’est possible qu’en Christ, Homme et Dieu, lieu de la communion. L’unique Personne du Fils est le lien qui nous relie au Père par l’Esprit. Noël est donc la fête de la communion des contraires mais surtout de la possibilité de la communion. C’est possible par le Fils. C’est possible pour nous, fils et filles adoptifs. La gloire impossible à regarder est devenue visible par le visage du Christ. Elle est partagée pour que nous devenions « un en Christ », dans la communion  trinitaire.

L’Épiphanie, au-delà des images poétiques, est la célébration de la gloire divine manifestée dans notre chair et partagée à toute l’humanité. Le Dieu unique se manifeste à l’unique humanité sortie de ses mains et sauvées en Christ. La gloire brille désormais sur la face du Fils, Beauté suprême et Porte du Ciel, vraie expression de l’Être divin, Dieu d’amour.

  1. 2. Manifestation de l’amour.

Peut-on parler de Noël sans évoquer l’amour ? L’amour de Dieu qui se manifeste pour l’humanité par le Fils qui s’incarne. L’amour de Dieu qui se dit par l’amour du Christ qui se donne mais aussi par l’amour tout humain de Marie et Joseph, participants de cette aventure unique. Il n’y a que de l’amour dans ces événements. La manifestation divine ne se comprend que dans l’amour. Celui qui aime voit. Il peut ainsi toucher et saisir une parcelle de cette beauté qui se laisse contempler. Il peut vivre de cette joie dont parlent les textes et qui nous ravit tout autant.

Amour divin manifesté : les bergers comme les mages viennent à la crèche et voient la gloire de Dieu. Ils « touchent le Verbe de Vie ». Ils contemplent la grandeur divine qui se rend visible. Est-ce possible sans l’amour ? L’amour de Dieu qui va ‘jusque-là’ et l’amour humain qui voit ‘jusque-là’ ? Il y a une rencontre dans l’amour qui rend possible la communion.

Amour humain élevé : Dieu aime et se manifeste. L’homme qui aime voit la manifestation, l’épiphanie divine. Le cœur pur et l’esprit ouvert sont nécessaires pour « voir Dieu », sa gloire et son amour. L’épiphanie devient théophanie. La théophanie élève le regard humain pour voir l’invisible. Seul l’amour, encore lui, peut le permettre. Deux amours, encore une fois, qui se rencontrent et communient. Un amour qui rejoint l’amour trinitaire et partage son dynamisme et son mouvement éternel. Amour de Dieu, amour de l’homme, unis en Christ, possible pour nous, fils et filles de la lumière.

  1. 3. Conclusion : une étoile dans nos vies.

Une lumière a conduit les bergers vers l’Enfant. Ils ont raconté ce qu’on leur en avait dit.

Une étoile a conduit les mages vers l’Enfant. Ils se sont prosternés devant le Mystère de l’Homme-Dieu, manifestation visible de l’amour.

L’amour conduit notre vie. Il nous rend dignes de Dieu et nous introduit dans l’amour trinitaire.

Bonne fête,

Père Francis

 

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