CARÊME 1 A

« Jésus fut conduit au désert par l’Esprit »

(Mat 4, 1-11)

Le carême s’ouvre avec ses traditions et ses efforts, ses désirs sincères de changer et ses tensions intérieures. Voici 40 jours particuliers de notre calendrier liturgique mais aussi de notre année. 40 jours de réflexion, d’interrogation, de pratiques pénitentielles… bref, 40 jours de conversion. De fait, nous avons besoin chaque année de nous arrêter, de faire le point, de revenir au Seigneur. Nous sommes si souvent distraits, occupés, affairés. Souvent, nous nous engageons sur des sables mouvants ou dans des voies sans issue. Bien souvent, nous tombons dans la routine, la paresse, l’habitude. Nous ne sommes plus attentifs à nos limites, aux faiblesses, aux tentations. Nous glissons parfois vers le péché sans même avoir lutté ou résisté. Nous nous justifions et oublions la loi d’amour de l’Alliance Nouvelle. Peut-être avons-nous négligé la prière, la messe, la communion ? Le carême nous remet sur les rails et nous ramène à bon port, les bras du Père par la miséricorde du Fils et la joie de l’Esprit Saint. Loin d’une face de carême hypocrite, nous entreprenons le combat et la purification nécessaire, accompagnés des recommandations du Christ : prière, jeûne et aumône.

  1. 1. Le carême, chemin de conversion.

Les Tentations du Christ au désert nous servent d’exemple pour notre entrée en carême. Jésus a dû lutter contre les forces du mal et ainsi a révélé leurs présences dans le monde. Elles nous entourent de leurs illusions et de leurs promesses. Le démon est cet être malfaisant, aux paroles doucereuses et à l’aspect lumineux, qui nous entraine vers le bas, vers la rupture, vers l’éclatement intérieur, vers la mort spirituelle. Il ne cesse de susurrer et de flatter, de nous entraîner vers nos désirs cachés et inavouables, conscients ou inconscients, pour opérer la rupture. Il a vocation à diviser et à briser. Le carême nous aide à éviter ses pièges et à nous remettre en route vers le Bien et le Beau, vers le Père.

Conversion de nos pensées : le démon s’infiltre dans nos faiblesses et les limites de nos pensées. Il vient nous piéger là où manquent la connaissance et l’amour. Si nous nous contentons de petites informations religieuses ou même de quelques chapitres de notre catéchiste enfantin, nous nous pouvons faire face à l’invasion d’opinions et de réflexion de tout genre qui nous arrivent quotidiennement. Nous sommes fortement ébranlés et découragés. Ainsi, le carême est une réflexion sur l’essentiel de la foi, les tenants de l’espérance et les pratiques de la charité dans l’amour véritable. Nous devons nous convertir au Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ dans l’Esprit du Père et du Fils.

Conversion des mœurs : le démon sait relativiser nos pratiques habitudinaires et même en proposer. Il sait minimiser notre engagement et nous pousse dans l’illusion que telle ou telle chose ou pratique est insignifiante alors qu’elle nous tue à petit feu.  Nous devons examiner nos mœurs et nos pratiques quotidiennes afin qu’elles correspondent à l’Évangile et qu’elles nous emmènent vers le haut et non vers la déchéance à long terme. Rien n’est anodin. Tout participe de notre édification ou de notre destruction. L’acte n’est jamais banal, il exprime quelque chose. Loin de nous décourager d’avoir posé des actes ponctuels, nous devons faire en sorte de nous en sortir et de les éviter, de ne pas tomber dans le relativisme et l’inconscience. Le carême est une mise au point de nos pratiques et un retour à l’éthique et à la moralité évangélique, l’éthique étant la réflexion sur notre humanisation selon la volonté de Dieu et la morale étant l’application concrète de cette recherche libre en Christ. La question est simple : cet acte me construit-il  en tant qu’être humain et fils/fille de Dieu ? La confession sincère et sacramentelle de nos péchés nous libérera par la grâce.

Conversion du cœur : le démon sait toucher notre cœur en l’asséchant. Il connaît nos désirs profonds et nos aspirations en les détournant. Il propose une dite réalisation de soi qui porte à la violence et à la mort. Nous n’avons pas à avoir peur de nos désirs, de nos pulsions, de nos passions…  nous devons les mettre sur le regard du Père par la miséricorde du Fils et les vivre dans l’Esprit Saint. Ne laissons pas le démon nous dicter ce qui est bon ou mal selon ses vues mais tournons-nous vers le Christ qui parle de miséricorde et de grâce transformante et sanctifiant. Le cœur aime et se laisse aimer. Que l’amour du Père et du Fils nous anime et nous réchauffe, nous illumine et nous entraîne. Le carême est cet entrain à revenir vers le Cœur du Père par celui du Fils dans l’Esprit. C’est un chemin de vie qui traverse nos vies pour leur donner la vie éternelle en la Trinité Sainte.

Les tentations du Christ sont un exemple de courage mais aussi de vérité. Jésus sait rejeter ce qui lui donnerait un pouvoir ou un avoir illusoire ou une quelconque domination sur le créé ou sur les autres. Il choisit le chemin de l’humilité et de la liberté. Il libère du péché.

  1. 2. Le carême, chemin de libération.

Nous avons en effet besoin de libération et le carême nous le propose. Les exercices de piété comme une plus grande dévotion nous aideront à nous libérer et à nous préparer à Pâques. L’entrainement du carême a comme objectif la victoire du Ressuscité et la joie pascale. De fait, c’est en enfants de lumière libres que nous devons fêter la victoire du Christ sur le péché et la mort.

Libérer du péché : sérieux sujet que l’on ne peut éviter durant le carême, le péché. Il nous coupe du Père, nous éloigne du Fils et entre en conflit avec l’Esprit. Le rejet de l’amour et l’acte posé en connaissance de cause nous portent à l’isolement spirituel et à la dégradation intérieure. Nous séparer de Dieu, c’est la victoire du démon. N’a-t-il pas essayé de séparer Jésus de son Père en lui promettant bien des choses ? Jésus le Fils pouvait-il vivre ne serait-ce qu’un instant hors de la communion trinitaire ? Par la force de l’Esprit et la grâce du Fils, nous pouvons recevoir le pardon du Père et revivre en lui.

Libérer de la mort : a-t-on conscience que c’est la vie éternelle qui nous est proposée et non seulement le bonheur ici-bas en Dieu ? Parler de la vie éternelle, ce n’est pas renier la mort mais c’est la remettre à sa juste place dans l’histoire du salut. C’est accueillir la victoire du Ressuscité et en vivre dès à présent. C’est faire entrer l’éternité dans notre quotidien. Nous sommes libérés et cela doit être dit.

  1. 3. Conclusion : retrouver l’unité intérieure.

Le carême est une chance pour nous : 40 jours de préparation et de mise à niveau dans la lumière de l’Esprit Saint.

Le carême est une grâce : 40 jours où le pardon est donné, la paix acquise, le bonheur possible.

Le carême est un chemin : 40 jours pour se convertir par la prière, le jeûne et l’aumône.

Père Francis

 

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