CARÊME 2 A

« Écoutez-le »

(Mat 17, 1-9)

Le carême est un temps de grâce. Nous suivons Jésus sur son chemin de salut et l’accompagnons jusqu’à Jérusalem où se jouera l’événement central de sa vie et de notre rédemption. Cette préparation est bénéfique et salutaire. Elle nous met en appétit de la grâce et dans la joie de l’Esprit. Elle nous décentre pour nous réorienter vers l’essentiel, vers le cœur de la foi, vers le Père par le Fils dans l’Esprit. Tous les Évangiles du carême sont une exhortation à cheminer vers le cœur de notre relation avec Dieu et de recevoir la révélation comme une Bonne Nouvelle, comme un mot d’amour, comme une bénédiction et une participation à la vie divine. Alors que nous avons été affrontés nous-aussi aux tentations de Jésus au désert et que nous en avons triomphé, nous montons avec lui sur la Montagne de la rencontre, ce lieu symbolique de la communion et de la révélation. Jésus est transfiguré et se révèle Fils de Dieu, Gloire du Père, amour de l’Esprit. La Trinité nous redit son amour et nous invite à le partager et à en vivre, maintenant et pour l’éternité.

  1. 1. De la Croix à la Lumière.

Le carême est certes un temps de pénitence. Nos exercices de piété, nos efforts, nos sacrifices… expriment notre volonté à nous convertir et notre désir de sainteté. Il y a beaucoup à faire avec la grâce de Dieu. Chacun comprend ses points faibles et le nécessaire changement dont il a besoin. Prière, jeûne et aumône nous aident à transformer notre vie et à nous remettre sous le regard du Père. C’est un chemin qui mène vers la Lumière. La transfiguration nous rappelle le but du carême et la gloire qui nous est donnée dans l’amour de Dieu. Nous marchons vers la glorification en Christ.

Transfigurer son corps : notre corps participe de notre personne. Peut-on le négliger ou bien l’idolâtrer ? Il est don de Dieu et chemin vers lui. Il fait part de notre humanité et ne peut se perdre même au-delà de la mort. Nous sommes notre corps animé par l’âme et illuminer par l’esprit. Il est une dimension constitutive de notre essence. La vie nous est insufflée, elle coule dans nos veines. Le corps n’est pas un ‘véhicule’ passager ou une enveloppe que l’on change à volonté ou qui serait destinée à disparaître. Voyons Jésus transfiguré dans son corps. Pensons à Jésus ressuscité avec son corps. Contemplons Jésus montant au Ciel avec son corps et entrant dans la gloire du Père. Désormais, notre corporéité est insérée dans le cœur de la Trinité. Sachons reconnaître toutes les conséquences de cette affirmation. La lumière doit le traverser pour y trouver la flamme divine.

Transfigurer son âme : notre âme est cette partie essentielle et intime  qui anime notre personne et qui l’unifie. Elle est donnée à la conception et s’unie au corps pour former la personne. Elle est immortelle et recherche sa transcendance. Elle s’exprime par des valeurs choisies et se purifie au contact de la source de Vie et de la Lumière. Jésus transfigurée révèle les profondeurs de son âme de Fils. Homme par son incarnation, il est Fils par communion. Homme et Dieu, deux natures qui forment son Unique Personne de Fils. Notre âme est chemin de communion et de contemplation. Elle ne peut que nous diriger vers le Père par la grâce du Fils incarné et ressuscité. Voyons Jésus transfiguré qui laisse paraître son âme. Contemplons la merveille de sa beauté et la pureté de sa relation au Père et au monde. Sachons reconnaître que la beauté du Fils se reflète dans la beauté des fils/filles du Père par la lumière de l’Esprit. C’est la Lumière divine qui doit illuminer le monde par son âme limpide et lumineuse.

Transfigurer son être : tout notre être est chemin vers le Père. Avec ses faiblesses et ses limites, avec ses valeurs et ses pulsions, avec sa grandeur et sa bassesse, l’être est don de Dieu et chemin de communion. L’harmonie est essentielle pour vivre en paix et agir avec tranquillité. Alors que le démon cherche à rompre l’harmonie et l’unité (cf. : les Tentations), l’Esprit s’efforce de nous retrouver, à nous équilibrer, à nous unifier. Voyons Jésus transfiguré par tout son être. Il reflète la gloire divine et se laisse aimer par le Père. Son corps lumineux, la beauté de son âme, la gloire de son être révèlent non seulement son identité divine mais aussi le chemin pour y accéder. Nous ne restons pas là à contempler la gloire du Fils, nous entrons dans cette gloire par notre amour et notre incorporation spirituelle. Nous sommes le Corps du Christ et donc nous faisons nous-aussi rejaillir cette gloire sur l’univers, dans le quotidien et jusqu’aux limites du cosmos.

La Transfiguration est un signe puissant dans la vie de jésus et une exhortation puissante dans notre vie personnelle et communautaire. Si la croix est passage obligé, elle mène à la Lumière, la Sainte Trinité, communion d’amour éternel.

  1. 2. « Écoute Israël » (Deut 6, 4)/ « Écoutez-le » (Mat, 17)

Cette épisode de la Transfiguration s’inscrit dans la tradition biblique : elle se passe sur la montagne, elle révèle, elle dit, elle ouvre le Ciel, elle donne la grâce. Jésus est vraiment le Fils de Dieu qui sauvera l’humanité par son corps glorifié et tout son être transfiguré. Pendant le carême, mettons-nous à son école et entrons dans sa dynamique.

Fils bien aimé : la voix du Père se fait entendre, comme au baptême par Jean (Mat 3, 17). Révélation d’une identité qui sauve et d’une relation éternelle. Si Jésus se dit Fils de l’homme, le Père le déclare Fils de Dieu (Mat 17, 5). Après sa mort, c’est le centurion qui professera la foi en la divinité de Jésus (Mat 27, 54). La voix du Père passe dans la voix du centurion, païen de surcroit !

Mon amour : l’amour du Père est exprimé. Jésus est le bien-aimé. Cet amour est pour tous ceux qui l’acceptent, pour tous les frères et sœurs de Jésus, pour ceux qui se savent fils/filles de Dieu. L’amour est au cœur de la relation et non plus le devoir ou la crainte.

Écouter le Fils : dans la grande tradition biblique, l’écoute est essentielle, ouvrir son oreille est nécessaire. La Voix de Dieu se fait entendre et l’accueil de la Parole Divine est chemin de connaissance, de conversion et de communion. La Voix du Père est son Verbe er ce Verbe, c’est le Fils. Comme au commencement du monde (Jean 1), le Verbe se fait entendre, Parole créative et efficace. Comme au matin de Pâques, le Verbe se manifeste, Parole rédemptrice et sanctifiante. Ainsi, écouter le fils, c’est entendre le Père et recevoir l’Esprit. Tout le dynamisme trinitaire est ici présent.

  1. 3. Conclusion : un carême de lumière

Le carême est chemin de pénitence qui rejoint la joie de Pâques. Il est passager.

Le carême mène à la croix qui est pardon et glorification du Fils, pleinement accomplie à Pâques.

Le carême nous porte à la Lumière par l’écoute du Fils et le partage de sa filiation divine.

Père Francis

 

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