PÂQUES 2 A

« Nous avons vu le Seigneur »

(Jean 20, 19-31)

Le Christ est ressuscité ! Un chant de victoire, une exclamation de foi, l’expression de l’amour. Pâques comble le cœur de l’homme en attente, en recherche, en souffrance. Pâques, c’est comme voir l’invisible, toucher l’incroyable, monter au Ciel. Pâques, c’est l’irruption de l’infini dans notre finitude, de la grâce au cœur du péché, de l’amour dans nos membres trop fatigués. Pâques, c’est la révélation du Très-Haut, de la communion, de la Trinité par le Fils ressuscité. Nous pouvons rester surpris, transportés, transfigurés. En effet, notre filiation se manifeste et notre vie se transforme. Il y a de la vie, de la lumière, de la clarté qui se manifestent et qui nous irradient. Le Seigneur a voulu nous emmener avec lui et nous manifester sa miséricorde. Ses entrailles se sont émues à notre propos et son cœur de Père s’est retourné à notre sujet. Par le don de son Fils, il s’est réconcilié le genre humain rebelle et inconsistant, les créatures rétifs à la filiation, les apeurés peureux même de l’amour. Le Victorieux s’est montré, vivant et puissant, pour nous redire encore l’amour du Père et la grâce de l’Esprit, pour sanctifier notre chair et en faire un chemin vers Dieu. Nous sommes vraiment en route vers le Père à travers notre condition humaine renouvelée et remodelée, pétrie de grâce filiale et relevée par l’amour. La Miséricorde nous précède et nous envahit.

  1. 1. Nous avons vu sa miséricorde.

La Résurrection est la victoire de la miséricorde. Dieu a été plein de compassion et de bonté en laissant mourir le Fils et en acceptant son sacrifice. Il nous a montré le chemin, celui du sacrifice et du don, de la prière et de l’adoration. La souffrance elle-même s’en trouve transformée pour devenir, non plus un obstacle mais un autre chemin de grâce. Toute la miséricorde divine s’est exprimée dans l’événement pascal.

Miséricordieux envers les pécheurs : on ne le redira jamais assez, la passion et mort du Christ sont chemin de pardon. Nous sommes sauvés et pardonnés en Jésus le crucifié qui a su présenter au Père un sacrifice agréable et véritable, le sacrifice de lui-même, le don de sa vie, l’offrande de son être, l’oblature de son existence. Le pécheur s’éloigne de la source et se perd dans son erreur, le Fils ramène l’égaré et le présente au Père. Le pécheur s’enchaîne et se noie, le Fils le délivre et le relève. Le pécheur se fourvoie et se trompe d’amour, le Fils l’éclaire et l’enseigne. La miséricorde divine n’a pas laissé le pécheur dans son erreur ni dans sa prison, elle l’a guidé vers la Lumière et lui a fait toucher les étoiles.

Miséricordieux envers les faiblesses : on ne le redira jamais assez, la faiblesse n’est pas le péché. Nous sommes limités par nature et faibles de nature. Nos limites nous pèsent. Notre orgueil refuse la réalité. Nous voulons penser et agir comme des dieux alors que nous sommes bien souvent des gueux. La faiblesse est chemin d’humilité et d’acceptation. Elle reconnaît plus grand que soi et ne se gonfle pas. Le Fils a montré la grandeur de notre faiblesse et sa vérité. Il a su l’utiliser pour manifester sa gloire. Il a été fort dans sa faiblesse. C’est pourquoi, la faiblesse humaine nous aide à cheminer vers le Père car nous cheminons alors en vérité, avec nos limites et dans l’attente de la force de l’Esprit. La miséricorde divine soutient le faible et en fait un fort spirituellement. Elle fait jaillir la grâce dans nos membres et nos cœurs si faibles pour aimer selon la grandeur divine.

Miséricordieux envers l’univers : on ne le redira jamais assez, c’est tout l’univers qui renaît au matin de Pâques. Le Christ assume tout désormais et récapitule en lui tout l’univers. La matière est chargée d’Esprit. L’atome est bombardé d’amour. La chair est transfigurée. C’est tout un mouvement qui s’en va vers le Père, poussé par le Fils, dans la force de l’Esprit. L’enfantement a été difficile mais la renaissance donne un monde ouvert à l’Esprit et à l’amour. Si tout se concentre en Christ, tout renaît en lui. La miséricorde divine s’est déversée sur l’univers et en a fait un tremplin vers le Ciel, vers le Royaume. Dieu pouvait-il laisser sa création se détruire du fait de l’homme ? Sa miséricorde l’a relevée et nous, créature devenues enfants de lumière, nous sommes en marche vers la plénitude. L’amour trinitaire a fait le reste.

Pâques a manifesté la miséricorde divine car la Résurrection est une victoire et une irruption de grâce dans l’univers. L’homme s’en trouve régénéré. Il reçoit grâce sur grâce qui pardonne et restaure, qui élève et emporte. Grâce qui fait de lui un fils à l’image du Fils unique, plein de grâce et de vérité.

  1. 2. Nous avons touché le Ressuscité

Thomas est invité à toucher le Ressuscité. Il le reconnaît alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Cette expression de foi nous rejoint, nous qui croyons sans avoir vu mais qui touchons toutefois le Corps du Seigneur. Il y a du toucher et du voir dans la Résurrection. C’est la réalité spirituelle dans la foi. Les Sacrements nous font toucher le Seigneur invisible et l’amour nous fait voir une présence  au-delà des apparences. C’est la foi qui nous illumine et qui nous convainc de cette vérité.

« Avance ton doigt » : Thomas a de la chance dans son incrédulité. Il peut toucher le Seigneur. Il ne s’en prive pas car le Corps ressuscité du Christ est une condition de la vérité de la Résurrection. Jésus ressuscite ‘en entier’, avec son corps et tout son être. Événement spirituel, la Résurrection est aussi un événement corporel, matériel, cosmique. Et c’est ce Corps ressuscité que nous recevons dans l’Eucharistie et que nous formons comme Église. La matière est transfigurée par l’Esprit, elle devient divine en Jésus. A chaque messe, renouvelons notre foi en la présence réelle du Christ ressuscité et sachons toucher avec les yeux de la foi.

Touchons l’amour : Thomas se retrouve en présence du mystère caché puis révélé : l’amour s’est manifesté en Jésus. « Qui me voit a vu le Père » avait dit  Jésus. Qui voit le Ressuscité voit l’invisible et contemple le Divin, la communion trinitaire, la vérité de la Trinité. Comme tout l’amour divin s’est manifesté, l’amour divin est accessible et possible. Il est donné en abondance. Non seulement il se laisse voir mais il se lasse toucher à travers le Christ, Agneau pascal assis sur le Trône céleste.  A chaque adoration, renouvelons notre foi en la présence réelle de l’amour trinitaire en Christ.

  1. 3. Conclusion : nous avons vu l’amour !

La miséricorde divine s’est montrée en la Résurrection du Christ. Elle a traversé nos limites et pulvérisé notre péché. Elle s’est manifestée dans la victoire pascale qui a rendu nos corps semblables au Corps glorieux du Christ.

La miséricorde divine s’est montrée dans le Fils qui est expression du Père et révélation trinitaire.  Sans attendre le Ciel, nous avons accès au divin à travers le Corps ressuscité du Christ. Touchons le Verbe de vie et goûtons à sa lumière dans l’amour. L’amour s’est laissé trouver et toucher.

Bonnes Pâques

P. Francis

 

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