PÂQUES 3 A

« C’est vrai ! Le Seigneur est ressuscité »

(Jean 24, 13-35)

Le Christ est ressuscité ! On ne finit pas de proclamer cette Bonne Nouvelle, la merveille qui resplendit dans notre nuit et qui donne sens à notre vie. Glorifié par le Père, le Christ entre victorieux dans le Royaume, revêtu de notre humanité transfigurée. Il attire à lui tout homme épris de vérité et de liberté. Il répond à tout homme s’interrogeant sur le sens du monde et l’authenticité de sa vie. Il éclaire tout homme voulant vivre son humanité dans la profondeur de sa nature et la joie de son être. Le Christ est le Fils qui fait éclater sa gloire, la gloire de sa divinité, la vérité de son identité, la lumière de son Verbe, la grandeur de sa Sagesse, la beauté de son amour. Finalement, n’est-ce pas une histoire d’amour qui atteint son apogée, sa plénitude, sa vérité ? La Résurrection est la synthèse de l’Histoire Sainte, des questions de l’homme, des errements de l’humanité, le point Oméga de l’Histoire. En créant, Dieu veut communier. En animant, Dieu veut unir. En pardonnant, Dieu veut sanctifier. Jésus le Christ est l’Alpha de tout ce qui converge vers sa fin ultime, vers sa plénitude. Sa présence mystérieuse se fait tangible. Elle révèle l’amour du Père et la force de vie de l’Esprit. La Résurrection a changé nos vies en touchant notre être et en illuminant notre existence.

  1. 1. « Quel événement ? » (Jean 24)

Un événement est venu bouleverser la vie routinière puis agitée des disciples : le Messie est mort. Cette mort est déjà révélation de salut car l’Événement majeur, c’est cette lumière pascale qui jaillit au matin de la nouvelle création : Il est ressuscité ! Bouleversement cosmique qui se répercute dans la petitesse de leur vie. Bouleversement spirituel qui se manifeste dans la rigidité de leur chair. Bouleversement intérieur qui va les propulser dans le monde divin. Un Événement inédit et mystérieux. Un Événement percutant qui va renverser leurs catégories et les envoyer dans le concert des nations et l’arène du quotidien.

Événement historique : la croix est certainement ce que retient l’histoire. Un homme, Jésus de Nazareth, a été injustement condamné, jeu des relations politico-religieuses de son temps et victime d’un complot judiciaire. Chacun assume ses responsabilités. Mais au-delà de cette constatation, il y a un matin lumineux, une aurore flamboyante, un lever de soleil particulier. La vie a jailli du tombeau et a remis en cause nos compromis comme notre péché. L’histoire de l’humanité ne s’en remettra pas. Le cœur de l’homme est touché. Sa vie est transformée. Sa chair est sanctifiée. Le Ciel est ouvert. Si le moment historique nous échappe, ses conséquences nous éblouissent.

Événement spirituel : le péché est certainement ce qui nous saute aux yeux. Le mal nous a aveuglés et enchaînés. Nous croulons sous un poids de culpabilité éhonté. Chacun assume sa responsabilité et joue sa liberté. Mais un Souffle nous a envahis, une brise légère nous a caressés, une flamme s’est détachée dans la nuit. Le pardon a jailli du tombeau et nous a propulsés dans les bras du Père. Notre vie personnelle et communautaire ne s’en remettra plus. Une nouvelle naissance nous propose une nouvelle vie. Nos relations à Dieu ont changé. Elles parlent d’amour et de communion. Elles invitent au partage et nous font entrer dans l’éternité. Il y a aura toujours un appel, une espérance, une invitation. Il y aura désormais des bras ouverts pour accueillir les invités aux noces et pour inviter à la danse. Si le moment spirituel nous échappe, ses lumières nous envahissent.

Événement cosmique : un  changement est certainement perceptible dans une nature en attente de réalisation. Nous pas corvéable à merci mais soutien d’une vie en harmonie, la nature nous entoure et nous parle. Chacun assume la responsabilité dans sa préservation et de sa transformation. La terre a tremblé un jour de notre histoire pour dire quelque chose de plus qu’un séisme naturel. Le cosmos s’est enrichi d’une réalité nouvelle, faite de joie et de sens. L’extension de l’univers n’est pas aveugle, le hasard n’a pas de sens, le ‘peut-être’ n’est pas porteur. En route vers sa réalisation pleine, l’univers se charge d’une Présence inédite et véritable. Il nous mène vers l’achèvement en Dieu. Le Christ porte la création vers sa sanctification pour qu’elle serve la gloire divine et invite l’homme à l’adoration. Si le bouleversement cosmique nous échappe, sa luminosité nous accompagne.

Un Événement particulier a changé notre perception des choses. Une lumière s’est faite Lumière. La vie a atteint la Vie. La présence est devenue Présence. La vérité est le « Je suis » du Fils. À Jérusalem, un homme fidèle et innocent, chargé de nos péchés, à travers son pardon, a révélé l’amour, ce Dieu trinitaire qui n’attendait que la possibilité d’entrer en communion avec sa créature, certes revêche, mais aimée, devenue par la filiation, héritière des promesses et joie de son éternité.

  1. 2. Quelle présence ?

Les disciples d’Emmaüs font une expérience singulière : ils rencontrent le Ressuscité. L’épisode est connu. L’histoire nous interpelle. Nous aimons voir Jésus marcher à nos côtés, nous expliquer les Écritures le concernant et partager notre hospitalité. L’épisode nous instruit sur bien des choses mais nous retenons deux présences que nous vivons encore : le Ressuscité se donne dans son Église.

Le Corps mystique du Christ : la présence du Ressuscité est perçue par son Église. Nous sommes le Corps ressuscité et transfiguré du Christ. Il est la Tête, le Chef, le Guide, le Maître. Nous ne le suivons pas comme on suit un gourou ou un maître exceptionnel. Nous émanons de Lui. Nous croissons en Lui. Nous vivons par Lui. Le lien est vital, capital, existentiel. La relation est libre, unique, réciproque. Sa Vie est la nôtre. Sa Lumière est la nôtre. Sa Beauté est la nôtre. La Vie traverse son existence de Fils à travers nous, Église, son Corps désormais. Notre vie est en Lui.

Le Corps eucharistique du Christ : le Corps du Christ se nourrit du Corps du Christ. Le Corps du Christ fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait le Corps du Christ. Quel mystère que cette présence réelle et vivifiante ! Quelle beauté cette force réelle et vivifiante ! Quelle joie de goûter à l’éternité réelle et vivifiante ! Plût à Dieu que notre participation à l’Eucharistie devienne Vie et Lumière, Sagesse et Paix, Force et Amour ! Le reconnaître à la fraction du pain c’est le reconnaître dans le Peuple qui célèbre, le ministre qui préside, le sacrement qui devient efficace, la grâce qui se manifeste. L’Eucharistie est participation vraie à l’Événement pascal présent et vivant. C’est sublimer l’Histoire pour célébrer sur le monde la Victoire du Ressuscité et envelopper l’univers de sa grâce sanctifiante, de la puissance divine, de l’amour trinitaire. Source et sommet de la foi dans l’amour !

  1. 3. Conclusion : la vérité vous rendra libre !

Les disciples ont assisté à un Événement unique de notre histoire : Dieu se donne par son Fils qui meurt et ressuscite pour la vie du monde. Événement historique mais spirituel et cosmique qui féconde le visible de la force divine invisible.

Les disciples ont reconnu le Seigneur à la fraction du pain, comme un corps se reconnaît et un cœur palpite à la vérité et à la beauté. « C’est vrai, Le Seigneur est ressuscité » et nous sommes son Corps.

Père Francis

 

This entry was posted in 2014, Français, Pâques, Père Francis. Bookmark the permalink.