ORDINAIRE 14 A

« Venez à moi »

(Mat 11, 25-30)

Il y a bien des choses qu’on peut retenir de Jésus. Son enseignement est riche et plein de dynamisme. Il veut nous rapprocher du Père et faire de nous des fils /filles. Il utilise tous les moyens de la rhétorique (paraboles, exhortation, conseils…) pour nous atteindre mais plus encore, son exemple, sa compassion, sa tendresse nous vont droit au cœur. Comment témoigner que Dieu nous aime ? Les discours sont nécessaires mais insuffisants. Ils cherchent à convaincre la raison et l’intelligence mais nous ne sommes pas que raison, nous avons un cœur, une âme, une conscience. Jésus vient nous chercher à ce niveau, sans violence, sans s’imposer. Il rejoint nos désirs les plus profonds. Il touche les cordes de l’être. Il parle au cœur. En effet, Jésus est le Fils incarné. Vrai Dieu, il nous connaît par création. Vrai homme, il nous reconnaît par nature. Il sait et vit ce que nous vivons. Il comprend qui nous sommes parce qu’il l’est lui-aussi. Sa divinité vient toucher son humanité, sans la brusquer ou la violenter. Elle élève notre humanité à son maximum pour enfin atteindre le Père. Le chemin qui nous est donné est tracé : partir de ce que nous sommes, le purifier, le transfigurer pour devenir ce que nous sommes, des fils de lumière appelés à la gloire et à la communion trinitaire. Le cœur « doux et humble » de Jésus est notre chemin vers le cœur du Père dans l’Esprit.

  1. 1. La tendresse du Fils.

L’Évangile nous montre un Jésus plein de compassion et de bonté. Son regard parle. Ses gestes guérissent. Sa parole libère. Sa présence bénit. Même son ombre est bénéfique pour qui croit. Il montrera aussi sa passion et son dynamisme, son horreur du péché mais non du pécheur, son refus de l’hypocrisie  et de la manipulation religieuse. Jésus sait écouter et consoler. Il sait ce qu’il y a dans le cœur des hommes et femmes qu’ils rencontrent. Il pleure et se réjouit. Il glorifie Dieu et le retrouve dans la prière. Le suivre, c’est avancer vers la vie. L’écouter, c’est entendre le Père. L’aimer, c’est entrer dans la grande aventure trinitaire.

Le Christ guérit : a-t-on vu prophète plus proche des gens que Jésus ? A-t-on vu un cœur plus compatissant ? Voici Jésus qui traverse les campagnes et les villes et qui guérit les corps et les cœurs. Sa tendresse est immense devant la détresse humaine. Il n‘est pas un magicien, il rejoint la douleur et la soulage, il touche les corps meurtris et les apaisent, il comprend les cœurs brisés et panse leurs plaies. En guérissant, le Christ nous montre le Père, celui qui veut le bonheur de ses enfants et qui intervient dans l’histoire pour proposer l’Alliance. Il n’y a pas de donnant-donnant, il n’y a que de la tendresse. L’échange religieux mercantile entre Dieu et l’homme est aboli.

Le Christ pardonne : a-t-on vu un Dieu plus prompt à pardonner ? L’Ancien Testament en témoigne déjà mais la Nouvelle Alliance est enracinée dans le sang du Christ qui obtient le pardon définitif des péchés. Le Christ démontre par son pardon la tendresse de Dieu et personne n’est trop loin pour être pardonné. Tout homme est attendu et pardonné s’il le veut. L’Évangile regorge d’exemple de pardon responsable et accepté. Le pardon ouvre un chemin d’avenir et détruit les chaines du passé. Il rafraichit la vie en y insufflant la grâce.

Le Christ relève : a-t-on vu homme plus empressé de mettre son prochain debout, de rendre la dignité, de relever la tête de l’accablé ? C’est le Christ de Dieu qui s’empresse de montrer le Ciel et qui relève l’effondré. Sa tendresse est repos et son cœur donne vie. Le Christ connaît nos limites et nos déboires, nos compromis et nos voies-sans-issues. Il indique un chemin de libération en rétablissant notre humanité blessée, en lui rendant sa dignité. Le Père ne veut pas d’un peuple à terre mais d’un peuple en marche vers la terre promise, vers les verts pâturages, vers sa Maison. Il veut un peuple de fils et filles libres en vérité.

Le Christ aime : a-t-on vu un amour plus grand ? Beaucoup ont donné leur vie pour de bonnes causes, pour leur famille, pour leur patrie, pour la vérité. Le Christ se donne pour le salut de tous, non par principe, protestation ou idéologie… mais par amour, un amour qui rejoint l’amour créateur et le sens de l’existence. L’amour du Christ nous introduit dans l’amour du Père, son cœur est tendresse comme celui du Père. L’amour du Père et du Fils rejaillit en nous par l’Esprit d’amour. C’est toute le Trinité qui aime par le cœur de Jésus !

Parler du Fils, c’est déjà parler du Père. La tendresse si humaine du Fils est rendue divine. Elle dit quelque chose de la tendresse du Père pour nous. Regarder le Christ Jésus, c’est voir le Père en action, c’est découvrir l’Esprit d’amour en nos cœurs.

  1. 2. La tendresse du Père.

Le Père a caché ses choses aux « sages et aux savants » car elles parlent au cœur et à l’expérience humaine. Certes, rationnaliser n’est pas interdit et la théologie s’en charge. C’est l’expérience spirituelle qui aidera à trouver en nos vies une présence, cette flamme allumée le matin de Pâques, cette grâce obtenue en la Résurrection glorieuse du Fils. Il est l’image du Dieu invisible, le Premier né, le Fils bien aimé. Sa tendresse filiale est tendresse paternelle car tendresse divine.

Le Père aimant : finalement, Jésus n’est-il pas venu nous annoncer cette bonne nouvelle d’un Dieu d’amour ? Toute sa vie, sa mort et sa Résurrection sont ‘témoignages’ de cette vérité. Dieu aime et il envoie son Fils, il accueille le sacrifice du Fils, il ressuscite le Fils. Le Dieu Un est aussi le Dieu Trine. Le Père est Père du Fils Unique dans l’unité de l’Esprit. Et si Dieu est Trinité, il est communion, c’est dire qu’il est amour. La Bonne Nouvelle, c’est cet amour trinitaire qui a créé, recréé et qui nous attend. La mission du Christ est de dire toute la tendresse « du Père et du Fils et de l’Esprit », de nous inviter à la communion.

Le Père accueillant : annoncer cette Bonne Nouvelle, c’est aussi appeler à l’intégrer dans le quotidien, à la recevoir dans nos cœurs, à la vivre dans nos relations, à l’accueillir humblement.  On n’est pas devant un théâtre, aussi beau soit-il, spectateurs d’un drame divin qui se joue sans nous. Nous sommes participants de ce drame divin qui est aussi existence trinitaire et communion éternelle. La tendresse exprimée par le Christ est celle du Fils et cette tendresse du Fils est reflet de la tendresse du Père. C’est l’Esprit Saint qui en témoigne dans nos cœurs aimants.

  1. 3. Conclusion : amour dans l’Esprit Saint.

Le Christ nous invite à la rencontre dans la joie de l’être pardonné et aimé. « Venez à moi ! »

La tendresse du Christ est tendresse du Père dans l’Esprit. Son cœur aimant est notre chemin vers le cœur du Père pour plonger dans l’amour trinitaire. « Je suis doux et humble de cœur ».

p. Francis

This entry was posted in 2014, Année A, Français, Ordinaire II, Père Francis. Bookmark the permalink.