ORDINAIRE 16 A

« Les justes resplendiront comme le soleil dans le règne de leur Père »

(Mat 13, 24-43)

Il suffit de regarder autour de nous pour constater la présence du mal dans le monde. Les journaux nous rapportent son œuvre et choquent notre conscience. Comment Dieu permet-il tout cela ? Pourquoi tant de mal et de violence alors que le Christ est vainqueur en sa Résurrection ? Le mal n’a-t-il pas été vaincu sur la croix ? L’Apocalypse rapporte le combat ‘à mort’ du bien et du mal tout en affirmant la défaite du mal et la lumière du bien. Ce combat s’en ressent jusqu’en nos cœurs bien souvent partagés, compromis, faibles. « L’Esprit vient en aide à notre faiblesse » dit St Paul (Rom 8, 26). En effet, on a bien besoin de sa présence pour s’armer, se mettre en position de combat et se battre jusqu’au sang, comme le Christ. Le Christ a vaincu la mort et le mal, il est victorieux mais le combat se poursuit contre des forces déchainées qui, plus que lutter contre nous, s’en prennent au Créateur et à son amour pour nous. Finalement c’est l’amour qui est combattu et même perverti car c’est l’amour qui sauve et qui est éternel. Aimer ou refuser d’aimer, voilà le combat à mort à la suite du Christ.

1. Créés dans le bien.

Il faut bien le réaffirmer, sans tomber dans un idéalisme enfantin : l’homme est créé bon par Dieu et préparé à la rencontre de son Créateur. Cette bonté est en nous et c’est l’amour qui l’exprime. Etre bon ne signifie pas être tout puissant. L’homme reste un homme avec ses faiblesses et ses désirs. Les faiblesses sont ses limites ‘naturelles’ mais peuvent être utilisées contre lui au lieu de servir à son humilité et à la reconnaissance de sa dépendance originelle. Les faiblesses peuvent être un tremplin vers Dieu et donc la reconnaissance de son humanité limitée ou un obstacle quand on refuse d’être limité, dépendant, quand on refuse tout simplement d’être un homme, comme Adam dans son péché originel si maladroit et stupide. La liberté vient ici compromettre ou relever la nature humaine.

Dieu est bon : le Dieu bon ne peut créer que du bon. La création est bonne et se trouve en attente d’accomplissement. La créature est bonne et attend sa plénitude en Dieu. Le monde en soi est bon et reflète la bonté et la beauté divine. Dieu peut-il créer le mal ? Le mal ne se crée pas de lui-même, il n’est pas son propre créateur ou son origine sinon il serait dieu. Le mal serait plutôt  le ’non Dieu’, l’absence de Dieu, l’absence d’amour, la part sombre de la lumière ou le refus de la lumière. Il est bien difficile de tenir ensemble le Dieu bon et la présence du mal mais on doit tenir cela par les ‘deux bouts’ pour ne pas pervertir la révélation et la suprême vérité du Dieu biblique : Dieu est amour (1 Jean 4, 4).

L’homme est bon : l’homme est créé bon à « l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1). « Homme et femme, il les créa » : l’altérité, la différence ne s’opposent pas à la divinité. C’est dans la différence des sexes et leur complémentarité, que l’image de Dieu se retrouve. L’humanité est un chemin vers Dieu car l’image reflète le Créateur. L’homme est bon et libre comme son Créateur. Il est cependant responsable de ses choix et de son orientation. La création lui est soumise mais pour y trouver son Créateur comme aussi sa subsistance. La faiblesse n’est pas un péché mais une limite qui rappelle l’humanité et sa précarité. La faiblesse n’empêche pas de rejoindre le Créateur, au contraire, elle en est un chemin conséquent car « quand je suis faible c’est alors que je suis fort » en Christ. L’homme et la femme se rencontrent pour trouver Dieu. Leur union est signe de l’amour divin. De plus, le Fils, prenant notre chair, a sanctifié notre humanité. Pouvait-il s’incarner dans une chair mauvaise même si pervertie par le péché ? La chair n’est pas mauvaise mais peut le devenir. Elle est aussi un chemin vers Dieu depuis l’incarnation.

L’humanité est libre : Dieu aurait-il créé des esclaves sujets de ses caprices ? Il y a ici des représentations païennes du divin dont il faut se défaire. Dieu crée l’homme « à son image » pour sa gloire. Il en fait des fils/filles en son Fils Unique. L’image réelle est la filiation qui devient identité et existence en Christ. La condition de l’image réelle est la liberté car Dieu rend libre comme il est libre. La liberté est un don divin qu’il faut maintenir et préserver. Elle est responsabilité et exigence. Elle n’a rien du « fais n’importe quoi » mais elle a tout du « aime et fais ce que tu veux » (St Augustin).

Alors qu’on affirme la bonté de Dieu, la présence du mal nous saute aux yeux. C’est la conséquence de la volonté divine de créer des êtres libres à son image. L’homme utilise sa liberté et parfois en fait mauvais usage. C’est pourtant la condition pour former des êtres qui deviendront des fils/filles libres. En peut-il être autrement ? A moins de vouloir faire des hommes des serviteurs, des soumis, des irresponsables, des enfants qui ne deviendront jamais de véritables fils/filles en Christ. La liberté a un prix qui se dévoie bien souvent malheureusement.

2. Présence du mal.

Il est surprenant dans l’Évangile du jour que les disciples demandent à Jésus de leur expliquer la parabole de l’ivraie et non du bon grain. Il est vrai qu’on a tendance à voir le mal plus que le bien qui croît sans éclat et dans le silence. Le bien existe pourtant et Jésus le voit, comme le Père y voit déjà les promesses de notre salut. Le mal ne doit pas faire disparaître la vérité et la bonté, les signes d’espérance et de respect, la levure qui fera monter la pâte toute entière.

Le mal, conséquence de nos choix mauvais : on peut affirmer que souvent le mal est la conséquence de nos choix, de nos mauvais choix ou de notre liberté pervertie. Les choix que nous faisons sans amour ou sans réflexion, mauvais choix quand nous nous trompons d’objet d’amour, liberté pervertie quand nous voulons consciemment le mal et refusons le bien. Le non-amour se transforme souvent en mauvais. Le mauvais-amour se transforme en catastrophe.

Le mal et le Mauvais : on doit réaffirmer la présence du mauvais, du tentateur, du démon. Ange perverti et rebelle, il s’oppose à Dieu et à son dessein et fera tout pour contrecarrer le salut de l’homme. Usant de ses faiblesses, il emmène l’homme dans des voies sans issue. Tentant l’homme, il lui promet merveilles par ses mensonges. Pervertissant l’homme, il lui montre un monde meilleur qui n’existe pas. Les Tentations de Jésus au désert sont la meilleure illustration de ses manigances. Le démon existe pourtant même si notre raison répugne à penser son œuvre ou même son existence. Jésus nous a mis en garde : « l’ivraie sont les fils du malin et celui qui l’a semé c’est le diable ».

3. Conclusion : l’amour nous sauve !

Nous croyons que l’homme est créé bon et libre à l’image de son Créateur.

Nous croyons que le mal est la conséquence de ses mauvais choix ou de sa liberté pervertie. Le Malin s’immisce dans ses faiblesses et promet en mentant. Le Christ est vainqueur et établira la vérité.

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