ORDINAIRE 4 B

« Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu »

(Marc 1, 21-28)

En suivant Jésus, nous découvrons sa mission mais surtout son identité. N’est-ce pas l’objectif des Évangiles que de nous mettre devant ces réalités ? Il proclame la Bonne Nouvelle, la nouvelle de l’amour de Dieu pour tous et la possibilité du salut. Cette Bonne Nouvelle se concrétise en sa Personne, Verbe de Dieu et Reflet du Père. Tout ce que fait Jésus nous concerne et nous enseigne. Nous sommes concernés par ses paroles de vie et de lumière qui deviennent alors Parole de Dieu. Nous accueillons ses gestes prophétiques qui bouleversent notre approche trop complaisante des choses. L’enseignement est fort, profond et dynamique. Il touche notre vie et notre relation à Dieu. Avec « autorité », Jésus nous entraîne au cœur du mystère, celui de l’amour donné et partagé, de l’amour qui élève et dynamise, celui de la communion trinitaire. Le prophète Jésus se détache de l’action traditionnelle des prophètes pour montrer une originalité qui n’est pas passée inaperçue. On sent une vitalité et une nouveauté qui questionnent et qui étonnent. Jésus est vraiment l’Envoyé qui met en présence de Dieu. Même les démons s’en aperçoivent : le Saint est parmi nous !

  1. 1. Paroles et signes : enseignement nouveau.

Qu’est-ce qui fait de Jésus un être exceptionnel et même original ? Ne s’inscrit-il pas dans la continuité de l’Ancien Testament ? A-t-il quelque chose de nouveau à dire ? On s’interroge sur cet homme reconnu Fils de Dieu. On n’a pas fini d’approfondir son mystère comme son message.

Paroles nouvelles : oui, Jésus s’inscrit dans la continuité de la Loi et des Prophètes. Il s’appuie sur cette richesse et son dynamisme. Mais, à son époque, n’a-t-on pas enfermé Dieu dans son Temple et sa Loi n’a-t-elle devenu oppressive ? La sclérose est une maladie de la religion. L’immobilisme tue le dynamisme intérieur de la foi et de l’amour. Jésus va secouer cette situation pour redonner à la Loi sa liberté et au culte sa vitalité. Dieu se révèle et cette révélation est joie et nouveauté. Jésus avec autorité, et non pas autoritarisme, redonne à la relation audace et énergie. Quand il s’agit d’amour, l’avenir s’ouvre et le bonheur arrive. Quand il s’agit de l’amour divin, la communion s’annonce et se vit. Les paroles du Christ sont paroles de vie éternelle : elles sont la Parole, Sagesse divine qui crée et recrée, qui modèle et transfigure, qui porte et transforme les créatures en fils et filles de lumière.

Gestes nouveaux : oui, Jésus s’inscrit dans les gestes prophétiques de l’Ancienne Alliance. Ses gestes pourtant ouvrent le Ciel, découvrent le cœur, alimentent la vie. Ses gestes touchent nos entrailles en attente d’amour et notre être en élan vers le transcendant. Ses gestes sont des portes sur l’éternité et sur le Cœur du Père dans le dynamisme de l’Esprit Saint. On aura compris qu’un miracle ne se limite pas à son aspect ‘matériel’ mais qu’il devient signe pour les croyants, signe d’une Présence qui dit l’amour, signe d’un Autre nous indique le chemin vers Lui. Parole et geste s’accompagnent pour que l’œuvre soit complète. Nos sept sacrements sont toujours formés d’une parole et d’un geste, pour que la grâce se transmette et donne la vie efficacement, en abondance. La matière est alors le lieu de l’Esprit. L’Église s’inscrit dans cette continuité !

Identité révélée : il est étonnant que l’esprit impur de l’épisode biblique du jour fasse une profession de foi : « Tu es le Saint de Dieu ». Avec humour, on dira que les démons sont des croyants mais qu’ils s’opposent à l’amour gratuit du Père pour ses enfants en Christ. Ils reconnaissent la force de Jésus et, bien plus, ils professent son identité. Les personnes présentes à la scène d’exorcisme ne se trompent pas : étonnés par l’enseignement, ils le sont encore plus par l’affirmation de l’esprit impur. Dieu n’est-il pas dans son Temple même s’il est le Créateur ? Le Saint n’est-il pas le Dieu d’Israël dont on ne peut même pas prononcer le Nom ? La Voix venant du Ciel au baptême de Jésus (« Tu es mon Fils bien-aimé »), les paroles étonnantes d’Elisabeth apercevant Marie (« la mère de mon Seigneur ») et bien d’autres moments de révélation pour aboutir à celle des démons qui reconnaissent Jésus comme « le Saint ». De quoi frémir, de quoi s’interroger !

Les gens de Capharnaüm se questionnent : un enseignement nouveau donné avec autorité ! Du nouveau : l’amour gratuit du Père. Avec autorité : la conviction du Fils parlant du Père. Puis vient cette révélation d’un esprit impur dont on ne peut soupçonner le parti pris : « le Saint de Dieu ». Voici que Noël se poursuit et va s’épanouir à Pâques.

  1. 2. Retrouver son harmonie intérieure.

La scène d’exorcisme nous laisse songeur. Certes, le Christ est puissant, il est du côté de Dieu et s’opposera aux forces du mal. Ces forces du mal vont tenter de le détruire mais surtout de détruire sa relation harmonieuse d’avec le Père. Elles croiront gagner le Vendredi Saint mais seront défaites ce même vendredi illuminé par le dimanche de Pâques. Ce monde rebelle est actif pour déséquilibrer le monde et diviser le cœur de l’homme. L’histoire humaine est la triste illustration de son œuvre. L’esprit impur divise. L’Esprit Saint unit.

Nous sommes malheureusement divisés : notre vie est faite de désordres er de divisions. Elle a bien des difficultés à harmoniser ce qui la compose. Elle s’oppose à la raison, parfois au bien, souvent à l’harmonie. « Le cœur de l’homme est compliqué et malade » dira Jérémie (17, 9) et St Paul renchérit en constatant que nous faisons le mal que nous détestons sans faire le bien que nous souhaitons. Il faudra une vie entière pour trouver l’équilibre voulu et la puissance de l’Esprit pour y arriver.

Nous sommes heureusement unifiés : notre vie tend vers l’unité et l’harmonie. Comme la Trinité est Une dans la diversité des Personnes Divines, l’homme peut être un dans la diversité de ce qui le compose. L’Esprit est l’unité d’amour du Père et du Fils. Il est l’unité de notre vie par l’amour du Père et du Fils. En fin de compte, la vie spirituelle est cette recherche d’unité personnelle qui porte à l’unité avec les autres par l’unité trinitaire en nous. Quand la Trinité Sainte s’invite en nos cœurs pour y faire sa demeure, l’harmonie est possible car le « Trois fois Saint » est présent et chasse le diviseur.

  1. 3. Conclusion : l’amour nous unit à Dieu.

Jésus parle avec autorité : il la tient de son Père car il est sa Parole. Il la tient de son identité car il est le Fils de Dieu. Il la tient de son unité intérieure car il est Homme et Dieu.

Jésus donne un enseignement nouveau : il parle à partir du Cœur du Père car il en connaît  la volonté.  Il parle de ce qu’il connaît puisqu’il vient du Père. Il parle avec sagesse car il confirme et même dépasse les prophètes.

Jésus chasse les démons : il extirpe ce qui nous divise. Il guérit ce qui nous blesse. Il transfigure ce qui est sain. Il sanctifie ce qui est digne du Père. Il donne l’Esprit qui harmonise nos vies et les plonge dans l’amour trinitaire, véritable Unité et véritable Bonheur.

Père Francis

 

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