CAREME 3 B

« Mais lui parlait du sanctuaire de son corps »

(Jean 2, 13-25)

Après le désert puis la montagne, nous voici à Jérusalem dans le temple. Jésus y chasse les vendeurs voulant restituer au lieu saint sa dignité et sa pureté originelle. Cette « maison de prière » est un lieu central pour la foi d’Israël, un lieu symbolique et sacré. Situé à Jérusalem, la capitale de David, ville de la paix et centre religieux du pays, le temple préserve les Tables de la Loi données à Moïse. Il concentre les sacrifices prescrits, le culte du Dieu unique. On y explique la Loi. On y rencontre Dieu. Avec le temps, ce lieu sacré devient un lieu de commerce (Il faut bien vendre les animaux du sacrifice !), une banque (on y change la monnaie et on y gère les dons et les impôts religieux) mais aussi un lieu de discussion et de controverses. Les « partis religieux » s’y affrontent. Les conservateurs et les libéraux s’y battent. Les purs et les collaborateurs s’y disputent. Jésus veut revenir au lieu de prière et de la rencontre. Ce lieu sera temporaire puisque  bientôt il deviendra inutile. Il sera même détruit par l’armée romaine en l’an 70 de notre ère. Le culte va se déplacer et se spiritualiser. Le Corps ressuscité du Christ devient le vrai lieu de culte, le vrai lieu de la rencontre, l’accès au Père et le dispensateur des dons de l’Esprit. On passe à la Nouvelle Alliance en Jésus- Christ, le Fils unique du Très-haut. Homme et Dieu, il est celui qui ‘relie’ (religion) la Terre et le Ciel.

  1. 1. Le Corps ressuscité du Christ.

Ce nouveau temple qui sera rebâti en 3 jours, c’est bien son corps. Anticipant la Passion par ces paroles, Jésus nous introduit dans le mystère de la Croix et de la Résurrection, passage, pâque et dynamisme divin. L’Incarnation a préparé notre chair au ‘choc pascal’, à la rencontre du divin. La croix va purifier notre esprit et notre âme de toute souillure et de tout péché. La Résurrection va parachever l’œuvre de Dieu en transfigurant, transformant, adaptant, divinisant notre être pour une communion possible et véritable avec la Sainte Trinité. Le passage obligé est le corps ressuscité du Christ, vrai pont et vrai chemin vers le Père.

Dieu et Homme : l’unique Personne du Verbe est notre lieu de vie. Homme, il assume notre vie humaine et notre chair limitée. Il reprend notre nature pour y insuffler sa vie divine. L’humain acquiert une dignité inégalée que  même la création ne pouvait assurer. La dignité humaine vient du Dieu créateur et c’est déjà énorme. La dignité humaine acquiert une dignité nouvelle par l’incarnation du Fils. Vrai Dieu, le Christ accepte ‘d’amoindrir’ la splendeur de sa divinité pour nous rejoindre (en théologie, on parle de kénose). Dieu se met à notre niveau pour partager ce que nous sommes et l’assumer. Jésus le Christ est le temple de la rencontre.

Chair transfigurée : en assumant notre humanité, le Christ rend notre chair apte au divin. De fait,  nous sommes limités et contingents. On assume cette réalité dans le quotidien et bien des déboires viennent du refus d’accepter nos limites. Nous refusons d‘être des êtres limités et nous rêvons de puissance et d’immortalité. C’est là, au cœur de nos vies mortelles, que va surgir l’éternité. C’est dans ce qui est le plus faible que va surgir la puissance divine. C’est dans notre chair destinée à disparaître que va jaillir la vie éternelle. La Résurrection est cette ‘violence divine’ que nous redoutions mais qui va nous apaiser en douceur, dans l’amour. Jésus le Christ est ce temple, ouverture sur le Divin.

Personne filialisée : s’accepter créature est déjà une étape spirituelle importante.  Devenir fils/fille est l’étape fondamentale de notre spiritualité. Être homme ou femme est une réalité expérimentale. Être fils ou fille de Dieu est une réalité ontologique. L’humain rejoint le divin dans la filiation. Nous sommes vraiment homme/femme quand nous sommes fils/fille de Dieu. C’est la Bonne Nouvelle, c’est l’Évangile, c’est la Révélation ultime. Notre personne s’humanise quand elle se filialise.  Jésus le Christ est le temple qui propose  de devenir ce que nous sommes.

Communion trinitaire : croire en Dieu est une bonne chose mais reste insuffisant. Entrer dans le mystère trinitaire est la voie royale pour comprendre, toucher, communier. Le Dieu révélé en Christ est Père, Fils et Esprit. Parce qu’il est Trinité, il est amour. L’amour introduit à la vie trinitaire. La vie trinitaire produit l’amour. Créés dans l’amour et sauvés par l’amour, nous vivons dans l’amour pour joindre l’amour trinitaire. L’amour trinitaire explique l’amour humain et l’élan mystérieux mais dynamique de notre vie. L’amour humain est la porte d’entrée sur l’amour trinitaire. De la Trinité, nous allons à la Trinité. Jésus le Christ est le temple de la communion.

Le Corps ressuscité du Christ est notre lieu de culte, le temple nouveau, la tente de la rencontre dans laquelle la Loi et le culte se célèbrent pour la vie de l’homme filialisée.

  1. 2. Le Christ ressuscité, lieu d’adoration.

L’Alliance nouvelle nous met en relation avec Dieu le Père par le Fils dans l’Esprit. Tout est trinitaire car la Trinité est Une et dans la Trinité, chaque Personne Divine s’ouvre à l’Autre dans l’amour et pour le salut et le bonheur de l’homme. Si le Père engendre le Fils et que le Père et le Fils spirent l’Esprit, alors nous entrons dans ce dynamisme par le Christ, vrai Dieu et vrai Homme.

Jésus le Christ, lieu de culte : on a accès à Dieu par le Christ ressuscité. Le lien avec le Christ est ontologique puisqu’il a pris notre chair et l’a transfigurée. Sa chair ressuscitée est notre chair par le baptême et la confirmation. Nous goûtons à sa chair dans la communion eucharistique et vivons de sa chair dans l’Église, Corps mystique du Christ. Note culte est christique dans l’Esprit. Nous adorons Dieu par le Corps ressuscité du Christ. Pâques est donc la fête des fêtes. Le carême nous y prépare.

Jésus le Christ lieu d’adoration : créés à l’image de Dieu, notre adoration est justice. Elle atteint sa perfection dans le Christ, Fils de Dieu. C’est par lui que notre prière est accueillie, que notre amour est accepté, que notre adoration nous met en communion. C’est par lui seul que Dieu accepte l’adoration. Chrétiens, nous en sommes témoins. Les non-chrétiens y participent à leur manière, dans l’obscurité de leurs rites et l’ignorance de leur doctrine. Ils sont enveloppés de la même lumière même s’ils l’ignorent. Le Christ les assumera à sa façon dans le clair-obscur de leur conscience. Nous chrétiens, sommes les heureux dépositaires de cette révélation et les joyeux disciples du Christ qui sauve mais surtout les bienheureux fils et filles du Père éternel dans le don de l’Esprit par le Corps ressuscité du Fils. Pâques est notre espérance. Le carême nous y prépare.

  1. 3. Conclusion : nous sommes le temple de l’Esprit.

En nettoyant le temple, Jésus annonce le nouveau Temple, son Corps ressuscité.

En ressuscitant, Jésus le Fils devient le passage obligé de notre culte et de notre adoration. En lui seul, nous atteignons le Père par l’Esprit. En lui seul, l’amour est déployé pour filialiser les hommes et les femmes croyants, appelés à la communion trinitaire. Pâques nous en assure la vérité.

P. Francis

 

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