CAREME 4 B

« Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé… »

(Jean 3, 14-21)

Le carême poursuit sa réflexion et nous entraîne vers Pâques. La Semaine Sainte sera le moment culminant de notre attente. En effet, le Christ se donne et s’avance vers le don total. Il sera crucifié pour expier nos fautes et ressuscitera pour nous obtenir la vie nouvelle en la Trinité Sainte. Nous progressons vers la croix mais surtout vers la lumière pascale qui fera de nous des fils et filles du Père dans l’Esprit Saint. Le carême se veut ce temps de préparation mais aussi de conversion pour accueillir la lumière du Christ. Nous vivons dans les ténèbres quand nous refusons le Christ crucifié et ressuscité, quand nous marchons dans le doute, quand nous consentons au péché. La lumière nous est donnée pour devenir ce que nous sommes, pour communier à l’amour trinitaire, pour vivre éternellement dans la joie du Père, du Fils et de l’Esprit. La croix est le signe d’amour donné par le Père pour accueillir les croyants devenus fils et filles, aptes à la communion.

  1. 1. La croix, signe du salut.

Nicodème se pose la question de la nouvelle naissance. Il interroge Jésus et comprend bien que cette nouvelle naissance n’est pas que spirituelle. Elle concerne l’être. Elle renverse les conceptions timides. Elle touche la personne dans ce qu’elle a de plus profond. Elle atteint Dieu. La nouvelle naissance demande purification et transformation. C’est une transfiguration qui identifie au Christ Fils de Dieu. Nous naissons à notre nouvelle identité qui nous plonge dans le mystère trinitaire. La croix est le passage obligé de cette transformation car elle est signe de salut malgré sa contradiction et  son horreur.

Le dernier signe : le premier signe de Cana, l’eau changée en vin, avait introduit Jésus dans sa mission. Marie avait ‘provoqué’ Jésus. Plus qu’un miracle, Cana sera le signe messianique des épousailles du Christ avec cette humanité en attente de salut. Le vin sera bon et abondant. Le dernier signe sera la croix. Marie est là, encore. Au pied de la croix, elle recevra une maternité universelle en devenant la mère du disciple bien-aimé, des disciples, de l’Église. La croix est le signe qui accomplit l’œuvre du Christ, le ce pourquoi il est venu, le sommet de sa vie terrestre. Du haut de la croix, il embrasse l‘univers et attire tout à lui. Signe contradictoire mais signe de ralliement. Signe surprenant mais signe apaisant. Le crucifié interroge le monde, il est signe du Père pour une humanité déshumanisée mais appelée à revenir à lui. Seul l’amour comprend cette folie !

Le signe du don de soi : le Christ s’est donné durant sa vie. Son incarnation a été une kénose, un dépouillement, un amoindrissement de sa divinité pour rejoindre notre humanité. Sa vie a été un appel, un don, un signe. Ses paroles et ses œuvres ont eu une portée particulière dans les cœurs attentifs à l’amour. Le dernier signe est un don total de soi, une offrande au Père, un sacrifice. Sacrifié au moment du sacrifice des agneaux pascals dans le Temple, il assume tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance et se présente comme l’Agneau sans tâche, sans défaut, agréable à Dieu. En lui, le don est total. En lui, Dieu trouve sa joie. En lui, nous sommes sauvés.

Le signe de l’amour : la croix nous surprend  et nous répugne. Sa violence est extrême. Sa portée symbolique est forte. Son efficacité est puissante. Fallait-il en arriver là ? Fallait-il que le Christ souffrît à ce point pour nous sauver ? Porter tout le péché du monde l’aura accablé au plus haut point. Il devient le condamné, le maudit pour nous obtenir le salut. Alors que le péché par nature sépare de Dieu, celui qui ne peut être séparé de Dieu, le Fils, prend sur lui ce malheur. C’est dire jusqu’où l’amour peut aller ! C’est dire tout le drame vécu par Jésus !

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle » (Jean 3). C’est clair ! Dieu nous aime au point de nous donner ce qu’il a de plus cher. Dieu nous aime au point de sacrifier son Fils. La croix nous obtient le pardon et ouvre le chemin vers Dieu. La Résurrection nous ouvre le Ciel et permet la communion. La foi est nécessaire pour obtenir la vie éternelle acquise par le Christ. Le carême nous convertit à cette puissance d’amour qui nous introduit dans le cœur de la Trinité.

  1. 2. La croix, signe de lumière.

Alors qu’on pourrait rester sur un sentiment d’amertume face au sacrifice du Christ ou sur une interrogation, voici que la croix se fait glorieuse et lumineuse. D’elle partent les sources d’eau vives qui fécondent le monde et emportent les hommes et les femmes dans les flots de l’amour divin. La lumière a jailli à Bethléem. Elle s’est répandue depuis Nazareth. Elle a illuminée Jérusalem. Du Calvaire, elle éclaire la terre entière et se répand dans l’univers. Nous sommes emportés par sa puissance et transformés par son dynamisme. Nous la portons comme un signe de victoire et de grâce.

La croix, une grâce : le crucifié nous redit l’amour de Dieu. Il ouvre ses bras pour accueillir tout homme. Il lave tout péché. Il obtient le pardon. Il purifie nos esprits, nos âmes et nos corps. Il nous bénit par son sang répandu. La grâce est donnée à qui voit en lui le Sauveur et le Seigneur. Sauveur unique du genre humain par son sang et son amour. Seigneur unique qui se révèle Fils de Dieu par le don de lui-même dans l’Esprit. La croix est source de grâce !

La croix, une lumière : le crucifié est lumière pour l’humanité. Il dénonce notre péché et nos compromis avec le mal. Il détruit les liens d’esclavage que nous avons établis. Il renverse les constructions intellectuelles stériles. Il perce nos ténèbres par son amour. Il défait Satan et ses œuvres de destruction et de mensonge. La lumière peut enfin luire dans ce monde enténébré. Il aura fallu l’amour du Fils et du Père, la puissance de communion de la Trinité, l’action de l’Esprit Saint pour faire d’un instrument de torture un instrument de salut, pour faire jaillir de la mort la vie éternelle, pour faire d’un cri de détresse un cri de victoire. Il aura fallu tout l’amour divin pour rétablir la beauté. La croix est source de lumière !

  1. 3. Conclusion : l’amour nous sauve.

Le carême nous prépare à affronter les contradictions apparentes de la croix. L’instrument de mort est source de vie. Croire donne la vie éternelle.

Le carême nous introduit dans le mystère de la croix. Elle sera source de lumière par la puissance de l’Esprit Saint. Elle ouvre sur la Résurrection.

Le carême transforme notre vie pour passer des ténèbres à la lumière divine. Non pas jugés mais justifiés en Christ, nous revivons avec le Christ, grâce à la miséricorde et au grand amour dont Dieu nous a aimés. Avec le Christ nous ressuscitons et avec lui, nous régnons aux Cieux. C’est bien par la grâce que nous sommes sauvés (Eph2, 4-10).

Père Francis

 

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