PÂQUES

« Le premier jour de la semaine… »

(Jean 20, 1- 9)

Il est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Ce chant de victoire est devenu la première annonce chrétienne, le kérygme. C’est l’annonce pascale qui parcourt le monde depuis 2000 ans et qui ne cesse de susciter joie et espérance. Dans ce monde perdu, elle retentit comme un cri de contestation, comme une révolte, comme un engagement. Contestation des choix douteux de l’humanité matérialiste et athée ! Révolte devant tant de haine, d’injustice, d’ignorance ! Engagement pour plus d’humanité, de spiritualité, de transcendance. La Résurrection du Christ est la réponse du Père aux attentes du Fils et aux questions des hommes. Elle resplendit comme une lumière qui perce l’univers, qui transforme les cœurs et qui transfigure les corps. Elle jaillit comme une fraicheur dans un monde insipide, décoloré, en perte d’identité. Elle revitalise un univers en extension, une nature en mouvement, une humanité en perte de vitesse. Elle dynamise nos esprits aguerris, nos âmes enténébrés, nos corps endormis.  Car le Christ est ressuscité, foi des croyants, espérance de monde. Il jaillit du tombeau comme l’amour jaillit du cœur du Père. Il enlace l’univers comme la tendresse de l’Esprit enveloppant la création. Il annonce la miséricorde comme une promesse à jamais acquise. Le Christ dévoile sa divinité pour en revêtir notre humanité. Il transfigure notre chair pour y insuffler le divin. La Résurrection est le cœur de notre cœur, l’amour de notre amour, l’espérance à jamais inébranlable. La vie est notre futur car Dieu est vie et amour.

  1. 1. La lumière sur le monde.

Les évangiles s’étonnent au matin de Pâques. Les Lettres de St Paul parachèvent la réflexion. Pierre et les autres proclament l’incroyable. Le livre d l’Apocalypse en exprime toute la pertinence. Le Passage de Jésus de la mort à la vie est plein d’espérance et de lumière. Une flamme est déposée en nous et ne pourra s’éteindre. C’est la flamme de l’amour divin qui réchauffe nos cœurs jusqu’en éternité. Elle s’alimente à l’amour trinitaire qui brûle éternellement. Le rayon divin, entrevu à Noël, se répand à l’infini dans l’univers et dans le cœur de l’homme.

Aspects cosmiques : la lumière de la Résurrection traverse l’univers infini pour l’éclairer et le soutenir. L’univers est créé et tout élément créé est en connexion avec les autres. Rien n’est le fruit du hasard ou d’un avancement aveugle. Tout est réglé avec harmonie et détermination. Tout s’achemine vers la plénitude. Tout vient de Dieu et retourne à Dieu. Pâques nous rappelle l’unité fondamentale de l’univers et sa vocation.

Aspect physiques : la lumière de la Résurrection traverse la matière, spécialement notre chair. La matière n’est pas étrangère à l’esprit. Il y a de l’esprit dans la matière. L’esprit accueille cette matière transfigurée et renouvelée. Il y a désormais de l’harmonie entre la matière et l’esprit. Il y a  l’Esprit Saint qui transforme la matière pour la rencontre de la Trinité. Le Corps ressuscité du Christ entraîne avec lui toute chair et la présente au Père pour y établir son Règne éternel. L’Histoire de l’Eglise nous donne de nombreux exemples de saints qui ont su faire transparaître la lumière de la Résurrection sur leur visage, dans leur vie et leurs rapports aux autres et au monde.  Pâques nous rappelle l’unité fondamentale du créé.

Aspects anthropologiques : la lumière de la Résurrection traverse l’humanité comme un courant d’amour. L’homme/la femme n’est pas un être perdu dans l’immensité de l’univers mais un être aimé par Celui qui l’a désiré. L’homme/la femme, digne par sa création à l’image et ressemblance de Dieu, acquiert une dignité plus grande en devenant fils/fille du Père par le Christ dans l’Esprit. C’est désormais sa vocation et son identité. C’est son style de vie, sa spiritualité, son avenir. Pâques nous rappelle l’unité fondamentale de l’être humain et des êtres humains entre eux dans le respect de l’altérité et des différences, dans la vocation commune à la filiation.

La lumière a jailli au matin de Pâques, non comme le réveil d’un dormeur mais comme la transformation du Vainqueur qui partage sa victoire avec la création et avec l’humanité.

  1. 2. La lumière dans nos vies.

« Il vit et il crut » rapporte St Jean (20, 8) du disciple regardant dans le tombeau. Il s’agit bien de voir, de comprendre, de saisir. Il s’agit bien de croire, de faire confiance, de s’engager. Il nous est donné de VOIR l’amour du Père à travers le Fils ressuscité dans l’Esprit. De voir l’invisible. De saisir le non palpable. D’expérimenter dans sa chair la lumière du Ressuscité. Il nous est donné de CROIRE que l’amour est à l’œuvre, que l’espérance dépasse l’entendement, que la relation avec la communion trinitaire est possible et même nécessaire pour devenir soi-même, que Dieu EST.

La flèche qui perce notre cœur : l’iconographie naïve a repris cette image pour exprimer l’amour. Elle vent dire la profondeur du sentiment et de la passion. L’iconographie religieuse en fait une brûlure d’amour qui consume le cœur d’amour divin. Pâques a déposé la vérité de l’amour en nous. Il a atteint la profonde de notre être. La relation avec Dieu se fait dans l’amour comme les relations trinitaires ne sont qu’amour. L’amour est la voie d’accès au divin, notre chemin quotidien, notre raison d’être.

La flamme qui brûle nos corps : impossible de représenter le Corps ressuscité du Christ sortant du tombeau. Il est trop grand, trop beau, trop lumineux. Il est si grand, si beau, si lumineux qu’il nous entraîne dans sa grandeur, sa beauté, sa lumière. Si l’amour brûle nos cœurs, il enflamme nos corps et dynamise l’esprit. Nos corps sont appelés à ressusciter, à la rencontre, à l’éternité. Le Christ s’est fait chair pour que notre chair si faible reçoive l’éternité par sa Résurrection. Avec nos corps transfigurés, unis au Corps ressuscité du Christ, nous pourrons rencontrer le Père et le voir « face-à-face » dans l’amour de l’Esprit Saint. Beauté trinitaire qui reflète la bonté trinitaire et nous apaise dans l’amour de la Trinité ! Notre vie en est bouleversée. Notre quotidien est le chemin vers le Ciel.

  1. 3. Conclusion : victoire de l’amour.

Le Christ est ressuscité : l’univers est attiré par lui pour répondre à sa vocation de louange.

Le Christ est ressuscité : le monde est transformé pour répondre à sa vocation d’harmonie.

Le Christ est ressuscité : l’humanité est transfigurée pour répondre à sa vocation filiale.

Le Christ est ressuscité : nos vies se transforment par la force de l’amour qui pousse en nous l’altérité, l’unité, le partage et la communion. Œuvre merveilleuse de la Trinité en nous !

Le Christ est ressuscité. Bonnes fêtes de Pâques.

 

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