ORDINAIRE 14 B

« Il se mit à enseigner dans la synagogue »
(Marc 6, 1-6)

Jésus a vécu des échecs. Sa vie ressemble à la nôtre avec son lot de succès et de revers. Son enseignement est reçu ou contesté. Ses gestes sont compris ou rejetés. Certains diront même que sa mission fut un échec complet : il est, en effet, mort en croix, rejeté de tous et abandonné des siens. Un petit groupe va pourtant porter au loin son enseignement avec cette conviction étonnante : il est ressuscité. Peut-on parler d’échec quand on sait le déploiement de son Église ? La réussite selon Dieu est bien différente de la nôtre. Jésus fut rejeté mais aussi accepté, surtout par les pauvres et les petits. Il fut entendu par les pécheurs et les exclus. Il fut suivi par les pauvres de cœur et les chercheurs de vérité. On admire cette intimité avec les disciples, hommes ou femmes, savants ou ignorants, adultes ou enfants, purs ou impurs. Jésus a su toucher les cœurs et changer des vies. Il a ouvert le Ciel à ceux qui en étaient exclus. Le pardon a suivi la demande de pardon. La grâce a suivi le renoncement au péché. La bénédiction était accordée à tous les aimants-Dieu. Vitale est la foi en lui. Dynamique est l’amour de sa Personne. Fondamental est le suivre en vérité.

1. Le Fils, Sagesse du Père. 

Jésus est bien le « fils du charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques et de José, de Jude et de Simon » (Mc 6, 3). Cette fratrie ne cache pourtant pas le plus important et les Apôtres le comprendront très vite : il est le Fils de Dieu. Comment est-ce possible ? Sa mère ne peut cacher son origine divine. Ses cousins ne peuvent limiter le Fils de Dieu à une famille humaine, aussi belle et unie soit-elle. Son village ne peut l’enfermer dans une généalogie ou une réputation locale. L’horizon de Jésus le porte au loin, vers les autres, vers le monde, vers Dieu. Prophète reconnu, Jésus, fils du charpentier Joseph, se révèle bien plus qu’un prophète. Les gens de Nazareth s’enferment dans des idées préconçues et limitées.

Jésus, Ouverture vers Dieu : un prophète parle au nom de Dieu. Il rapporte la Parole de Dieu et avertit le peuple. Le message vient d’un Autre. Jésus parle pour lui-même. Sa Parole vient de Lui. Le message est sien. L’enseignement est nouveau même si en continuité avec le passé et l’histoire d’Israël. Jésus agit de son propre chef même si en communion avec le Père. Jésus parle avec autorité même si son message d’amour est exigeant. Par lui, le Ciel s’ouvre et se laisse percevoir. En lui, le Ciel peut être atteint. Jésus, en tant que Personne, est Ouverture vers le Père et Connaissance de Dieu. Il est la vraie icône du Père par l’Esprit qui agit en lui et par lui. Il exprime la Sagesse divine. Il est Sagesse de Dieu.

Jésus, Parole de Dieu : le prophète ne peut inventer ni proposer sa propre parole. Dieu l’envoie et lui confie une mission. Le prophète Jésus parle de lui-même même si parfois la voix de Dieu se fait entendre. Il semble que la voix de Dieu confirme son serviteur Jésus et invite à l’écouter. Comment est-ce possible ? De fait, le Fils est le Verbe divin, la Parole éternelle, la Voix du Père, le Logos. On comprendra cela après la Résurrection mais déjà durant sa vie terrestre, les apôtres et les disciples perçoivent cette vérité. « Tu as les paroles de la vie éternelle » dira Pierre émerveillé de tant de sagesse et de tant de grâce. Ainsi, quand Jésus s’exprime, c’est le Verbe qui parle, le Logos divin qui crée et façonne l’univers, qui maintient l’homme dans l’existence, qui modèle encore et encore la créature appelée à la filiation. La Parole est sagesse. Le Fils est Sagesse de Dieu parce que Parole de Dieu.

Jésus, Vie de Dieu : le prophète annonce la vie car il est témoin de la Vie. Il encourage à la conversion et à la fidélité à l’Alliance. Il invite à « choisir la vie » au nom de Dieu. Jésus n’est pas dans cette ligne car il est la Vie. Sa Parole est vie. Sa Sagesse est vie. Sa Personne est vie. Ses gestes donnent vie. Sa mort même est source de vie. Sa Résurrection procure la vie nouvelle aux croyants qui deviennent fils et filles du Père. Quel prophète aurait pu donner la vie ? Il y a bien eu quelques miracles dans l’Ancien Testament mais la vie éternelle ne peut venir que de la Vie Elle-même. La Sagesse est vie car elle indique un chemin de vérité qui fait grandir. Le Fils est Sagesse de Dieu car la vie sourd de ses mains, de son Cœur, de son Être.

Les concitoyens de Jésus se sont enfermés dans ce qu’ils prétendent connaître : la famille de Jésus. Ils ne peuvent dépasser cette origine trop simple et trop commune. Comment un prophète peut-il sortir de cette famille si connue ? Jésus devra révéler peu-à-peu son identité véritable pour introduire les croyants dans l’intimité de Dieu. L’incrédulité tue le verbe mais la vie n’a que faire des limites. Elle est éternelle. Elle vient de la Sagesse divine qui exprime amour et joie en la Trinité.

2. Le Fils, présence du Père.

L’étonnement des gens de Nazareth n’a rien de surprenant. Comment peuvent-ils dépasser ce qu’ils connaissent ou même faire un pas en dehors de leur tradition religieuse et sociale ? Ils sont en présence d’un mystère plus grand qu’eux. Le mystère les dépasse. Ils sentent bien qu’il se passe quelque chose mais n’ont pas les moyens de comprendre. Il leur manque la foi. Le mystère appelle à se dépasser pour entrer dans la foi et donc dans la vérité. Jésus de Nazareth est Présence de Dieu pour le monde.

Icône du Dieu invisible : le mystère est entier. Voir le Christ c’est voir Dieu. Accueillir le Christ c’est accueillir Dieu. Toucher le Christ c’est toucher Dieu. Personne ne peut voir Dieu mais par son Fils Jésus, on le contemple. La beauté du Fils reflète la beauté de Dieu. L’amour du Fils parle de l’amour du Père dans l’Esprit. L’appel à la communion invite à entrer dans la communion trinitaire. L’icône est le vrai reflet de ce qu’elle représente. Par l’icône, on pénètre le mystère. Icône du Père, le Fils découvre les traits de Dieu.

Pur amour du Père : l’amour de Dieu est entier. Aimer le Fils c’est aimer le Père. Aimer le Père c’est recevoir l’Esprit d’amour. Recevoir l’Esprit, c’est entrer dans la communion des Trois. Jésus a su nous montrer le Père car « qui me voit voit le Père » dira-t-il. Peut-on dire que qui aime voit le Père ? Si Dieu est amour, l’amour est la voie royale pour connaître Dieu. Quand on suit Jésus, qu’on contemple et médite sa vie, sa passion, sa mort et Résurrection, on découvre un amour plus grand et plus beau, au-delà de notre imagination. Un amour qui dépasse notre entendement. Un amour pur qui invite à la pureté des mœurs, du cœur, du corps. Une pureté qui rejoint le pur amour divin, l’Agapè éternel qui est la Trinité éternelle.

3. Conclusion : bien plus qu’un prophète.

Bien plus qu’un prophète, Jésus se détache de la figure prophétique traditionnelle pour nous faire pénétrer le mystère du Dieu amour. Son identité dévoilera sa Personne Divine. Ayons foi et aimons en lui. Sa Sagesse est éternelle car il est le Verbe de Dieu, l’icône du Père dans l’Esprit Saint.

Père Francis

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