ORDINAIRE 18 B

« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé »

(Jean 6, 24-35)

Le Chapitre 6 de St Jean, lu sur plusieurs dimanches, nous interpelle. Il donne une interprétation de la Dernière Cène sans même la décrire. Jean préfère, au soir de la Passion, présenter Jésus lavant les pieds des disciples. Jésus est le vrai Serviteur qui donne l’exemple à suivre. Il donne sa vie dans le service et dans le sacrifice eucharistique. Mais le Chapitre 6 va s’attarder sur le pain de vie, sur la nécessité de se nourrir du Corps du Christ pour obtenir la vie éternelle. C’est là l’œuvre de Dieu qui se rend présent et qui se fait nourriture pour son peuple. Nous sommes orientés vers la foi et donc l’amour. La foi en la Parole de Dieu à travers Jésus, le Verbe et l’amour par cet élan qui nous pousse vers lui et qui nous invite à la communion. A travers les récits bibliques, on peut comprendre que Dieu a préparé son peuple à cette rencontre extraordinaire et intime : le recevoir dès maintenant pour en jouir éternellement. Laissons éclater notre joie de croire et d’être aimés.

  1. 1. Au-delà des apparences.

Tous les événements bibliques sont une préparation de la venue du Christ et donc de la rencontre trinitaire. Dieu a dirigé son peuple vers une connaissance plus grande de son Être mais aussi vers un désir plus profond de communion. Il ne s’agit pas de nier des événements historiques ni même des personnages importants comme Abraham ou Moïse. Chaque événement a un sens précis et local mais il entre dans le grand mouvement pédagogique divin. Chaque personne a une personnalité propre et une vocation particulière mais elle s’inscrit dans un grand dessein que la Providence organise. Dieu est réellement présent à son peuple par création et providence.

Abraham et l’élection : si Abraham quitte son pays, c’est par ordre de Dieu mais aussi pour se retrouver lui-même, au-delà de ses souffrances et de sa stérilité. Il sera le Père des croyants car il a cru en la Parole, même si les apparences la contrariaient. Il est choisi et mis à l’épreuve. Ainsi chacun de nous est choisi et mis à l’épreuve et chacun de nous est invité à la foi et à la confiance, à travers sacrifices et dons. L’élection ne concerne pas un groupe d’élus mais tous ceux qui veulent entendre l’appel et tous ceux qui sont prêts à se mettre en marche vers une terre nouvelle, pour prospérer spirituellement et grandir dans la foi. Jésus le Fils est la Voie pour atteindre le but qui est le cœur de la Trinité Sainte.

Moïse et l’Alliance : si Moïse est appelé, c’est pour libérer le peuple de Dieu et l’emmener vers la Terre Promise, par le don de la Loi qui scelle l’Alliance. Libres, nous devons l’être et ce n’est pas facile de se libérer des chaînes dont nous sommes munies. Il faut être libre pour recevoir la Loi de Dieu et entrer dans l’Alliance. Seuls des partenaires peuvent contracter une alliance et se respecter. On ne fait pas alliance avec un esclave qui n’a aucune voix ni autorité. On fait alliance avec celui qui a la capacité d’être fidèle et de répondre à ses engagements. Moïse est la figure de l’ami qui cherche le bien de l’autre. Il est celui qui parle à Dieu face-à-face. L’Alliance est proposée à tous ceux qui sont libres et qui veulent approfondir leur chemin de libération en compagnie de Dieu. Jésus le Fils conclura l’Alliance définitive dans son sang, une Alliance nouvelle et éternelle qui est le gage de l’entrée dans le Royaume. Il est l’Alliance, le lien avec le Père. Il est ce Chemin qui porte au cœur de la Trinité Sainte en toute liberté.

Les prophètes et la Loi : si les prophètes parlent c’est pour rappeler la Loi et inviter à la fidélité. Le culte ne sert à rien sans le cœur. Respecter les préceptes tue quand ils ne sont pas compris. Se croire bon religieux ne signifie pas avoir une vie spirituelle. Les prophètes regardent le cœur des hommes et y décèlent les signes de vérité et de justice. L’extériorité ne porte pas à une vie intérieure. Jésus le Fils est celui qui parle au cœur et qui sait percevoir les désirs de chacun. Sa Loi est celle de l’amour car Dieu est amour. Ses préceptes invitent à aimer au-delà de la loi. Son commandement est clair et limpide : seul l’amour sauve quand il est animé par la foi et l’espérance. Jésus est la Lumière qui illumine le cœur de la Trinité Sainte.

Dans la Bible, tout porte à Jésus : le culte, les sacrifices, la manne, l’eau du rocher… tout est orienté vers plus grand et plus profond car Dieu a préparé son peuple, par ces signes, à une rencontre plus importante. Cette rencontre c’est celle du divin et de l’humain en la Personne unique du Verbe, lieu de communion et d’amour.

  1. 2. L’Œuvre de de Dieu.

Jésus affirme que l’œuvre de Dieu c’est de croire en Lui. L’acte souverain de Dieu est de nous aimer à travers son Fils dans l’Esprit.  Nos œuvres humaines, religieuses et même spirituelles, sont peu de chose face à la foi en celui qui a été envoyé par le Père. Car l’Envoi du Fils est la Grande Œuvre de Dieu. Cette Œuvre vient bouleverser nos schèmes et nos préjugés, elle nous laisse émerveillés, elle nous plonge dans le mystère trinitaire.

Œuvre de salut : l’incarnation du Fils est une Œuvre de vie et de salut. Dieu nous sauve ‘en entier’, avec tout ce que nous sommes, la chair y compris. Il fallait donc qu’il assumât notre condition mortelle en tout et qu’il transformât de l’intérieur notre personne. Ceci s’est accompli de façon suprême par la Résurrection qui a fait surgir en nous la grâce. Pardonnés et sanctifiés, nous sommes prêts à la communion. Œuvre complète et définitive, le salut est assurée à tous les croyants libres.

Œuvre de communion : l’incarnation du Fils et sa Passion/Résurrection nous ont investis de l’intérieur, transfigurés pour « voir » Dieu, pour l’adorer en vérité et communier éternellement en son amour. Participants de la nature divine, notre condition mortelle acquiert l’éternité. La Trinité Sainte, Mystère d’amour et de communion, est désormais notre vie et notre présent. L’Œuvre de Dieu est donc de faire de nous des fils/filles, divinisés en son amour et communiants en son Cœur.

  1. 3. Conclusion : croire, c’est aimer.

« Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu » demandent les gens. « L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » répond Jésus. On ne peut être plus clair. La foi en la divinité du Christ est essentielle. Elle ouvre le chemin vers le Père et invite à entrer dans le Royaume. L’amour du Christ est notre voie de salut car en lui notre personne se transforme et devient filiale.

« Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim » dit Jésus en guise d’orientation. Tous les signes passés étaient une préparation pour la vraie rencontre, celle du Christ qui est le Fils. Il n’y a pas d’autre voie, il n’y a que ce Chemin qu’est l’amour et l’amour c’est Dieu.

Jésus est vraiment cette « nourriture qui demeure pour la vie éternelle » et qui alimente notre quotidien. En nous surgissent déjà les signes de la vie éternelle et donc de la vie trinitaire.

P. Francis

 

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