ORDINAIRE 26 B

« … en mon nom… »

(Marc 9, 38-43, 45, 47-48)

Les disciples remarquent que certains agissent au nom de Jésus sans le suivre. Ils veulent les en empêcher mais Jésus refuse d’intervenir. Son nom est puissant et efficace de lui-même. Son nom nous emmène vers la sphère divine et vers la Parole créatrice. De même que Dieu dit et crée, le nom de Jésus sauve et renouvelle. On se sent démuni devant tant de puissance et de gloire mais justement impuissant à enfermer le nom de Jésus dans nos catégorisations aussi belles et justes soient-elles. Appartenir au Christ peut passer par l’entrée dans son Église et c’est la voie normale. Appartenir au Christ peut aussi s’exprimer par d’autres façons d’être au monde. C’est toujours le même Christ, ici connu et aimé, servi et glorifié, là peu connu et utilisé. Notre identité chrétienne tient du Christ et il est bon de se savoir fils/fille en lui, de se savoir uni à lui par la grâce sanctifiante et transformante. Nous sommes hommes et femmes en étant fils et filles du Père. C’est l’œuvre du Fils et la transformation de l’Esprit Saint. Suivre le Christ, c’est le revêtir, laisser refléter cette beauté qui vient de lui et cette grâce qui vient du Père. Au nom de Jésus, tout genou fléchie et le croyant se reconnaît aimé et pardonné.

  1. 1. Appartenance au Christ.

Nous appartenons au Christ depuis notre baptême et sommes identifiés à lui. Créateur, le Christ est notre maître et celui de tout homme. Il est Dieu et tout homme n’existe que par lui. Il tient l’univers dans l’existence par sa main puissante. Cependant, accueillir le Christ signifie s’identifier à lui, être comme lui. Il y a ici un plus que la connaissance, l’amour et l’adhésion au Christ a permis. Il y a un saut de qualité et une vraie révélation de ce que nous sommes.

Créés par Lui : le chrétien se sait créé par la main du Christ. Fils de Dieu, il est Créateur. C’est toute la Trinité qui crée, certes. C’est l’œuvre de Dieu que de créer. Le Christ est à l’origine et tout « et tout subsiste en lui ». Qu’on le sache ou non, nous sommes dépendants de Lui.

Sauvés par Lui : le chrétien se sait sauvé par le Christ. Alors que le péché originel avait cassé la relation étroite entre Dieu et l’humanité, le Christ rétablit cette relation, la confirme, la porte à son apogée. C’est toute la Trinité qui sauve. C’est l’œuvre de Dieu que de sauver. Le Christ a pris chair pour que le salut soit possible. Sa mort et Résurrection ont été le mode opératoire pour nous obtenir le salut. Alors que la volonté de Dieu était de nous permettre la communion, le péché a dévié cette perspective qui est devenue rédemptive. Qu’on le sache ou non, le salut est pour tous mais il se doit d’être accueilli pour être efficace et libre. Laissons au Christ la façon de sauver les non-chrétiens.

Identifiés à lui : le chrétien se sait « autre christ ». Le baptême l’a transformé de l’intérieur, non seulement spirituellement mais aussi ontologiquement. L’Incarnation a touché notre être et l’a préparé à la rencontre. La mort du Christ a pardonné nos péchés et a donc fait sauter l’empêchement. La Résurrection a transfiguré notre être pour l’identifier au Christ et le rendre apte à rencontrer le Père. La Pentecôte a permis la communion tant espérée par Dieu et par le croyant. C’est toute la Trinité qui a œuvré en ceci. C’est l’œuvre de Dieu que de nous identifier au Christ. C’est la joie de la communauté chrétienne que de se savoir Corps du Christ, Temple de l’Esprit Saint et Peuple de Dieu. Nous sommes le sanctuaire de la rencontre. Le cœur de l’homme est le lieu de la communion par le Christ.

Fils/filles comme Lui : le chrétien se sait enfant de Dieu. Tous les hommes ne peuvent prétendre à ce titre même s’il est potentiellement possible de le devenir en tout temps. Il faut être uni au Christ pour être fils/fille. Il faut être identifié à lui pour devenir fils/fille.  Il faut aimer comme le Christ pour être admis au cœur de la Trinité. Ce n’est pas rejeter les non-chrétiens que de dire cela, c’est au contraire les respecter et respecter la libre réponse de l’homme. Il faut croire, se repentir et se faire baptiser pour devenir fils/fille de Dieu. Il faut être du Christ pour prétendre connaître le Père par l’Esprit. Tout homme est créature de Dieu. Les chrétiens sont fils/filles de Dieu par vocation, identité et en vérité.

L’identité chrétienne se reconnaît dans la relation étroite et intime avec le Christ. En le suivant, en s’identifiant à lui, en aimant comme lui, on devient enfant de lumière, héritier des promesses, cohéritier du Royaume. Les croyants siègeront sur le Trône céleste  (Cf. : Apocalypse) et règneront avec lui. C’est dire qu’ils vivront dans la communion trinitaire pour l’éternité. Cela demande foi et liberté de choix, cohérence et grâce.

  1. 2. Identité chrétienne.

Qui sommes-nous donc ? Peut-on définir le chrétien ? Certes, oui. Nous ne sommes pas les adhérents à une religion. Nous ne sommes pas seulement des disciples de Jésus de Nazareth. Nous ne sommes pas les gens du Livre. Nous sommes bien plus que cela : nous sommes les fils/filles bien-aimés de Dieu, fils/filles dans le Fils unique, transformés par la grâce de l’Esprit Saint. Notre Dieu est Père, notre Sauveur est le Fils, notre sanctificateur est l’Esprit Saint. Unis avec le Christ, nous sommes uns avec la Trinité.

Vie trinitaire : la vie chrétienne est avant tout trinitaire. Vivre son baptême, c’est être participant de la grâce trinitaire, de la communion des Trois. Vivre des sacrements, c’est vire de la grâce trinitaire, de la communion des Trois. Vivre spirituellement, c’est découvrir en soi la présence trinitaire et la communion des Trois. Vivre en communauté, c’est vivre de l’amour trinitaire et la communion des Trois. Un et Trine, Dieu fait de nous son sanctuaire. Il établit sa Demeure en nous. On parlera, en mystique, de « l’inhabitation de la Trinité » dans le croyant.

Vie de grâce : la vie chrétienne est une vie de grâce. C’est la grâce seule qui nous a sauvés et transformés. C’est la grâce, c’est-à-dire, la Présence divine, qui permet la communion. C‘est par pure grâce que nous sommes aimés. « Tout est grâce pour celui qui croit ».

  1. 3. Conclusion : puissants, de par son Nom.

Jésus le Christ est le Fils. Nous lui appartenons. Créateur, il a des droits sur tout être vivant. Sauveur, il veut porter l’humanité en la présence du Père. Seule la liberté permet de se reconnaître identifié au Christ. Seul le baptême fait de nous des fils/filles de Dieu.

Jésus le Christ nous ouvre à la présence trinitaire. La communion d’amour est possible pour celui qui se tourne vers la grâce et l’accueille en vérité et en toute liberté. Le chrétien reconnaît sa dignité dans la filiation reçue et vécue dans l’amour. Porter le nom du Christ, c’est porter l’étendard de l’amour et briller de la lumière trinitaire.

P. Francis

 

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