ORDINAIRE 30 B

«  Rabbouni, que je voie ! »

(Marc 10, 46-52)

Jésus arrive bientôt à Jérusalem. Il passe par Jéricho. Il rencontre un aveugle. La rencontre est fulgurante et significative, non seulement pour l’aveugle qui retrouve la vue mais pour tous ceux qui veulent suivre le Christ. Il y a une démarche, un désir, un geste de notre part. Il y a un appel, une question, un signe de la part de Jésus. Tout disciple est appelé pour recevoir le salut à travers la lumière de la connaissance et de l’amour. Tout homme est appelé à recevoir cette lumière qui émane du cœur du Fils pour connaître et aimer le Père dans la force de l’Esprit Saint. Cette rencontre est fondamentale car elle orientera notre vie et décidera de notre avenir. Rencontrer Dieu c’est le reconnaître dans les signes qu’il manifeste et dans les autres qui croisent nos routes. On a besoin de cette foi qui pousse vers le Christ et de cette confiance qui ouvre nos yeux. On a besoin de cet amour qui transforme nos vies et de cette communion qui parfait notre humanité. Le lien intime entre Dieu et l’homme se fait par le Christ et la communion par l’Esprit Saint qui sourd de la Trinité Sainte. Que notre vie soit un hymne à l’amour dans la lumière reçue au baptême et la joie de la rencontre.

  1. 1. Démarche baptismale.

Bar Timée devait être connu de la communauté primitive. Son nom a été retenu. Sa démarche est devenue typique. Sa joie a dû être contagieuse. Il a été initié par le Seigneur lui-même. Il pourra alors introduire les néo-croyants dans la lumière divine qui dépasse la lumière physique. S’il a bénéficié d’un miracle éclatant, il a surtout reçu une grâce intérieure qui l’a propulsé dans la vraie Lumière, le Christ Fils de Dieu. Voyons sa démarche, qui devient démarche baptismale :

Un désir : au cœur de l’homme se trouve le désir. Un désir qui dépasse les désirs matériels ou les besoins immédiats. Un désir de plus et de plus grand. Un désir d’infini et d’éternité. Un désir de transcendance. Ce désir peut passer par bien des étapes mais il se manifeste au moment les plus importants de notre existence. Il répond à un dépassement, un appel, une harmonie intérieure. Comme pour Bartimée, au cœur de la démarche baptismale, il y a ce désir.

Un appel : dans le cœur de l’homme, il y a un appel. On l’entend ou pas mais il est là. Dieu appelle à lui chacun d’entre nous pour le combler de Lui-même, c’est-à-dire d’amour et de grâce. Cet appel répond au nôtre car le désir s’est transformé en appel. Deux paroles se rencontrent : celle qui demande et celle qui accueille. Deux volontés se rencontrent : celle qui cherche et celle qui se laisse trouver. Deux amours vont se rencontrer : celui qui désire et celui qui comble. Comme pour Bartimée, au cœur de la démarche baptismale, il y a un appel de l’homme correspondant à un appel de Dieu.

Un dépouillement : la rencontre n’est possible que s’il y a renoncement et changement. Il faut mourir pour renaître. Il faut abandonner la vieille carapace pour trouver l’homme nouveau. Il faut renoncer au mal, au péché, aux dynamismes de mort pour recevoir la vie. Une transformation n’est possible que par une métamorphose complète et totale. En renonçant, on retrouve le mieux et le meilleur de soi-même. Ce qu’on a lâché est purifié pour nous être redonné. Comme pour Bartimée rejetant son manteau, la démarche baptismale suppose un dépouillement qui précède un saut vers l’amour.

Une question : la question du Seigneur est claire : « que veux-tu ? ». Le désir a répondu à un appel. L’appel a demandé un renoncement et une transformation. La liberté est alors sollicitée car elle est fondamentale dans la démarche de foi. Des êtres libres croient non par peur, par crainte ou par intérêt mais par conviction, par courage et par amour. Répondre est important car il y a un choix clair et une orientation libre à prendre. Seul l’homme/la femme libre peut entreprendre une aventure spirituelle qui va le/la porter au cœur du mystère trinitaire. Comme pour Bartimée qui exprime son désir avec toute sa foi, la démarche baptismale demande une totale liberté.

Un signe : le geste de Jésus est posé comme un signe de victoire et de reconnaissance. Il guérit l’aveugle comme il guérit nos cœurs et nos soifs d’amour. Ce geste peut être spectaculaire ou discret, seul le croyant le perçoit. Dans les gestes de l’’Eglise, il y a un signe du Christ. Dans les gestes quotidiens, il y a une présence. Comme pour Bartimée qui recouvre la vue, la démarche baptismale nous introduit dans une présence que seuls les yeux de la foi perçoivent

La Lumière : le don de Dieu, au-delà de nos besoins matériels si légitimes, est plus grand que nous et même que toutes nos espérances. Quoi de plus grand que de recevoir la lumière ? Quoi de plus précieux que de savoir enfin et de voir. De voir le Seigneur avec nos yeux humains transfigurés. De voir le Père par le Christ. De voir l’action de l’Esprit Saint dans le monde. Cette lumière est LA Lumière, la Lumière divine, la Sainte Trinité en action. Comme pour Bartimée qui reçoit la vue et par elle, la vue du Christ, la grâce de la démarche baptismale est une illumination, une nouvelle vie, une nouvelle naissance. On voit enfin. On voit avec les yeux du cœur car « l’essentiel est invisible aux yeux ».

L’aveugle Bartimée a tracé un chemin que l’Église reprendra dans sa catéchèse baptismale. Toutes les étapes sont réunies pour entrer dans l’intimité du Père par le Fils dans l’Esprit Saint, pour partager la vérité dans la lumière de la foi et de l’amour.

  1. 2. La lumière en Christ.

C’est le Christ notre lumière véritable. Il comble nos cœurs assoiffés de vérité et d’amour, de justice et de paix. Par lui, nous entrons dans le mystère pour vivre dès aujourd’hui de cette joie qui transparaît sur nos visages. L’amour guide nos pas vers la communion trinitaire.

Christ aimé du Père : « Voici mon Fils bien aimé, écoutez-le ». Jésus est la Voie qui mène au Père. On ne connaît Dieu que par lui. C’est dire l’importance de l’écoute, de la méditation de la Parole et de l’adoration. A travers lui, le Père est accessible. En lui, la communion est possible. Nos sacrements sont les signes concrets de cette communion possible.

Christ aimant l’humanité : «  Aimez-vous comme je vous ai aimé ». Jésus aime le Père et ne fait qu’un avec lui. Il aime tout homme qui se tourne vers lui, librement. Il sauve cette humanité en désir et en attente. Il pardonne nos péchés mortifères. Sa Lumière est éternelle. Son amour est pour tous.

  1. 3. Conclusion : suivre Jésus

Bartimée suit Jésus après le miracle car il a perçu le signe et a reconnu l’amour dans la lumière.

Bartimée, c’est chacun d’entre nous qui veut connaître Jésus, le reconnaître et en vivre

P. Francis

This entry was posted in 2015, Année B, Français, Ordinaire II, Père Francis. Bookmark the permalink.