RAMEAUX C

«  Quand l’heure fut venue… »

(Luc 19, 28-40 ; Luc 22, 14-23, 56)

Nous voici arrivés au terme du carême. Notre exode a duré 40 jours. Passant d’un état à l’autre, nous avons pu nous convertir, nous préparer. Il faut en effet de la préparation pour aborder la Semaine Sainte. Avec un cœur purifié, un esprit renouvelé et une énergie nouvelle, nous pouvons affronter les événements tragiques mais salvifiques des Jours Saints. Sans préparation, on fait mémoire d’un moment historique concernant un homme particulier, injustement condamné comme tant d’autres au cours de l’histoire. Cet homme est Jésus de Nazareth. Il est pourtant reconnu comme le messie, l’envoyé de Dieu. Mais plus encore comme  la Parole Divine et le Fils de Dieu. Cela change tout. Le drame humain devient le drame divin. La tragédie historique entre dans une sphère éternelle. Le sang du Christ devient source de salut.  Peut-on résister aux questions légitimes qui nous envahissent ? Pourquoi tant de violence et pour quel résultat, dans quel but ? Pourquoi faut-il que le Christ meurt pour nous sauver ? Dieu a-t-il quelque chose à voir dans ce drame ? Il est certain que nos penchants mauvais et notre péché sont mis en lumière. Il est certain aussi qu’on apprend beaucoup sur Dieu en contemplant le Christ en croix mais surtout en affirmant sa Résurrection. Jésus accomplit les Écritures et nous transporte dans le cœur de la Trinité. Le drame trinitaire est un drame d’amour. Peut-on aborder la Semaine Sainte sans parler d’amour ?

  1. 1. L’accomplissement des Écritures

En quoi Jésus accomplit-il les Écritures ? Cela semblait évident à Noël car le messie annoncé venait enfin de naître. Quelle joie dans le Ciel et sur la Terre ! Ce messie pourtant a été rejeté et bafoué. Compromis politiques et religieux vont le crucifier. Le péché du monde va le mettre à mort. L’Adversaire semble vainqueur. C’est sans compter sur la miséricorde infinie du Père qui se reflète sur le visage meurtri du Fils par le soutien de l’Esprit Saint. C’est sans compter sur l’amour éternel trinitaire. Le mal et le péché vont être renversés.

Plein pardon : Jésus annonce le pardon. Les prophètes l’avaient fait avant lui mais il fallait des sacrifices de réconciliation pour entrer dans cet esprit. Suivre la Loi semblait la voie idéale pour accomplir la volonté de Dieu. La confiance, malgré les turpitudes de l’histoire, était requise. Jésus apporte le pardon sans condition du Père, un pardon enraciné dans sa miséricorde infinie et dans son amour. Le pardon nous en dit beaucoup sur Dieu. Il va jusqu’au sacrifice suprême du Fils pour nous accorder le pardon non mérité. En Christ, il n’y a pas de péché trop grand pour n’être pardonné. Il n’y a rien qui échappe à l’amour. Il y a toujours l’espérance qui ouvre un horizon.

Pleine révélation : Jésus nous révèle les secrets de Dieu. Qui pouvait connaître le cœur du Père et la force de l’Esprit ? On avait bien l’intuition de quelque chose de grand, de merveilleux, d’incroyable mais pas de si grand, de si merveilleux, de si incroyable. Tout ce que l’on sait de Dieu vient du Christ, de sa Passion, mort et Résurrection. Chaque étape de ce drame révèle le Père et l’Esprit. L’aboutissement de ce drame nous plonge dans la vérité trinitaire. Le drame se transforme en grâce. La croix devient un trône de gloire sur lequel siège la Trinité toute entière : le Père soutient le Fils qui donne l’Esprit. La Trinité immanente se révèle dans cet événement historique.

Pleine communion : Jésus propose la pleine communion en Dieu. On avait bien essayé par des sacrifices de communion et des dons. L’Alliance tentait de nous conscientiser sur une relation toute particulière mais nos compromis nous en ont écartés. La fausse liberté nous a tétanisés et intimidés. Voici que la Passion ouvre des voies de communion et que la Résurrection nous ouvre le Ciel. Il nous faut mourir à l’homme ancien pour renaître en homme nouveau, baptisé dans la mort et Résurrection du Fils, pour la plus grande gloire du Père dans l’Esprit Saint. Frères et sœurs du Fils, nous devenons les enfants du Père, promis à la vie éternelle dans l’Esprit. La communion trinitaire éternelle nous est offerte. Le va et vient d’amour entre les Personnes Divines nous est acquis. C’est désormais notre patrie et notre espérance.

Jésus est venu accomplir les promesses. Il les a accomplies de façon majestueuse et complète. Il a dépassé nos espérances. Le pardon est donné, maintenant et toujours, sans condition sinon celle d’aimer en retour. La révélation est bouclée et nous entraîne dans son merveilleux mystère sans fin. La communion est accordée et nous emmène dans le cœur de la Trinité.

  1. 2. L’Heure de Jésus.

Ce dimanche des Rameaux est particulier. Il est joyeux et triste. Il accueille le messie à Jérusalem avec enthousiasme mais il annonce la passion. Joie et peine, comme notre vie. Joie et peine comme la vie du monde. Bien des raisons de se réjouir et bien des raisons de se lamenter. Un mélange explosif en nous qui fait notre nature humaine. L’Heure de Jésus,  c’est sa mort mais aussi la révélation de son identité, sa glorification.

De l’heure des ténèbres à l’Heure de Jésus : on aura compris que la passion est l’heure des ténèbres. Jésus le dit lui-même lors de son arrestation (Luc 22, 53). Alors que le mal triomphe, Jésus garde la main. Alors que les ténèbres révèlent la méchanceté humaine, Jésus révèle la bonté humaine. Alors qu’on s’attend au drame qui mettra fin à sa vie, Jésus annonce la vie éternelle dans la vérité. L’Heure de Jésus est celle de la Révélation suprême de l’amour de Dieu.

De l’Heure dramatique à l’Heure glorieuse : On aura compris que le mal semble triompher. L’innocent injustement crucifié ne se révolte pas mais fait face à ce déferlement de violence. C’est l’amour qui va renverser la situation. La croix deviendra le signe d’espérance et la voie de la Résurrection. La croix devient le trône du Christ, le moment de sa glorification. Sans Résurrection, la croix reste cet instrument inhumain de torture. Par la Résurrection, la croix est un marchepied vers la gloire, le ciel, l’éternité. L’Apôtre Jean va bien exprimer ce retournement dans son Évangile.

  1. 3. Conclusion : un regard d’amour

Nous entrons dans la Semaine Sainte avec douleur mais espérance. Il n’y a rien de morbide à remémorer ce drame s’il est teinté d’espérance et d’engagement à plus de justice et de lumière.

Nous contemplons l’Homme qui se donne, qui affronte le mal avec son innocence, qui s’en remet à Dieu. Seul Dieu peut le sauver des griffes de la mort. Il porte pourtant le péché du monde.

Nous regardons le Crucifié avec tout l’amour dont nous sommes capables. Au-delà des apparences, c’est un drame d’amour qui se joue, un amour rejeté mais infini, un amour qui triomphe.

Jour après jour se déploie la stratégie divine dictée par l’amour éternel de la Trinité.

P. Francis

 

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