PAQUES 3 C

« Ils savaient que c’était le Seigneur »

(Jean 21, 1-19)

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. La joie envahit nos cœurs comme ceux des disciples et des Apôtres à la vue du Seigneur ressuscité. Nous recevons leur témoignage et nous croyons à leur suite. Ils ont donné leur vie pour cela. Ils ont été condamnés mais ils ont tenu bon. Il ne s’agissait pas d’une illusion, d’une projection de cœurs désolés ou d’une construction malhonnête. Ils ont vraiment vu le Seigneur, ils l’ont touché, ils l’ont reconnu. Le même Seigneur mais transformé. Le même Maître mais révélé. Le même Jésus mais Fils de Dieu dans toute sa splendeur. Jésus est le même mais le voilà vêtu de gloire. Son corps est le même, marqué des signes de sa passion, mais resplendissant de lumière divine. Ils savaient que c’était Lui par des signes précis : sa voix, un geste, une question… son amour apparait à chaque instant et va se manifester à tous. Il faudra du temps pour comprendre, intégrer et expliquer. Le temps cependant ne pourra tout englober car le mystère ne se maitrise pas, il s’accueille dans toute sa vérité. La Résurrection est notre glorification car elle nous unit au Fils pour toujours en la Trinité Sainte. Le Seigneur est avec nous, plus présent que nous-mêmes car il nous touche au plus profond de l’être.

  1. 1. Le Seigneur parmi nous.

Les disciples l’ont vu et suivi. Ils ont pu constater sa présence nouvelle. Ils ont  « touché le Verbe de vie ». Désormais, Jésus est présent de façon nouvelle, au-delà de nos limites naturelles ou des lois biologiques. Il transcende nos lois car il est dans l’éternité de Dieu, sans espace ni temps. Il insuffle son éternité dans nos temps, sa divinité dans notre chair, son amour infini dans notre cœur si lent à aimer et à croire. Les signes sont là, encore faut-il ouvrir les yeux et le reconnaître.

Présence sacramentelle : les sacrements célébrés en Église sont des moments de rencontre. Le Ressuscité se laisse toucher et voir à travers 7 signes sacrés.  Des moments si humains deviennent des entrées dans l’amour. Dieu se laisse saisir et nous participons de cet élan divin. Des objets de chez nous, de la matière (eau, huile, pain, vin…) et des personnes (clergé, les époux…)  nous plongent dans l’éternité. N’est-ce pas le signe que la Résurrection nous atteint dans le quotidien ? N’est-il pas heureux que nous puissions participer quotidiennement à cette explosion d’amour ? Le Seigneur est vraiment présent dans les sacrements, célébrés humblement par des ministres choisis, pour la plus grande gloire du Père, dans l’Esprit Saint.

Présence ecclésiale : l’Église est signe de la présence du Ressuscité. Elle reflète par sa vie et son existence toute la beauté du Christ vivant pour la gloire du Père, par la force motrice et sanctifiante de l’Esprit Saint. On peut regarder l’Église avec les yeux de l’historien, du sociologue, de l’ethnologue, du psychologue… mais on ne percera jamais son mystère profond, celui d’être le Corps du Christ ressuscité, participant de sa puissance vivifiante d’amour et de miséricorde. Corps du Christ, l’Église est le Peuple de Dieu et le Temple de l’Esprit. Nous sommes l’Église et il nous revient de la faire resplendir comme un matin de Pâques. Le Seigneur est là qui nous accueille dans son Royaume dont l’Église est l’anticipation malgré sa faiblesse et ses limites.

Présence miséricordieuse : la miséricorde se déverse sur le monde par le Cœur Sacré et Transpercé du Fils, vraie expression de l’amour sacré du Père par la grâce de l’Esprit. Miséricorde est l’autre nom de Dieu car « éternel est son amour ». On ne pourra jamais épuiser cette miséricorde qui est de toujours et pour toujours. On ne pourra jamais « fatiguer » le Père de nous pardonner par le Fils dans l’Esprit. Et même, si certaines situations de vie deviennent limites, la miséricorde est donnée à celui qui demande avec humilité et confiance. Nous vivons dans et par l’amour du Père. Nous n’échappons jamais à l’amour trinitaire.

Présence intérieure : le Ressuscité est présent en nous, dans nos cœurs et nos consciences. Il parle au cœur attendri et éclaire la conscience inquiète et en recherche. Qui nous ravira la paix intérieure et la certitude d’un amour paisible ? La prière est douce. La méditation est féconde. L’adoration est profonde. Nous marchons chaque jour dans la vérité d’une présence qui transforme nos vies pour atteindre la pleine humanité et la pleine filiation.

Les disciples ont vu le Seigneur et nous le voyons, nous-aussi à travers des signes et des personnes. Sa Parole est vivante dans l’Église et efficace dans les sacrements. Son amour est pour toujours, dans nos cœurs et dans le monde.

  1. 2. L’amour du Seigneur.

Jésus appelle à aimer. Il est là et demande notre amour. L’amour venant de Dieu nous envahit pour se répandre dans nos cœurs afin d’aimer à notre tour. Aimer Dieu et aimer les autres, s’aimer soi-même et aimer la création. L’amour est principe et fin. On se meut dans l’amour de Dieu, depuis la création et jusqu’en son Royaume car « Dieu est amour ». La question de Jésus à Pierre est pour chacun de nous : « M’aimes-tu ? ». La réponse jaillira spontanément de notre cœur.

Amour total : l’Apôtre Jean utilise le verbe grec « aimer » le plus haut dans la hiérarchie de l’amour. Il ne s’agit pas d’une attraction (amour= éros) ou d’une amitié (amour = philiae), il s’agit du don de soi (amour = agapé). C’est le nom de Dieu même. Jésus appelle à l’amour total et complet, plein de vie et de Dieu. Pierre ne se sent pas encore prêt à cet amour total, il répond par le verbe « aimer » concernant l’amitié. C’est pourquoi Jésus le lui demande 2 fois (amour= agapé) puis se rend au niveau de Pierre la 3ème fois (amour = philiae). Et malgré tout, et c’est peut-être le plus beau moment du passage évangélique, Jésus lui confie la charge de son Église, lui faisant confiance. Pierre prouvera par sa mort en martyr qu’il aura atteint l’amour demandé.

Réponse totale : nous-aussi, le Seigneur nous invite à aimer, non pas à un petit niveau mais au niveau de Dieu, englobant les autres niveaux dans la force de l’amour divin. « L’Eros et le Philiae » sont intégrés et sanctifiés pour être des chemins vers le plein amour « agapé ». Tout ce qui constitue notre être est transfiguré par la Résurrection. Notre réponse doit être totale.

  1. 3. Conclusion : « C’est le Seigneur ».

Jésus Ressuscité est présent de façon nouvelle. Il enveloppe l’univers et intègre nos vies. Sa Présence est réelle car elle est divine. Nous participons dès maintenant à cette vie nouvelle en lui, dans l’Église, par les sacrements et la prière, dans l’amour fraternel et l’éthique filiale.

Jésus ressuscité nous invite à aimer car l’amour est le nom de Dieu. Par amour, nous existons et dans l’amour, nous vivons. Par l’amour, nous sommes sauvés et dans l’amour, nous agissons dorénavant. Notre amour se doit d’être total malgré nos faiblesses, ou plutôt en intégrant nos faiblesses dans la force et la joie de Pâques.

P. Francis

 

This entry was posted in 2016, Année C, Français, Pâques, Père Francis. Bookmark the permalink.