ORDINAIRE 10 C

« Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi »

(Luc 7, 11-17)

Après ce long temps de fête et de solennités, nous nous retrouvons en Temps Ordinaire. Il va falloir vivre dans l’ordinaire de la vie tout ce que nous avons reçu et compris. La grâce nous a été donnée comme une force de vie et une possibilité de communion. Elle transforme notre existence pour nous « ajuster », nous  identifier au Christ et nous unir à la Sainte Trinité. L’Esprit agit et oriente. Le Fils pardonne et consacre. Le Père accueille et unit. Il y a ici une vie spirituelle à commencer, à maintenir et à développer. Nous sommes sur le chemin du Royaume qui se construit par nos mains et s’édifie par notre amour. Certes, la vie est difficile, les choix sont parfois dramatiques, la pression externe est forte, les tentations nous tiraillent. Certes, l’Ennemi ne veut pas notre libération et nous pousse vers l’esclavage qui prend tant de formes aujourd’hui. Cependant, nous sommes vainqueurs avec le Christ, fiers fils et filles du Père, dans la joie dynamique de l’Esprit. Nous sommes trinitaires. Nous sommes libres. Nous sommes les enfants de lumière en Christ.

  1. 1. Le Dieu de la vie.

Dieu nous veut en vie mais une vie libre et équilibrée, d’une juste autonome et réaliste, consciente de ses limites mais heureuse de ses possibilités. Une vie d’amour en somme. Il y a en nous une force de vie qui rejoint le Créateur et se transforme dans le Rédempteur pour s’épanouir dans le Sanctificateur. La vie humaine nous est donnée comme une chance. La vie divine nous est donnée comme un don gratuit et généreux. Vivons à plein cette grâce de ressembler au Très-Haut par son Fils ressuscité dans la joie de l’Esprit.

Créés pour vivre : la Création est un don de Dieu. La vie s’y développe et s’étend jusqu’au Ciel. Il nous faut défendre cette vie, de son origine à sa fin, comme une grâce et un chemin d’épanouissement. Il nous faut défendre le moindre souffle de vie comme un signe du Créateur. La saine écologie préserve la nature et les créatures tout en reconnaissant leurs limites et leur origine en Dieu. Il ne s’agit pas de faire de notre terre la « Mère-Terre », à la limite d’un néo- paganisme inquiétant, mais d’un lieu de vie où tous puissent vivre en paix et harmonie sous le regard paisible de Dieu.

Recréés pour vivre : la Rédemption a marqué nos vies. Elle a purifié les mauvaises intentions, démasqué les compromis malsains, pardonné les péchés et rendu possible la vie divine. Le Christ ressuscité, non seulement nous remet sur pieds mais nous propulse en Dieu. Il nous rend aptes au divin et à la communion trinitaire. C’est dire que notre être est transformé du dedans. L’être est sanctifié. Le corps est transfiguré. On ne peut séparer ce qui est de nature uni mais déséquilibré par le péché originel. En Christ, dans l’Esprit Saint, tout est remis à plat pour reprendre sa place dans l’harmonie personnelle. Christ nous donne la vie mais la vie divine. Il a restauré le perdu et le corrompu pour nous introduire dans une dynamique nouvelle, une vie nouvelle, la vie trinitaire. C’est là notre avenir et notre joie, dans l’amour.

Sanctifiés pour vivre : l’Esprit se charge d’accomplir la volonté du Père et de rétablir le lien et la relation. On a beaucoup à faire, beaucoup de redressements à opérer, beaucoup de morts à vivre. On peut parler de purification ou de conversion. De fait, le baptême nous purifie et change notre solidarité. La confirmation nous rend forts des dons de l’Esprit. Les sacrements nous plongent dans le divin. La prière nous met en présence de Dieu. La vie ecclésiale nous fortifie dans l’amour. Tout contribue à notre vie, à notre vocation à la vie, à notre rencontre avec la Vie.  Sans rêver d’un au-delà illusoire qui nous démobilise, il s’agit, depuis la venue du Fils, de vivre notre vie dans l’Esprit. Le quotidien est chemin vers Dieu. La matière et l’esprit sont chemin vers Dieu. La foi et la raison nous mènent à Dieu.  Au cœur de nos vies a surgi la Vie et la Vie nous entraîne vers la vie éternelle.

Nous sommes appelés à la vie, dès l’origine et pour l’éternité. La Création comme la recréation en Christ sont là pour nous rappeler cette vérité : Dieu est vie, il est amour. C’est en lui que ça se passe, en lui que la vie s’épanouit, dès maintenant. Notre quotidien est tremplin vers le Ciel.

  1. 2. Le Dieu de la force.

Le passage évangélique de ce jour est éclairant. Jésus rend la vie le fils d’une veuve. Il se montre ainsi comme le Maître de la vie et de la mort. En touchant, il guérit. En parlant, il relève. En aimant, il ouvre le Ciel. Il est le Seigneur.

Guérison en Jésus : pourquoi Dieu ne guérit-il pas les malades à notre simple demande ?  N’est-il pas le Dieu de la vie ? En Jésus, il a montré son amour et c’est par Jésus son Fils qu’il agit dans l’amour. Dieu répond à nos demandes selon sa volonté, en temps voulu, et selon une dynamique qui nous échappe. Il voit le cœur des hommes et sait ce dont ils ont besoin A nos demandes de guérison, il propose son amour qui guérit. Nous voyons l’extérieur et la matière, il voit le cœur et l’esprit. Il accueille en lui tous ceux qui lui font confiance.

Vie en Jésus : pourquoi rester loin du Christ ? Notre vie ne serait-elle pas plus sereine en sa compagnie ? Nous essayons souvent de vivre par nos propres forces, de maitriser la vie, de prévoir l’avenir. Certes, nous devons nous organiser mais cette construction n’est-elle pas fragile sans un enracinement en Dieu ? Peut-on construire sans fondations ? La Résurrection nous a entraînés dans la force de l’Esprit et l’amour du Père, c’est là notre force, ce sont là nos racines spirituelles et anthropologiques. Là se trouve la vie  et donc l’amour ! Sans le Christ, nous sommes ballotés par le vent des modes et des idéologies, à la merci des forces obscures. Nous sommes seuls. Avec le Christ, nous nous enracinons dans l’amour du Père, nous vivions de l’Esprit. Nous sommes emportés dans la vie trinitaire.

L’Évangile du jour montre toute la force du Christ et son amour miséricordieux qui rend la vie et nous rend à la vie.

  1. 3. Conclusion : la force de la Résurrection en nous.

Le Christ est le Fils : il montre sa puissance divine en rendant la vie aux morts et en guérissant.

Le Christ est le Fils ressuscité : il agit en nous, transformant l’être humain pour le rendre divin.

Le Christ est le Fils du Père : il nous entraîne en la Trinité, communion des Personnes Divines et Amour éternel.

Suivre le Christ n’est pas suivre un gourou ou un maître spirituel, c’est entrer dans la dynamique de la vie divine, c’est participer de l’amour trinitaire, c’est recevoir la vie éternelle dans la joie des fils et filles, par la force de l’Esprit pour la plus grande gloire du Père.

P. Francis

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