ORDINAIRE 27 C

« Augmente en nous la foi »

(Luc 17)

 

La requête des disciples nous étonne un peu. Ils demandent à Jésus d’augmenter leur foi, de pouvoir vraiment y croire, d’ouvrir leurs yeux sur l’invisible. Certes, ils ont Moïse et les prophètes, la Loi et le Temple. Ils croient au Dieu d’Israël et s’inscrivent dans une longue histoire de salut et d’Alliance. Fréquenter Jésus les porte à reconnaître un manque, un vide, une incompréhension. Ce Jésus qui appelle Dieu « Abba », qui vit en communion constante avec lui, qui a une confiance aveugle dans le Père, qui veut accomplir sa volonté… Ce Jésus les mène vers plus de profondeur et de vérité. Le risque des disciples est de se conformer aux pratiques religieuses sans s’interroger sur les valeurs qui les habitent et sans vivre une relation véritable avec ce Dieu qu’ils aiment sans voir. Il est facile de verser dans le rite ou les normes morales mais il est plus difficile d’entretenir une relation de communion, de vérité, d’authenticité avec Celui « qui est » et qui nous cherche. Jésus ne conduit pas seulement à la foi en ce Dieu qui se révèle son Père et notre Père mais il est objet de la foi, il est profession de foi, il est notre Chemin vers la plénitude de la vérité et de la grâce. Croire en Dieu, c’est croire aux Paroles de Jésus. Aimer Dieu, c’est aimer par le Cœur de Jésus. Agir en conséquence, c’est agir par le Christ. Il y a un déplacement certain qui nous mène à la vie.

  1. 1. Une foi profonde.

Parfois, pour faire court, on dit qu’on a la foi ou on ne l’a pas. C’est naturel ou pas en nous. Elle paraît si simple pour certains, plus travaillée pour d’autres. Elle est sérénité ou douleur selon les personnes. Elle produit la joie ou l’inquiétude. Nous sommes bien différents face à la foi. On nous traite de naïfs ou on nous envie. La foi est un acte gratuit qui éclaire la vie et produit l’amour. Elle illumine le cœur et resplendit sur le visage des croyants.

La foi est un don : on ne vient pas à la foi tout seul. Elle est un don de Dieu pour celui dont le cœur est pur et ouvert, pour celui qui est prêt à l’aventure. Ce don est octroyé à la jeunesse ou plus tard. Il s’invite en nos vies comme une pluie de printemps et rafraichit l’âme comme la rosée matinale. Le don de la foi est bien mystérieux car comme tout don, il est imprévisible mais conduit à la connaissance intérieure d’une réalité cachée et peu accessible. La foi ne s’oppose pas à la raison, elle vient l’illuminer d’une clarté nouvelle. Pourquoi Dieu fait-il ce don à l’un et pas à l’autre alors qu’il semble vital pour notre vie humaine ? Les cœurs sont-ils préparés à cet accueil ? Prier est donc essentiel pour avoir la foi mais prier c’est déjà croire ! Notre prière fraternelle est importante pour le don de la foi aux hommes.

La foi est une décision : si la foi fait irruption dans nos vies, la raison s’en mêle et les sentiments s’agitent. Il semble qu’il y ait conflit mais ce combat intérieur est salutaire car un don doit être accepté et valorisé. Il y a un défi, un pari. Alors que la foi, cette lumière paisible de l’Esprit, nous investit, une décision est nécessaire pour l’accueillir et s’y conformer. La foi ne vient pas violenter notre raison ni notre existence, elle veut s’inscrire dans notre quotidien comme une partie de nous-mêmes, comme un chemin de vie, comme une réponse aux questions fondamentales qui nous animent. Oui, je crois car cela est raisonnable et cela me nourrit. Je crois car la lumière m’envahit et mon cœur s’apaise. Je crois car l’amour est plus fort que mes forces de résistance et que mes objections. Je crois car je suis aimé et je veux aimer de cet amour éternel qui me conduit à la communion de la Trinité.

La foi est lumière : la foi n’est pas ténèbres mais lumière. Elle n’est pas obscurantisme mais connaissance. Elle n’est pas esclavage mais chemin de liberté. Elle n’est pas limite mais commencement. Elle n’est pas isolement mais fraternité. La foi est cette relation particulière et profonde qui porte à la communion et qui ouvre sur l’invisible. Elle donne ce que les yeux ne voient pas, ce que le cœur n’attend pas, ce que la raison n’a pas envisagé. Elle ouvre l’impossible et soulève les montagnes. Elle sait. Elle aime. Elle voit.

« Augmente en nous la foi » demandent les disciples à Jésus. C’est dire de leur ouvrir les yeux sur Celui qui est face à eux et qu’ils n’ont pas encore reconnu. C’est voir l’Éternel dans cet homme. C’est reconnaître la main de Dieu dans le Fils qui se révèle à eux. C’est révolutionner le monde.

  1. 2. Une foi active.

Croire est un acte libre et courageux. Il demande une décision personnelle en réponse à un appel du Père. La foi est action tout comme adhésion. Elle est charité tout comme amour de Dieu. Elle est signe tout comme espérance. La foi se concrétise en actes de vie et d’amour et se nourrit de la prière et des sacrements pour s’élever vers le Ciel tout en atteignant les profondeurs de l’âme. Elle soulève le monde et ouvre les Cieux. Elle est l’amour en acte.

Soulever les montagnes : Jésus nous assure qu’on peut déplacer les montagnes ou déraciner les arbres par une foi aussi petite qu’un grain de moutarde. Il y a bien des obstacles sur le chemin des hommes et bien des jardins en friche à cultiver. Par la foi, l’impossible devient possible, l’inattendu se fait voir et les murs de haine s’écroulent. La foi ne se laisse pas décourager ou intimider. Elle sait que la force de l’Esprit agit et que par son œuvre, tout est possible. C‘est la foi qui change la face du monde et qui agit quand toutes nos ressources sont épuisées. La foi ne se rend jamais et ne se considère jamais vaincue.

Partager l’amour : Jésus invite à aimer, aimer Dieu le Père et aimer son prochain. Il faut toute la force de la foi pour aimer et aimer au-delà des limites habituelles et bien naturelles. La foi au Dieu d’amour nous conduit à l’amour et cet amour se partage. Quand on aime, on veut partager cette joie et cette force qui nous animent. La foi se transmet comme une contagion d’amour qui s’épanouit en charité. Elle se partage comme une bonne nouvelle qui assainit nos vies et qui embellit l’avenir. La foi ne s’enferme pas dans les temples ou dans les cœurs, elle éclate de vie et déborde de nos frontières. L’évangélisation est ce partage d’un amour qui nous émerveille et que l’on souhaite partager.

  1. 3. Conclusion : croire, c’est aimer !

Jésus est objet de notre foi car il est le Fils et que par lui, nous découvrons le Père et recevons l’Esprit. Croire en lui, c’est croire en Dieu, ce Dieu d’amour, Trinité de communion dans l’unité de la divinité.

Jésus nous invite au service. Par amour, nous servons l’autre et nous touchons notre Dieu. Ce service est notre agir de foi et l’expression de notre amour. Plus on croit, plus on aime car plus on connaît et plus on reconnaît. Le signe de la vérité de notre foi, c’est l’amour que nous exprimons.

P. Francis

 

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