CAREME 2 A

Vêtu de lumière : la transfiguration

(Mat 17, 1-9)

Notre carême est un cheminement par étapes. Nous avançons vers la lumière de la Résurrection comme le catéchumène s’avance vers le baptême. Etape après étape, nous progressons dans la connaissance et dans la sainteté car la « grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles et maintenant elle est devenue visible à nos yeux… » (2 Tim 1, 8-10). Le Christ illumine notre esprit et notre raison mais aussi notre corps et nos limites, notre âme et notre amour. Il donne toute sa dimension à la vie humaine en l’emportant dans la vie divine. Notre union au Père en Lui par l’Esprit est la voie de l’éternité. Le carême nous aide à faire étape, à nous mettre « à l’écart sur une haute montagne » pour accueillir le don de la grâce de Dieu dans le Fils unique, mort et ressuscité pour nous. Parce qu’il est Dieu et Homme, le Christ accomplit la merveille de notre diviniser en nous plongeant dans la Trinité. Purifions-nous donc pour être dignes de cet amour !

  1. 1. La divinité du Christ

Il aura fallu aux disciples l’expérience de la Transfiguration pour saisir ‘quelque chose’ du mystère de Jésus. Il faudra la Résurrection pour saisir toute sa vérité. Comme prophète, Jésus s’inscrit dans la tradition biblique. Comme Messie, il répond aux attentes d’Israël. Comme Maître, il annonce une parole nouvelle. C’est comme Fils de Dieu qu’on s’approche de son cœur et qu’on touche son secret : sa communion profonde et ontologique avec Dieu, appelé Père, dans l’Esprit. La Transfiguration annonce la Résurrection et dévoile l’identité de Jésus. On comprend que les apôtres n’étaient pas prêts à entendre cette parole ou à saisir cette révélation. Patiemment, Jésus les forme et les introduit au mystère caché depuis toujours d’un Dieu communion qui aime parce qu’Il est amour.

Mystère du Christ : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ». La voix venue du Ciel n’en est que plus claire ! Elle désigne Jésus, non seulement comme un envoyé, messie ou prophète, mais comme le Fils. On a du mal à saisir cette relation entre Dieu et le Christ. On peut penser qu’il s’agit d’une adoption ou d’une préférence particulière dans toute l’histoire biblique ou même religieuse de l’humanité. De ceux qui se sont prétendus ‘élus’ ou ‘dieux’, l’histoire est pleine. On peut penser qu’il s’agit d’une figure de style pour ‘dire quelque chose’. On peut être effrayé de parler de divinité pour le Christ…  Il n‘en reste pas moins clair que la divinité du Christ est affirmée tout au long des Evangiles, non pas de façon théorique mais par dévoilement, à travers ses faits et gestes, à travers ses relations et ses ‘prétentions’ divines (pardonner, guérir, proclamer la loi…) mais surtout à travers sa mort (« celui-ci était vraiment le Fils de Dieu » Mat 27, 54) et sa Résurrection (« Dieu l’a ressuscité d’entre les morts » Act 13, 30). La foi en la divinité du Christ est le fondement du christianisme. Sur elle, reposent toute son espérance, sa vitalité,  sa progression, sa morale, sa charité… Cette foi est fruit de l’expérience pascale, anticipée à la Transfiguration dont les images et la lumière nous renvoient au divin. Nous participons de sa Résurrection  à notre baptême et nous goûtons de sa divinité dans les sacrements, vraie présence divine dans notre sensibilité toute humaine. L’Eglise est le lieu de cette expérience et de ce dynamisme.

Mystère de Dieu : « Ecoutez-le » nous dit la voix venue de la nuée lumineuse.  Ecouter le Christ est la volonté d’entrer dans une ère nouvelle, une réalité nouvelle, une relation nouvelle. Le Christ ne crée pas une religion, il ouvre à la communion à travers une révélation. S’il est le Fils, Dieu est Père. L’Esprit est le lien du Père et du Fils. Il faudra toute la force de la Résurrection pour entrevoir le mystère de Dieu et pour saisir la Trinité comme vérité sur Dieu. A partir de sa divinité reconnue, on perçoit la vitalité de relation en Dieu et la possibilité de l’unité dans la diversité. Unité de nature dans la diversité des Personnes ! La Transfiguration anticipe ce moment lumineux et béni de la révélation trinitaire. Les images employées, le lieu désigné, la magnificence du Christ, la luminosité de son visage « brillant comme le soleil » sont autant d’attributs divins donnés au Christ. Par sa divinité manifeste, se dévoile la Trinité bienheureuse. Il n’y a pas rupture avec l’Ancien testament, il y a continuité mais surtout summum d’une révélation progressive qui touche son pic. Moïse et Elie sont là pour le confirmer. La Loi et le prophétisme viennent corroborer ce qui était en attente et qui, par le Christ, éclate en plein jour. Notre démarche baptismale est, elle-aussi, une illumination et l’accueil de la nouveauté, de l’incroyable, du surprenant… du Christ Fils du Père dans l’Esprit !

  1. 2. La divinisation de l’homme.

Si Jésus est vêtu de lumière en sa Transfiguration, s’il est notre « soleil lumineux » au matin de Pâques, il nous entraîne avec lui. Nous ne sommes pas spectateurs passifs d’un drame divin ou d’un dévoilement merveilleux. Si le Ciel s’ouvre, c’est pour nous y accueillir et nous est transformer. Le carême nous aide à comprendre le pas accompli à notre baptême et nous pousse à entrer avec plus de conviction et de joie dans le ‘tourbillon’ d’amour en la Trinité.

Vrais fils/filles : si la tradition parle d’illumination et de transfiguration, elle utilise aussi le terme de ‘divinisation’. Nous sommes devenus fils/filles dans le Fils par grâce et pur amour. Tout en restant des êtres humains, nous accueillons la grâce divine qui nous transforme du dedans et nous unit à la Trinité. Non pas fusion ou confusion  mais relation et communion ! Notre futur en Dieu est amour. Ce futur éclaire notre humanité et dévoile qui nous sommes. Parce que fils et filles du Père dans le Christ par la force de l’Esprit, nous pouvons connaître la grâce de notre vocation humaine.

Vrais hommes/femmes : au-delàs des clichés ou même des légitimes et respectables recherches philosophiques sur la nature humaine, en Christ nous affirmons qu’être homme ou femme est du ressort de la filiation, c’est-à-dire de la relation libre et ‘divinisante’ avec Dieu comme Père, que l’humanité prend toute sa dimension dans l’amour trinitaire, que nous sommes vêtus de lumière comme le Christ de la Transfiguration, que l’Esprit Saint est le moteur de nos vies appelées à l’éternité dans l’amour !

  1. 3. Conclusion : le don de la grâce en Christ.

Le carême est un temps de grâce : savoir reconnaître le Christ lumineux et brillant comme le soleil de nos vies. Nous tourner vers lui pour nous comprendre et donner du sens à nos existences.

Le carême est un temps de grâce : savoir accueillir l’amour d’un Dieu qui, par le Christ ressuscité, s’est révélé Trinité, communion et relation. Nous purifier par nos pratiques pénitentielles (prière, jeûne et partage) et nous préparer à la rencontre.

Le baptême nous a revêtus de lumière : à nous de briller désormais pour notre monde.

P. Francis

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