CAREME 5 A

CARÊME 5 A

Créés pour la vie éternelle

(Jean 11, 1-45)

Le carême est vraiment un temps de grâce. Il nous permet, par nos efforts et nos méditations, de retrouver le sens de notre existence et d’en savourer toutes ses dimensions. Sans ce temps fort de retour à l’essentiel, on risque de s’enfermer dans une religion routinière et une foi somnolente. On risque de passer à côté de ce qui est important, tout en sachant ce qui est important : la vie en Christ et la communion en la Trinité. Toute notre existence prend racine en Christ et reçoit sa pleine dimension en la Trinité. On ne peut se permettre de rester oisif ou spectateur d’un drame divin qui est allé jusqu’au bout de l’amour. On est participant d’une plénitude, initiée à la Création, illuminée par l’Incarnation et révélée totalement à la Résurrection. Jésus va prendre occasion de la mort de son ami Lazare pour révéler le dessein de Dieu et annoncer l’amour comme point ultime de nos vies.

  1. 1. La communion avec le Christ en cette vie.

La mort de Lazare et son retour à la vie sont une illustration de la volonté de Dieu de nous ressusciter et de nous donner vie. Au-delà du drame humain face à la mort dont Jésus tient compte, il y a ici une révélation ou un dévoilement du Cœur de Dieu qui nous est donné par la Résurrection. Les disciples ont bien compris que ‘quelque chose’ se jouait là et ils ont pu, après l’événement pascal, comparer et interpréter. Lazare est rendu à la vie, à sa vie terrestre pour être exemple et témoin de l’œuvre de Dieu. Jésus sera ressuscité à la vie éternelle en touchant l’être de l’homme et en englobant l’univers. Lazare est le ‘type’ de ce qui doit arriver. Jésus est le ‘prototype’ de ce qui nous est donné. La réanimation de Lazare est l’occasion pour Jésus de préparer ses disciples au drame à venir mais surtout à l’Evénement merveilleux et extraordinaire de sa Résurrection. Notre vie en Christ nous ouvre la voie de la vie éternelle.

Touchés par l’Incarnation : prendre notre chair, c’est la sanctifier et en faire une voie de salut. Par son Incarnation, le Fils a touché notre chair et l’a assumée. Il l’a unie au divin en sa Personne Unique de Verbe de Dieu. Homme et Dieu, le Christ nous rejoint au plus profond de l’être, dans toutes ses dimensions et toutes ses potentialités. Par Lui, nous avons accès, malgré nos limites, à la présence divine. Et si nous en sommes incapables parce que pécheurs et limités, il nous en rend capable parce qu’il est le Fils. Notre humanité est donc aussi appelée à la Résurrection : humanité purifiée et transfigurée, humanité divinisée en Christ.

Touchés par la vie du Christ : prendre nos chemins, c’est sanctifier nos attentes et nos tâtonnements. Par sa vie terrestre, le Fils a touché nos constructions humaines en y insufflant la vie et l’amour. Tous les aspects de notre vie humaine s’en trouvent rassérénés et orientés vers le Royaume inauguré mais encore en formation dans le temps. Le Christ a béni notre terre et notre humanité. Il en a fait le trône du Père dans l’Esprit. Rien n’échappe à la dimension spirituelle. Tout est chemin vers Dieu.

Touchés par sa Résurrection : sortir victorieux du tombeau, c’est sanctifier notre univers en le plaçant en Dieu. Par sa Résurrection, le Christ retrouve sa ‘position d’origine’ quelque peu obscurcit par la kénose (l’enfouissement du divin dans son humanité). Le Christ est vainqueur de la mort et ouvre les chemins de la vie parce qu’il est le Chemin et la Vie. Sa Résurrection est propulsion du divin en nous et possibilité de notre propre résurrection. La grâce nous a atteints : présence de Dieu qui se concrétise par la communion en la Trinité, dans le quotidien et pour toujours.

Touchés par l’amour : aimer est donc le chemin de la vie éternelle. On ne peut saisir l’obéissance et l’œuvre du Christ qu’en plongeant dans l’amour des Personnes Divines. Envoyé par le Père et œuvrant  par l’Esprit, il est reflet de la gloire de Dieu et icône du Dieu Invisible. Par l’amour, nous entrons dans le mystère trinitaire et nous en vivons maintenant, en Christ.

  1. 2. La communion avec le Christ en la vie qui vient.

Le retour à la vie de Lazare nous place devant le mystère ultime de notre existence. Quel est le sens de cette vie, belle mais quelque fois difficile et douloureuse ? Quel est le sens de nos luttes et de nos tentatives de faire mieux ? Quel est le sens de cet amour qui est inscrit en nous et n’est jamais complètement assouvi ? Il y a bien des réponses et bien des insatisfactions. Jésus nous enseigne la Voie vers l’intériorité et par elle, l’accès au Ciel qui n’est autre que le Cœur aimant du Père ! Par l’Esprit, la vie en Christ est anticipation de la vie éternelle, communion en la Trinité.

Résurrection de la chair : tout l’homme est sauvé. Peut-on oublier sa dimension corporelle ? Nous affirmons dans le Credo la ‘résurrection de la chair’, même si nous restons pensifs et interrogatifs. Le corps transfiguré ou le ‘corps spirituel’ de St Paul (1 Co 15, 44 ; Rom 8)…  autant d’expressions pour parler d’une réalité qui nous dépasse. De la poussière, se lèveront les fils de la lumière pour une vie éternelle assumant cette dimension là aussi. Rétablis dans notre plénitude et transfigurés par la force de la Résurrection, nous entrons tout entiers dans le Royaume des Cieux, pour une vie sans fin.

Vie éternelle : sortant de notre dimension spatio-temporelle, nous pouvons atteindre enfin l’infini en Dieu. Non pas un ‘nirvana’ indéfinissable ou une déité innommable, encore moins un petit nuage ou un paradis reproduisant nos fantasmes d’ici-bas : la vie éternelle est vie de communion dans l’élan d’amour éternel  entre les Personnes Divines, participation au divin dans notre humain transfiguré. Notre vie terrestre est importante, on l’a vu par l’Incarnation et la vie du Christ. La vie éternelle est notre futur, notre avenir, notre ‘présent éternel’ dans l’amour trinitaire.

  1. 3. Conclusion : la Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ! (St Irénée)

Nous avons été créés pour la vie. La morale est recherche de cet équilibre dans la vie quotidien. Les Sacrements et l’Eglise nous entraînent dans la vie authentique. La vie spirituelle est participation à la vie divine. Nous sommes appelés à l’éternité par celui qui est la Vie et la Vérité. En vivant, nous glorifions le Père dans le Fils par l’Esprit. Notre prière même est glorification du Père par le Fils dans l’Esprit Saint. Notre vie en Christ est la porte pour une vie éternelle en la Trinité Sainte.

Laissons Benoît XVI conclure (lettre pour le carême 2011) : « La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l’obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui. La foi en la résurrection des morts et l’espérance en la vie éternelle ouvrent notre intelligence au sens ultime de notre existence : Dieu a créé l’homme pour la résurrection et la vie ; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l’histoire humaine, à l’existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l’économie. Privé de la lumière de la foi, l’univers entier périt, prisonnier d’un sépulcre sans avenir ni espérance. »

P. Francis

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