ORDINAIRE 17 A

« Le trésor caché »

(Rom 8, 28-30 ; Mat 13, 44-52)

La sagesse de l’Evangile est bien différente des conceptions habituelles entendues ou des valeurs sociales  véhiculées. Elle semble même s’opposer à nos positions et à nos réactions. Elle paraît parfois contradictoire sous bien des aspects. L’observateur se posera mille questions, ne comprenant pas que ses racines se trouvent en Dieu et en son amour. Certes, on a la sagesse de sa croyance ou de ses convictions. Ainsi, l’Evangile nous entraîne sur des chemins inconnus qui portent pourtant à la vie et à l’harmonie. S’il nous arrive d’être ‘tiraillés’ entre différentes valeurs, nous ne perdons rien à suivre la Parole, le Verbe de Dieu, Jésus le Christ, le Fils qui nous a ‘faits’ fils et filles par grâce en sa Résurrection. Notre sagesse est folie car l’amour est folie. L’amour est au cœur de nos vies comme il est l’être même de Dieu, Trinité d’amour et de communion. Recherchons donc ce trésor enfui en nous et qui croît dans l’amour pour s’épanouir en vie éternelle.

  1. 1. Quelle est notre identité ?

Qui sommes-nous donc ? Il y a bien des réponses à cette question. Toute la sagesse humaine a tenté de trouver des réponses et les voies entreprises sont bien disparates. Si Dieu existe vraiment et si Dieu est celui que le Christ nous a révélé, alors tentons nous-aussi une réponse qui nous vient de la Sagesse divine. L’Ecriture est cette recherche constante de relations pacifiques entre Dieu et l’humanité à travers des événements et des expériences personnelles ou communautaires. Elle nous parle de Dieu et nous dévoile son cœur et donc sa volonté sur nous comme aussi ses projets de nous ‘filialiser’. Jésus est l’ultime Parole du Père qui nous rend libres dans l’Esprit d’amour.

Créés autonomes et dépendants : sommes-nous des atomes perdus dans l’univers ? Sommes-nous le résultat du hasard ? Des causes aveugles ont-elles produit cet effet ? Si les sciences tentent d’expliquer légitimement l’évolution et le développement de l’univers, elles restent muettes sur le pourquoi ou le sens des choses. Ce n’est pas leur objet. Elles pourraient parler toutefois ‘d’intelligence’ mais s’abstiennent d’aller plus loin. Tout en reconnaissant les avancées scientifiques, astrophysiques et quantiques, nous pouvons en toute quiétude parler d’un désir, d’un projet, d’une volonté qui a dirigé cette évolution. L’idée de création ne s’oppose pas à la science évolutive. La sagesse nous dit que nous sommes créés par amour, par une volonté supérieure mais pour être libres et autonomes. La dépendance en création n’annule pas notre autonomie.

Sauvés et rétablis : sommes-nous des entités historiques balancées par des événements incontrôlables ? Nous faisons notre histoire même si bien des aspects nous échappent. Notre liberté s’exprime dans nos choix et nos orientations. Il est bien difficile de rester autonomes et libres dans le ballotement intempestif du temps et de l’espace. Si Dieu intervient, c’est pour rétablir l’équilibre ou pour nous parler au cœur. Il a envoyé le Verbe qui nous a tout dit de Lui et de son intimité. Le Christ nous a sauvés du péché et de l’esclavage en mourant pour nous. Nous sommes rétablis dans la dignité de notre création.

Baptisés dans la mort et Résurrection du Fils : sommes-nous des êtres sans visage et sans nom ? Sommes-nous des numéros dans un ensemble anonyme ? En participant à la vie, la mort et la résurrection du Christ, nous recevons notre nom et la lumière qui brille sur notre visage. Chacun est aimé pour ce qu’il est et sa vie s’illumine à la lumière du Christ. La création restaurée s’épanouit dans le Royaume des cieux, présence vivifiante et aimante de la Trinité en nous et dans le moindre atome de l’univers.

Fils et filles adoptifs : sommes-nous des esclaves des événements, de l’évolution ou même d’un Dieu sans visage ? Nous avons reçu un nom nouveau en celui qui s’est donné pour nous. Non pas spectateurs mais acteurs et participants de l’événement pascal, nous sommes emportés par l’amour pour « être l’image de son Fils » (Rom 8, 28-30). Appelés, justifiés et glorifiés, nous entrons dans cette relation filiale qui donne sens et vérité à nos vies. La création aspirait à plus, elle reçoit tout dans le Christ ressuscité. Seul l’amour pouvait faire ‘ce miracle’ : création, restauration, glorification ! La Trinité est notre origine et notre objectif car l’amour est au début et à la fin, il nous englobe pour l’éternité.

  1. 2. Quel est notre trésor ?

On comprend mieux ainsi les paraboles du trésor ou de la perle précieuse. Quand on trouve l’amour ou que l’on comprend sa force au cœur de la création et de la recréation, on est prêt à tout ‘vendre’ ou à tout risquer pour lui. Ce trésor est en nous et se laisse percevoir dans nos choix et notre tendresse. Il est bien au-delà des richesses ou du pouvoir, bien différent des valeurs mortifères ou aliénantes, bien distinct des illusions ou des promesses creuses. Ce trésor, c’est la richesse du Royaume, la présence du Christ qui ouvre le cœur du Père dans l’Esprit, c’est l’amour de la Trinité répandu dans l’univers et dans les cellules de notre corps, dans les soubresauts de notre psychoaffectivité, dans les méandres de notre raison, dans les aspirations de notre amour, dans nos désirs d’infini et de beauté, dans notre dignité d’homme et de femme !

On comprend mieux qu’on ne peut être fils ou filles sans liberté ni autonomie, sans recherche sincère de la vérité et le retour vers le Père après les égarements et les erreurs, sans pardon après le non-amour ou la descente vers l’esclavage et l’enfer. Salomon demandait la sagesse (1 Rois 3, 5. 7-12) et Dieu l’a béni. Mais Dieu ne se contente plus de donner la sagesse, si belle soit-elle, il donne son Fils, il donne son Esprit Saint,  il se donne Lui-même, Lui Source et Origine, Principe de tout et Amour en tout. Notre trésor, c’est la Trinité elle-même, communion et participation. En accueillant ce trésor, nous devenons nous-mêmes, c’est-à-dire fils et filles adoptifs mais réels, au cœur de la divinité qui est amour des Trois dans Unité de la nature. Quoi de plus beau ou de plus exaltant que d’être au cœur du mystère et que ce mystère soit l’amour divin éternel ?

  1. 3. Conclusion : tout perdre pour gagner dans l’amour.

Les contradictions apparentes de l’Evangile nous entraînent vers la vérité de notre création et la réalité spirituelle de notre nature humaine. Elles nous demandent de passer dans un ‘autre monde’, celui voulu par le Père et qui correspond à ce que nous sommes comme hommes ou femmes et à ce que nous sommes devenus en Jésus-Christ, comme fils et filles du Père. L’agir doit sourdre de notre être. Notre sagesse s’en ressent dans toute sa splendeur.

Si se perdre, c’est se trouver et si donner, c’est recevoir, alors mourir à nous-mêmes, c’est vivre et vivre, c’est aimer ! L’amour est la seule chose qui vaille la peine de se donner, de se sacrifier, de mourir. L’amour est notre trésor car c’est le nom même de Dieu, Père et Fils et Esprit Saint, c’est dieu Lui-même, communion éternelle où nous sommes appelés.

P. Francis

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