ORDINAIRE 25 A

« Allez, vous aussi, à ma vigne »

(Mat 20, 1-16)

On entend beaucoup parler de ‘nouvelle évangélisation’, de renouveau chrétien, de renouvellement et de retour aux sources. Il est vrai que nos ‘vieux pays chrétiens’ vivent des temps difficiles et qu’il semble qu’ils délaissent ce qui les a constitués. On note même un retour au paganisme, dans la pratique et dans la théorie. L’Evangile n’aurait été qu’une greffe qui n’a pas pris et qu’il convient de couper pour revenir aux valeurs d’avant son annonce. Le retour du paganisme se note aisément dans les chansons, au cinéma et dans la philosophie.  Des rites qu’on avait crus disparus reviennent en force, accompagnés de chamanisme et de satanisme. L’Evangile et, par lui, l’Eglise, a-t-il échoué ? Pourquoi ce rejet systématique de tout ce qui fait notre héritage chrétien ? Pourquoi cette violence verbale et physique contre ceux qui se disent ‘enfants de lumière’ ? Pourquoi nos valeurs sont-elles bafouées et ridiculisées ?  Pourtant, l’Evangile reste une  espérance pour bien des populations en recherche. Il fait même son retour dans nos sociétés saturées de matérialisme et d’hédonisme. Dieu revient-il en  force ? Mais de quel Dieu s’agit-il ? Espérons qu’il soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus le Christ, le Fils de Dieu, qui nous remet l’Esprit d’amour. Aujourd’hui, notre témoignage est essentiel. L’évangélisation reste à faire.

  1. 1. La mission est impérative.

Jésus a envoyé ses disciples annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Deux par deux, ils ont porté sa Parole et ont annoncé l’espérance en marche. Le Ressuscité a fait de même : ‘Allez, de toutes les nations, faites des disciples et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mat 28, 19). La mission est impérative et constitutive de notre vocation chrétienne. Elle grandit en nos cœurs quand l’amour grandit. Elle s’approfondit quand la connaissance se développe. Elle devient naturelle à celui qui se sait témoin. Comme le dit si bien St Paul : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile» (1 Cor 9, 16). Déjà les prophètes parlaient de feu qui brulait leur cœur et leurs lèvres. Ce feu brule-t-il en nous ? Benoît XVI se désole qu’on ne soit pas assez ‘témoins de la lumière’ qui nous fait vivre (sept 2011). Ainsi donc, témoigner et annoncer. Mais quoi donc ?

Témoins des merveilles de Dieu : annonçons les merveilles de Dieu, sa création, sa beauté, sa bonté, sa providence. Annonçons qu’il est proche et qu’il nous aime. Dieu a fait merveille, dans l’univers, dans le monde et en nous. Il a fait merveille par son Fils, envoyé pour nous sauver et nous donner une vie nouvelle. Il a fait des merveilles en nous, en nous appelant, en nous choyant, en nous libérant. Ceci n’est-il pas à partager ?

Témoins de la lumière qui brille en nous : annonçons la lumière qui brille en nous, cette lumière qui s’allume en nos yeux quand nous parlons de Lui, cette lumière qui illumine notre quotidien et qui nous le fait percevoir dans les petites choses de la vie. Annonçons que la lumière est contagieuse et qu’elle est assez forte et puissante pour illuminer le monde par l’amour, l’harmonie et la passion du divin. Quand nous avons été baptisés, la lumière s’est répandue en nos cœurs pour briller dans nos corps et dans notre intelligence.  Ceci n’est-il pas à partager ?

Témoins du pardon et de la joie : annonçons notre joie de croire et d’être aimés, d’être pardonnés, la jubilation d’aimer à notre tour pour vivre de l’amour communion de la Trinité Sainte. Annonçons l’allégresse de communier à l’éternité et à la vie bienheureuse de la Trinité. La vie chrétienne est joie et paix dans l’Esprit Saint. Le sacrifice lui-même est don joyeux de soi-même et offrande d’amour au Père par le Fils dans l’Esprit. La joie est communicative car elle est vraie et profonde, elle touche l’être et lui donne la quiétude. Ceci n’est-il pas à partager ?

Témoins de la Bonne Nouvelle : annonçons la Nouvelle, Dieu nous aime, il n’est qu’amour. Son Fils nous l’a révélé par sa croix et nous partage sa divinité par sa Résurrection. L’Esprit est là qui témoigne en nous et, par ses sept dons sacrés, anime nos vies et les sanctifie. Par cet amour, nous devenons les enfants de Dieu. La filiation adoptive nous est donnée afin de partager la vie trinitaire et communier dans l’amour pour l’éternité. Ni le mal ni la mort n’ont le dernier mot. Le christianisme est communion avant d’être une institution, partage dans l’amour avant d’être une éthique, offrande de soi avant d’être un rite. Cette espérance n’est-elle pas à partager ?

  1. 2. La mission est une école de vie.

Par pudeur, nous hésitons à parler de choses aussi intimes. Nous nous sentons démunis quand vient le moment de parler et de témoigner. Il y a des temps pour cela mais c’est toujours le temps de vivre et d’aimer. Notre attitude est bien souvent notre premier témoignage.

Temps de vivre : le quotidien est notre réalité. On nous regarde vivre. On sait immédiatement si nos attitudes correspondent à nos valeurs et à nos croyances. On est souvent jugé sur l’extériorité. Plût à Dieu que nos valeurs et nos choix s’harmonisent en vérité ! Même si cela n’est pas toujours facile, la vie nous aide à approfondir notre foi et notre amour.

Temps de parler : il est des temps pour parler directement de ce qui  nous anime. Ce moment est personnel et doit être plein de sagesse. Il ne s’agit pas de heurter ou d’imposer mais de partager la lumière et de la proposer comme raison de vivre et choix d’existence. Inviter l’Esprit à parler par nous et parler du Christ avec son cœur afin que le Père soit glorifié.

Temps d’enseigner : quand les cœurs sont ouverts à la Parole divine, on peut annoncer la vérité de la foi et l’amour en Dieu. Faire connaître pour mieux aimer et aimer pour mieux connaître. L’enseignement est toujours un geste d’amour car il vient du cœur et touche la vérité. Certes, il faut soi-même prendre le temps d‘apprendre plus, d’articuler les notions de foi, d’harmoniser tout le bagage spirituel de notre Eglise, de prier. Dans la simplicité et avec son cœur, on peut alors proclamer la Bonne Nouvelle,  en laquelle nous croyons et qui nous vient de la Tradition Apostolique.

Temps de baptiser : quelle joie de porter un ami au baptême ! Quelle joie de porter un baptisé oublieux à la confession et au renouveau ! Quelle joie de partager l’amour dans l’Eucharistie! Quelle joie de marcher ensemble vers le Royaume qui n’est autre que le cœur de la Sainte Trinité !

  1. 3. Conclusion : annoncer l’amour du Père par le Fils dans l’Esprit !

La mission est une responsabilité donnée par le Christ lui-même. Elle est impérative comme le souffle qui anime nos vies. Elle est plus qu’une tâche, elle est vitale pour la vie du monde.

La mission est un témoignage de ce qui nous fait vivre et nous dynamise. Elle partage des valeurs et des convictions mais surtout une relation vitale et capitale, la relation d’amour qui vient de Dieu et s’épanouit en Dieu, Trinité Sainte, Dieu d’amour et de communion. Partageons donc cet amour !

P. Francis

This entry was posted in 2017, Année A, Français, Ordinaire II, Père Francis. Bookmark the permalink.