ORDINAIRE 27 A

« Il planta une vigne »

(Mat 21, 33-43)

Nous sommes héritiers d’une longue histoire. Nous avons reçu de nos ancêtres un esprit et des valeurs. On se situe souvent dans la vie en fonction de cet héritage et de cette lignée. On dit généralement qu’on n’a pas d’avenir si on n’a pas de passé et que le présent reflète la force qui nous vient d’ailleurs, force assimilée et enrichie à chaque génération. Notre histoire religieuse est à penser de la même façon. Nous sommes héritiers d’une promesse, fruit d’une révélation. Nous n’avons rien inventé, nous avons tout reçu. La transmission de la foi, enrichie et développée à chaque étape historique de notre Eglise, est essentielle à notre survie mais surtout à notre vie spirituelle, orientée vers la communion trinitaire. De l’appel d’Abraham à l’Incarnation du Fils, de la Résurrection à la Pentecôte, de la Tradition Apostolique à notre Eglise actuelle, il y a une même histoire d’amour qui se transmet, se partage et s’embellit.  Si Dieu a voulu se révéler Père par son Fils, c’est pour faire de nous ses enfants dans l’Esprit Saint. Gratuité d’un amour et générosité de la grâce. L’adoption filiale est le don le plus grand qui nous a été octroyée par le Fils Unique dans l’Esprit d’amour. Si cette histoire est lumineuse, elle a été parfois chaotique et peccamineuse. Elle reste pourtant notre histoire à nous, celle qui nous concerne et illustre notre cœur, nos difficultés et nos avancées. Elle parle de nous. Elle parle de Dieu. Elle parle de communion et de rendez-vous à ne pas manquer.

  1. 1. La vigne du Seigneur.

L’Ecriture utilise des images et des paraboles pour mieux percer nos cœurs et pénétrer nos esprits. Ces images nous parlent car elles touchent notre quotidien et nos symboles. Même si le monde a changé et que la réalité actuelle s’éloigne des images traditionnelles, il n’en reste pas moins vrai qu’il reste un fond symbolique qui rejoint notre inconscient et nos valeurs. La vigne fait partie de ces images-là, celles qui ouvrent nos cœurs à des valeurs ancestrales et communes. L’Ecriture prend la vigne comme exemple des relations amoureuses entre Dieu et son peuple. Quand on comprend que la vigne, « c’est la maison d’Israël », la propriété bien gardée du Seigneur, entourée et choyée, on comprend à quel point Dieu s’intéresse à nous. Les prophètes ont reproché aux responsables leur manque de conscience et d’engagement. Jésus, dans la même ligne, reproche aux « chefs des  prêtres et aux scribes » d’abandonner la vigne et de se détourner de leurs responsabilités. Le risque alors est de perdre cette position et de se voir retirer « le fermage ».

La vigne ou les ceps délicats : on sait tous à quel degré la vigne est délicate. Les ceps demandent un travail patient et une surveillance constante. Il n’y a pas de vigne fructueuse sans travail, sans patience, sans persévérance. On sait que les grêles peuvent tout abimer, que l’orage peut tout anéantir, que la maladie peut tout exterminer. La vigne est une plante si délicate que le moindre incident devient un incident majeur. La vigne, c’est le peuple de Dieu. Il est lui aussi délicat et fragile. La moindre chose peut l’anéantir ou le détourner de son Seigneur. Les vignerons ont donc une mission importante et une attention particulière à fournir.

La vigne ou la moisson abondante : on sait que la vendange est un moment particulièrement faste de l’année. On vient de partout. On se solidarise. On parcourt les vignes pour tester la maturité du raisin. On se met d’accord sur le moment du début des vendanges et on se met au travail avec toute son âme. La fatigue n’est rien face à ce moment magique où le raisin est ramassé, pressé, transformé. La vigne du Seigneur, c’est son peuple. Il a lui aussi ses moments de maturité et ses moments de fatigue, ses temps d’abondance et ses temps de détresse, ses fastes et ses pleurs. Les vignerons sauront-ils porter les ceps à maturité pour rencontrer le Seigneur ? Sauront-ils laisser mûrir le raisin pour qu’il porte du fruit ? Sauront-ils tirer le meilleur de la vendange ?

La vigne ou le vin des noces : on sait tous que le but de ce travail est la production du vin. Le vin est le fruit bienheureux de ce long processus fait d’attente, de patience et de souffrance. S’il réjouit notre cœur, c’est parce qu’il est apparu dans la douleur et l’attente. Le vin des noces, c’est la rencontre spirituelle entre le Seigneur et son Peuple, une rencontre de joie et de profondeur, de communion dans l’amour. La vigne donne son fruit, donne son vin et ce vin sera en fonction de notre travail, un vin capiteux ou un vin aigre.

Le Seigneur a confié ce travail à des vignerons. Ceux-ci ne se sont pas toujours montrés à la hauteur. Ils ont ‘abusé’ de la vigne, profité d’elle jusqu’à la rendre insignifiante. Le Seigneur l’a confié à d’autres vignerons. Nous sommes ces vignerons, missionnaires conscients et humbles, amoureux de Dieu et passionnés de l’humanité.

  1. 2. La Pierre angulaire.

Si les responsables d’Israël, la vigne du Seigneur, se sont montrés incapables de porter du fruit, les responsables du Nouvel Israël sont interpelés de la même manière. Le Seigneur a donné sa vigne en fermage à d’autres vignerons, ceux qui suivent son Fils sur le chemin de la croix et le chemin de la lumière, ceux qui font de la Résurrection le flambeau de leur vie et qui vivent de l’Esprit Saint.

Le Nouvel Israël : l’Eglise est le Nouvel Israël. C’est un de ses titres. Les Apôtres ont reconnu Jésus de Nazareth comme le Messie et l’ont suivi jusqu’au martyre. L’expérience pascale leur a dévoilé son identité véritable, sa divinité, son lien particulier avec Dieu son Père. Il est le Fils Bien aimé qui porte toute sa grâce. L’Eglise porte cette Bonne Nouvelle au monde, héritière de l’Ancien testament et annonciatrice de la grâce du Nouveau testament. Et comme nous sommes l’Eglise, nous sommes responsables de son rayonnement et de son épanouissement. Tous missionnaires de la Bonne Nouvelle, tous annonciateurs de la filiation adoptive, de la grâce de communion en la Trinité Sainte.

Le Nouveau Pasteur : le Christ est le véritable Pasteur, le Vigneron par excellence, la Maître de vie et le Donneur de grâce. Parce qu’il est le Fils et qu’il a été obéissant jusqu’à la mort, il a révélé sa puissance divine et son origine céleste. Hors de lui, point de bénédiction ni de salut ! En lui, tous reçoivent bénédiction et grâce. Il tient en main l’univers et la création reflète sa gloire. Croyants ou pas, nous sommes tous dépendants de lui et le salut est donné selon sa volonté divine et l’acceptation de sa seigneurie. On ne sait comment il sauve les non chrétiens mais il touche les consciences et travaille au cœur de l’être.  Laissons son amour faire les choses !

  1. 3. Conclusion : annoncer dans l’amour !

Nous n’avons jamais été abandonnés par Dieu. Les pasteurs ont failli à leur tâche. Dieu a envoyé d’autres vignerons à sa vigne. Il a envoyé finalement son Fils qui en se donnant totalement à montrer tout l’amour du Père pour ses fils et filles. Le Christ est notre Pasteur. Le suivre, c’est cheminer vers le Père, c’est vivre de l’Esprit Saint, c’est entrer dans la communion éternelle de la Trinité Sainte.

P. Francis

 

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