ORDINAIRE 28 A

« Venez au repas de noce »

(Mat 22, 1-14)

Après celle de la vigne, l’Evangile nous propose une autre image forte, celle du repas. Manger ensemble est un acte humain fondamental et symbolique. Il s’agit de partager l’amitié de son hôte et d’entrer dans son intimité. Pendant le repas, respecter les règles culturelles et les règles de politesse est très important. On sera jugé sur son attitude comme on peut juger de l’accueil de l’autre dans le faste du repas. On comprendra la bonne volonté de l’autre dans son aisance ou sa nervosité. On saura du moment propice dans l’organisation et l’évolution du repas. Les religions ont développé des ‘repas sacrés’ qui sont supposés mettre en rapport avec le divin. Les offrandes sont accueillies comme signe de soumission ou de dévotion. Jésus lui-même nous invite à commémorer sa Pâques dans un repas où le partage du pain et du vin est communion à sa divinité et à la grâce pascale. La joie du Royaume est signifiée par le grand banquet où toutes les nations se réuniront pour célébrer la victoire de l’Agneau et l’amour du Père dans l’Esprit. Il s’agit d’un repas de noce, par lequel l’humanité s’unit à son Seigneur pour une vie de communion et d’amour dans l’éternité, par le Christ vainqueur, dans l’Esprit d’amour du Père et du Fils. Revêtons donc le vêtement des noces !

  1. 1. Le repas du partage

La Bible aime les repas. On les trouve à chaque livre et aux moments importants de la révélation. Il s’agit d’être ensemble et de découvrir l’autre, de se dévoiler, de se reconnaître. Dieu prend cette image comme signe de son désir d’être avec, de servir, de rencontrer. Le repas est un symbole du vivre ensemble et de la solidarité, un symbole de paix et d’Alliance. L’Alliance est scellée par un repas pour montrer la vérité du partage et la profondeur des nouvelles relations. Cependant, il faut dépasser les signes extérieurs du repas pour comprendre les liens spirituels et intérieurs qui se créent, qui se développent et s’épanouissent dans l’amour. Le repas devient repas de fête quand les cœurs s’unissent dans la tendresse et le respect mutuel.

Un repas pour se connaître : Dieu s’est fait connaître. Il invite à accueillir cette connaissance pour rejeter toutes idées préconçues ou fausses à son sujet. Dieu n’est pas une idole ou un dieu créé de toute pièce. On ne peut l’enfermer dans des statues ou des temples. Il est le Maître et le Créateur, bien plus proche qu’on ne l’imagine. L’Alliance saura montrer son visage et sa volonté. La Révélation saura parler de lui et de son Être. Son action et sa Providence sauront montrer son amour et sa proximité. Il reste à nous défaire des fausses idées sur Dieu et à accueillir la révélation de son identité en accueillant son Fils unique, le Bien Aimé qui est le reflet de son Visage.

Un repas pour s’apprécier : Dieu a dit toute sa tendresse et sa volonté de communion. Il arrive qu’on ait peur de lui ou qu’on s’imagine le pire. Comment peut-on craindre celui qui nous aime sinon en craignant de l’offenser ? La ‘crainte de Dieu’ n’est pas la peur de Dieu. Elle consiste à frémir de sa présence et surtout à craindre de perdre cette présence. Si Dieu se réjouit de notre bonté, il ne voit que notre beauté humaine, créée dans l’amour et sauvées par le Christ dans l’amour. Dieu nous apprécie plus que nous-mêmes parce qu’il nous aime comme un Père et qu’il sait de quoi nous sommes faits. Il est plus optimiste que nous sur l’humanité !

Un repas pour communier : Dieu nous invite à la communion. Non pas une petite rencontre en passant, histoire de le louer pour sa grandeur et de reconnaître notre petitesse. Non pas comme un maître qui exige le respect de ses esclaves. Non pas comme une divinité arbitraire et écrasante dont on subirait le châtiment et les colères. Dieu nous invite à la communion dans son amour, une vraie communion des cœurs et des esprits, une communion qui transforme notre être et notre corps, qui nous fait passer du statut de créatures au statut de fils/filles, d’enfants privilégiés et choyés, de fils/filles dans le Fils par l’Esprit. La communion n’est autre que la communion trinitaire où l’amour des Trois se déverse sur l’univers et en nous.

Le vêtement des noces dont parle l’Evangile est cette préparation du cœur à la rencontre avec son Seigneur, une transformation de l’être, une reconnaissance de notre personne comme personne filiale, en relation, certes mais en communion surtout.

  1. 2. Salut universel.

Toute l’humanité est appelée au salut par le Christ. Nous chrétiens, baptisés dans la mort et Résurrection du Christ, avons le privilège de savoir et de croire, le privilège de vivre dès maintenant de cette communion trinitaire, le privilège d’aimer. On ne peut que souhaiter la même grâce à tous les hommes, la même révélation, le même partage dans l’amour. Nous ne pouvons garder pour nous cette Bonne Nouvelle, cette exubérante joie, cette flamme ardente. Là se trouve l’origine de la mission et de l’évangélisation. Non pas pour porter une soi-disant culture supérieure ou pour sortir l’humanité de l’ignorance, mais pour partager ce qui nous anime et brule en nous, pour partager l’amour d’un Dieu qui est Amour parce que Communion et donc Trinité.

Tous invités aux noces : Dieu nous envoie pour parler de lui, pour témoigner et pour partager sa vie et sa grâce. Personne n’est exclu. Personne n’est indigne. Personne n’est trop loin de Dieu par son refus ou sa vie chaotique. Les voies du Seigneur sont nombreuses pour atteindre l’humanité dans sa diversité. Jusqu’au bout, nous devons proposer et aimer. Jusqu’aux extrémités de la terre, le message d’un Dieu qui aime, se donne, partage et unit à lui, doit être annoncé et divulgué.

Tous revêtus de l’habit de fête : si tous sont invités, tous doivent revêtir l’habit qui sied et qui les fera reconnaître par le Père. Cet habit est celui de la foi, de l’espérance et de l’amour pour ceux qui croient. Cet habit sera celui de la conscience et de la responsabilité pour ceux qui ne savent pas. Il y a toujours le risque d’être mis dehors quand la liberté a été mal utilisée ou abusée. Mais il y a surtout le risque de sombrer dans l’amour, celui de la Trinité Sainte qui n’est qu’amour !

  1. 3. Conclusion : appelés par l’amour !

Nous aimons partager le repas ensemble et vivre ce moment intense. Dieu nous y appelle lui-aussi. L’Alliance est un partage de joie et de responsabilités, un échange fraternel et fondamental, une transformation vitale et profonde.

Nous aimons partager ce qui nous fait vivre. Dieu nous fait vivre car il est Vie et Lumière. Le Banquet des noces est le lieu de la rencontre où chacun, dans le respect de sa nature, prend l’autre par la main et le mène à la danse.

Nous aimons partager l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit, communion éternelle qui ne se comprend et ne se vit que dans l’amour. Mettons donc notre plus bel habit de fête et entrons !

P. Francis

 

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