AVENT 1 B

« Veillez »

(Marc 13, 33-37)

Nous commençons une nouvelle année liturgique. Nous allons passer à travers tous les événements concernant Jésus de Nazareth et pourrons pénétrer son mystère de Fils. De sa naissance à sa mort et Résurrection, de l’écoute de son message et à la contemplation de ses œuvres, nous pourrons goûter à l’amour du Père exprimer dans la vie du Fils, grâce à l’Esprit qui nous est donné pour ‘comprendre et voir’. L’année liturgique est une aventure spirituelle. Elle introduit dans la profondeur de l’existence de Dieu et nous aide à participer de cet amour qui se donne et qui nous emporte vers la Trinité Sainte. La ‘répétition’ des rites et le retour des fêtes sont une chance à l’exemple de l’athlète qui répète inlassablement le même geste pour le préciser et le performer, pour aller plus loin, pour dépasser ses limites.  L’Avent est la première étape de ce cycle nouveau qui nous introduit dans une vie nouvelle pour atteindre la vie éternelle. L’Avent prépare à Noël et habille le cœur de joie et de fête. Nos traditions de l’Avent (couronne, calendrier…) sont la réponse simple et ingénue à une invitation, celle qui nous vient de Dieu lui-même, invitation à venir ‘voir’ l’Enfant de Bethléem et ainsi ‘voir’ le mystère divin à travers l’humanité du Fils. Temps de l’attente par excellence, l’Avent est aussi un temps de veille qui nous met en éveille et qui creuse le désir de la rencontre.

  1. 1. L’Avent : temps de l’attente.

L’Avent est quasi contradictoire. Alors que nous savons déjà de la naissance du Christ, de sa vie, de sa mort et de sa Résurrection, alors que nous contemplons son Ascension et le don de l’Esprit, alors que nous célébrons sa victoire et l’avènement de son Royaume, nous nous tournons une  fois de plus vers sa naissance. Les textes liturgiques parlent de sa venue en gloire et nous nous attachons à sa venue en chair. Les textes anticipent la manifestation glorieuse du Fils sur l’univers et nous nous penchons sur l’événement simple et déconcertant, presque insignifiant, d’une naissance dans un village pauvre et sans intérêt de Judée. Le Christ n’est-il pas victorieux en sa Résurrection ? Sa venue n’est-elle pas notre attente véritable ? Cependant, sa ‘première venue’ est tout aussi significative puisqu’elle a initié le mouvement de rédemption et l’octroi de la grâce pour tous ceux qui veulent croire et participer à la communion trinitaire. De l’attente de la manifestation définitive du Règne de Dieu, nous retournons à l’humble manifestation de Dieu en Jésus Christ, l’une fécondant l’autre ou la première symbolisant la définitive.

L’attente ou le désir de Dieu : nous cherchons Dieu. Nous le cherchons parfois désespéramment. Beaucoup le cherchent dans la souffrance ou par des moyens étonnants. Ce désir est inscrit en nous : désir d’infini et d’espaces spacieux, désir de grandeur et de dépassement, désir de communion et de sens. Le désir de Dieu est comme une trace de sa présence en nous, une trace de son passage quand tout nous semble amère et sans consistance. L’Avent creuse ce désir et y répond. Il crée en nous une tension vers la naissance de l’Enfant qui se révèlera le Fils de la promesse et l’icône du Père. L’Avent unit la tension vers Bethléem et la tension vers l’infini du Ciel, en Dieu.

L’attente ou la conversion à la présence de Dieu : nous voulons en savoir plus sur Dieu et contempler son visage. Désespérément, nous le cherchons et cela prend parfois des chemins tortueux. Il s’agit pour nous de nous convertir à une présence réelle, en nous et dans le monde, dans les sacrements et dans la communauté, dans l’adoration et la contemplation de la Trinité. L’Avent convertit nos mœurs et nos esprits à la réalité de l’incarnation de Dieu dans notre chair et à sa présence, non pas dans les nuages, mais dans ce monde aimé de lui et dans l’humain, créé et transformé en lui.  L’Avent fait de nous des ‘chrétiens’, des contemplatifs émerveillés d’une présence déconcertante en Christ.

L’attente ou la grandeur de l’amour : nous cherchons désespérément l’amour. Aimer et être aimé font partie de nos vies et cela prend parfois des aspects contradictoires. L’amour taraude nos existences car il donne sens et consistance à nos vies. Le Dieu d’amour a inscrit cela en nous. L’Avent creuse ce désir d’amour et le comble dans l’accueil de Celui qui va aller jusqu’au bout de cet amour. Qui mieux que Jésus a su en parler mais surtout a su en témoigner jusqu’au sang ? Noël nous redit cet amour gratuit et innocent. C’est pourquoi Noël touche les cœurs, au-delà des convictions. Il touche nos cœurs de croyants, sereins dans l’amour donné.

L’Avent est ce temps offert pour entrer dans le mystère. Le mystère n’est pas seulement connaissance de Dieu, il est participation à l’existence de ce Dieu révélé par l’amour partagé.

  1. 2. L’Avent : temps de veille

Jésus invite à veiller, à se préparer, à habiller son cœur. Il nous invite à la rencontre de Celui qui aime et nous veut avec lui. Veiller signifie alors se mettre en attitude de réception et ‘décorer’ sa maison dans la joie de cette visite impromptue qui enflamme le cœur.

Cœur en éveille : se mettre en éveille, c’est se laisser traverser par la soif de vivre et d’aimer, c’est ouvrir son cœur à la présence aimante et se plonger dans la joie de la Trinité. Cœur qui désire le bien et la paix, cœur qui aspire à la grandeur et à l’harmonie, cœur qui se comble de bonheur et de sérénité, cœur qui accepte la souffrance et la limite tout en la vivant uni au Fils, cœur qui vit de l’Esprit pour goûter à la communion trinitaire. Cœur d’espérance, de foi et d’amour.

Monde en éveille : se mettre en éveille, c’est se laisser traverser par le salut du monde et la beauté de la création, c’est défendre la vie et la nature comme expression de la vie divine et de son œuvre. Cœur qui rejette l’injustice et qui crie avec le pauvre. Cœur qui agit pour la paix et la dignité. Cœur qui met l’homme au cœur du processus politique et économique. Cœur qui partage les richesses et qui promeut le droit. Cœur qui voit en tout homme un frère et qui l’invite à la danse divine. Cœur qui donne aux jeunes valeurs et sens. Cœur qui construit dès maintenant le Royaume des Cieux.

  1. 3. Conclusion : attendre dans l’amour.

L’Avent est un temps d’attente : nous attendons le retour glorieux du Christ afin qu’il établisse son Règne de paix et d’amour. Par nos célébrations et par notre engagement concret, nous hâtons cet événement tant espéré.

L’Avent est un temps de veille : nous veillons dans l’attente du Maître qui sera le Seigneur de tous. Notre ‘travail’ prépare sa venue. Nous habillons déjà le monde du vêtement des noces.

L’Avent est un temps de préparation : nous préparons nos cœurs à la venue du Christ en célébrant sa naissance dans notre chair. L’homme est sauvé, le monde est transformé. Nous sommes transfigurés. Préparons la rencontre entre Dieu et l’humanité : Il déchire les cieux et descend ! (Is 63)

P. Francis

 

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