ORDINAIRE 3 B

« Proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu »

(Marc 1, 14-20)

Conscient de sa mission et cheminant vers Jérusalem, Jésus inaugure son ministère de prédication, de guérison et de conversion. Il va utiliser les moyens des prophètes, selon la tradition de son Peuple, tout en gardant une grande liberté de parole et d’action.  On le voit, Jésus s’inscrit dans sa culture mais reste distant et même dépasse celle-ci pour l’élever à un autre niveau. Sa prédication est ‘dans la ligne de l’Alliance’ mais va vite la dépasser pour indiquer la véritable ligne à suivre. Venant du Père, il peut parler du Père et exprimer tout son amour. Respectueux de la Loi, il va dépasser le légalisme pour la mettre au service de la vie. Soucieux des petits et des pauvres, il va les mettre au cœur de son action. Jésus ne fait rien comme les autres. Pédagogiquement, il va montrer son origine et son identité mystérieuse. Le choc sera profond : violent pour les tenants de la tradition et les gardiens de la Loi, merveilleux pour le ‘petit reste’, telle Marie, qui se laisse interpeller par la nouveauté du message et la grandeur de l’homme. S’éloignant des conceptions diverses de son époque, Jésus fait preuve d’originalité. Finalement, n’est-il pas lui-même la Bonne Nouvelle ?

  1. 1. Le Règne de Dieu.

Ce thème a fait couler beaucoup d’encre. De quel Royaume Jésus parle-t-il ? On sait que beaucoup attendaient le Messie d’un messianisme politico-religieux. Il devait rétablir le règne de Dieu sur la terre sainte et l’étendre au monde entier. Il devait même rétablir le véritable culte à Jérusalem, usurpé par des castes sacerdotales illégitimes. Certains attendaient un règne plus spirituel mais en excluant les ‘impurs’ et les ‘inaptes’. L’occupation romaine, et donc païenne, agitait les esprits. Que d’attentes, toutes différentes mais toutes limitées ou discriminatoires ! Jésus prêche le Royaume de Dieu, celui de son Père et sanctifié par l’Esprit. Il se détache de toutes ces attentes pour proposer un règne divin intérieur d’abord mais pouvant animer l’organisation humaine extérieure ensuite. Son Royaume n’est pas de ce monde mais il est parmi nous.

Le Royaume de Dieu : Dieu règne, c’est clair. Il est le Créateur et le Maître du monde. Sa seigneurie n’a pas de doute. S’il est roi de l’univers, n’a-t-il pas laissé tout de même à l’humanité une certaine autonomie ? Les hommes doivent s’organiser eux-mêmes tout en laissant à Dieu la première place et en l’odorant comme leur Créateur et Providence. Cet équilibre entre autonomie et hétéronomie est bien difficile et fragile. On penche souvent d’un côté ou de l’autre. Comment être libre tout en étant dépendant ? Comment développer sa liberté tout en aimant son Créateur ? Dieu pourtant nous a confié le monde et il est de notre responsabilité de le rendre habitable et humain.

Le Royaume du Messie : le Christ règne, c’est clair depuis Pâques. Il est le Fils et le Seigneur à qui tout est soumis. Sa croix et sa Résurrection ont montré les profondeurs de son identité et de son œuvre. Il vient tout remettre à son Père avec qui il ne forme qu’un. L’Esprit est donné pour permettre l’harmonie personnelle et communautaire mais aussi pour unir toute l’humanité  à la vitalité divine trinitaire. Si Jésus est le Christ et si le Christ est le Fils de Dieu, son règne commence en nous, dépasse nos cœurs, s’étend à tous, s’élève aux Cieux et contient l’univers. Son règne se confond avec le Royaume des cieux.

Le Royaume de conversion et de foi : nous régnons avec le Christ, c’est la promesse du Ressuscité. Appelés à la conversion, nous changeons de vie, nous améliorons nos mœurs, nous construisons un monde de justice et de paix à l’image du Royaume de Dieu. Le Royaume est notre modèle  car c’est lui qui devra s’établir en ce monde pour le conduire dans le monde divin où tout sera transformé et renouvelé. La foi précède la conversion. La foi illumine la conversion pour la pérenniser.  La foi est la lumière de nos vies car elle donne sens et existence. Et comme la foi, c’est bien sûr croire mais surtout aimer, nous nous rapprochons du mystère, par l’amour, jusqu’à plonger dans la communion des Personnes Divines.

Jésus proclame la Bonne Nouvelle de Dieu, son amour pour tous, son désir que tous soient sauvés et sanctifiés. Ceci n’est cependant possible que dans la liberté et la liberté passe par la foi et s’affine dans la conversion. C’est l’amour qui permet le premier pas et qui conduit au pas définitif.

  1. 2. Disponibilité à la Parole

Si Jésus annonce le Règne de Dieu et s’il y invite tous les hommes de bonne volonté, il appelle l’un ou l’autre à un service particulier ou à une vocation spéciale. Il est étonnant de voir Jésus appeler des disciples, sans les enfermer dans une secte ou dans une caste. On connaissait à l’époque les disciples d’un maître particulier qui suivaient ses enseignements ou qui s’isolaient pour vivre en ‘communauté de purs’. Jésus appelle, guide, enseigne et envoie dans le monde à sa suite. On est surpris de constater la teneur du message mais aussi la liberté de proclamation des disciples.

Appel radical : Jésus est exigeant parfois. Il demande de tout quitter. C’est compréhensible pour les ministres de son peuple ou les consacrés mais qu’en est-il des autres, de ceux qui vivent dans ce monde et qui affrontent responsabilité et défis ? L’appel est pour tous. L’appel est exigeant pour tous. Si certains sont appelés au ministère de service, tous nous sommes appelés à construire son Royaume là où nous sommes et avec ce que nous sommes.

Appel à la vie : Jésus ne nous sépare pas des autres. Il nous envoie au milieu des autres pour être témoins de sa Parole et du salut, serviteurs de l’humanité souffrante et en recherche, amoureux de la prière et de la vie. Là où nous en sommes et aidés de l’Esprit Saint, nous pouvons vivre de sa vie et transmettre la vie. La disponibilité à la mission fait partie de notre conversion et s’illumine par la foi. Quoi de plus normal quand on aime de vouloir partager cet amour et de le proposer pour que tous puissent jouir de la vision divine ? On ne peut aimer Dieu sans le servir et sans servir nos frères. L’amour nous pousse à la parole et à l’action car l’amour trinitaire immanent a produit le salut et a invité à la communion éternelle.

  1. 3. Conclusion : Règne d’amour

Il est certain que Jésus se détache de la grande tradition d’Israël mais pour la porter à son apogée. Il inaugure un ministère original qui aboutit à la conversion et à la participation vraie et profonde à la vie trinitaire. Sa prédication se fait exigeante car l’amour est exigeant.

Il est certain aussi que Jésus n’enferme pas ses disciples dans un club fermé de purs, dédaigneux des autres. Au contraire, le disciple se sait pécheur pardonné et sauvé, il se sait aimé et dynamisé par l’Esprit du Père et du Fils. C’est pour cela qu’il en témoigne et invite humblement à la vie, dans l’amour. Le Règne de Dieu n’est autre que la communion en la Trinité Sainte.

P. Francis

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