CAREME 2 B

« Ses vêtements devinrent resplendissants »

(Marc 9, 2-10)

Le carême est un long cheminement vers Pâques. C’est un temps de préparation et de conversion. Pâques est célébré après le Vendredi Saint, jour du sacrifice et de la mort du Christ. Pâques est pourtant l’objectif final de notre préparation et le but de notre effort. La lumière de Pâques vient illuminer nos vies et les rendre éclatantes, à l’image de la vie du Fils de Dieu. Le carême se veut de restituer la lumière, de rendre la joie, de retrouver la liberté intérieure, de chanter les louanges divines, d’aimer à l’infini ce Dieu qui se donne à nous. Nos efforts de conversion sont la réponse à l’appel divin, à la Voix qui se fait entendre en nos cœurs, à la lumière qui veut percer, à la vie qui explose en nous. Le carême est bien ce temps de joie au-delà de nos pénitences, du jeûne et sacrifice. Offerts au Père par les mains du Fils, elle procure l’Esprit de Vérité et de Lumière pour refléter la grâce obtenue et l’éternité acquise. Sur ce chemin, la liturgie nous propose l’Evangile de la Transfiguration, anticipation de la glorification du Fils et révélation de son identité filiale et divine.

  1. 1. La beauté du Fils.

Nous ne sommes pas habitués à penser joie et beauté pendant le carême. On se concentre sur ses propres faiblesses et on se bat contre la tentation. Le péché nous revient en mémoire et on se résout à le confesser. Il n’y a rien à dire à cela car le carême est vraiment un temps pénitentiel. Nos efforts sont louables car on a besoin effectivement de se convertir, se changer de direction, de revenir au Père pour vivre de son amour comme fils et filles. L’Eglise pourtant nous propose la Transfiguration comme lieu de réflexion et de méditation. Jésus, en route vers Jérusalem où il subira un procès inique, une souffrance atroce et une mort infâme, révèle soudainement son identité et sa splendeur divine. Il est bien « le Fils Bien-aimé », celui annoncé à Nazareth, accueilli à Bethléem, identifié au Jourdain. La même voix se fait entendre : elle perce nos oreilles et rejoint nos cœurs. Elle résonne pour toujours au cœur de l’humanité en marche et en recherche. Elle restera toujours au cœur de nos consciences ébahies et de nos intelligences en émoi : Jésus, le Fils, Dieu parmi nous, Dieu avec nous, le Sauveur.

Jésus le Christ est le Fils : Il faudra certes la lumière de Pâques pour comprendre et admettre la divinité du Christ. Cette question restera un point de discorde entre chrétiens et entre chrétiens et non-chrétiens. C’est pourtant un élément essentiel de la foi chrétienne. Que serait le christianisme sans la foi en la divinité du Christ, mort et ressuscité ?  Il serait une nostalgie du passé, un refus de l’évidence, une illusion, une religion parmi d’autres… A la Transfiguration, le Christ révèle cette identité divine, unie à son humanité de façon mystérieuse mais heureuse, sans fusion, sans confusion : Personne unique, Homme et Dieu dans l’harmonie des natures et l’unité. Sa beauté ne peut que toucher nos cœurs et rejoindre notre esprit en éveil.

Jésus le Fils est le Sauveur : à la vue du Christ torturé et souffrant, il était difficile aux disciples de reconnaître le Messie. Et pourtant, celui qui souffre ainsi est bien le Sauveur. Par ses souffrances et le don de soi, il nous accorde le pardon et nous ouvre à la vie éternelle. Ce corps meurtri, cet esprit amoindri, ce sang versé, c’est l’accueil de l’amour pour répandre l’amour. St Jean verra la croix comme un trône, celui de la glorification du Fils. Le Fils en croix qui aime et qui sauve, c’est la beauté du cœur du Fils qui se révèle au monde.

Jésus le Sauveur donne l’Esprit : il faudra attendre la Pentecôte pour comprendre cette présence discrète et efficace dans le monde et en nous. L’Esprit est donné pour l’unité et la communion. Non pas une énergie quelconque mais Personne Divine, amour du Père et du Fils, créant, œuvrant, priant, soufflant l’amour en nous. Ce même Esprit actif et animant le Christ nous est donné afin de vivre de l’esprit du Christ et de sa grâce, de vivre en enfants de lumière. La beauté du Fils reflète ici la beauté de la Trinité Sainte qui, dans son œuvre envers nous, révèle son être profond et sa communion.

Si la Transfiguration fut un moment béni pour les Apôtres, elle est pour nous ce temps de grâce où éclatent la beauté divine, son amour et son unité. Elle nous entraîne vers la communion trinitaire et toute la beauté de ses relations.

  1. 2. Le sacrifice du Fils (Rom 8, 31-34)

Le carême reste aussi cette étape, difficile parfois mais nécessaire à notre transformation intérieure. Il y aurait tant à faire pour ‘ressembler’ au Fils, pour se rapprocher du Père, pour vivre effectivement de l’Esprit Saint. Sans se décourager, il est possible d’entreprendre cette conversion-transformation avec la grâce de Dieu. Il suffit de regarder Jésus. Il est le Crucifié et le Ressuscité. Il est le Vivant qui donne vie et grâce. Son sacrifice est un exemple du passage de la nuit à la lumière, du non-sens au sens, d’un rejet à la glorification. Il s’est fait péché pour nous afin de nous donner la liberté tant désirée.

Le Fils don du Père à l’humanité : « Dieu n’a pas refusé sons propre Fils » afin de donner vie et renouveau. Serions-nous restés dans notre rébellion sans Jésus ? probablement et même, dans notre esclavage et nos œuvres mortifères. Par volonté du Père, le Fils octroie la grâce, lien intime et vitale, profond et véritable avec la Sainte Trinité.

Le Fils réponse du Père à l’humanité : « Il intercède pour nous » afin que nous ayons un avocat, un porte-parole auprès du Père. Le Fils, tout tourné vers le Père et animé par l’Esprit, est notre intermédiaire, le seul Prêtre, l’unique Rédempteur, le vrai Intercesseur. Corps mystique du Christ, nous entrons avec lui dans le Royaume, présence Divine qui est communion éternelle des Personnes Divines. Qu’avons-nous à faire de supposées nouvelles révélations ou de nouveaux prophètes ? Tout est dit en Lui, par Lui. Si le Christ en croix est la réponse du Père au péché, le Christ ressuscité est la réponse à sa volonté de nous prendre avec lui. Réponse, fruit de son amour infini pour nous !

  1. 3. Conclusion : l’amour se donne.

Le carême nous entraine dans les profondeurs de notre personne humaine. Il cherche à renouveler et à raviver la flamme déposée au baptême et ranimée par notre confirmation. Il est le temps de joie et de grâce du retour vers le Père par le Fils dans l’Esprit.

Le carême nous entraîne dans les profondeurs de la personne du Christ. Il est le Fils de Dieu, vrai reflet de sa Gloire et expression de son amour éternel. Transfiguré et resplendissant, sa beauté se communique et se partage. Unis à lui, nous-aussi nous pouvons refléter la lumière divine, la joie de vivre et la grandeur de l’amour. Un carême lumineux donc !

P. Francis

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