CAREME 4 B

« Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé »

(Jean 3, 14-21)

La mi-carême est un dimanche de joie. Déjà pointent les lumières des fêtes pascales. Nos cœurs ressentent cet élan vers la lumière et cette attraction vitale qui donne vie. Certes, il y aura le Vendredi Saint et tout le drame de l’amour bafoué et crucifié. Il y aura le tombeau et l’attente incompréhensible de l’œuvre de Dieu. Il y aura ce silence insupportable. Il y aura surtout l’éclatement de la joie et de la vie au matin d’un jour nouveau qui inaugurera le monde nouveau et l’homme nouveau. Par sa Résurrection, le Christ nous introduit dans ces relations trinitaires éternelles et dans cette vie nouvelle qui reflète la vie divine. La grâce transformante et sanctifiante se déverse sur le monde et dans nos cœurs et nous unit au Père par le Fils dans l’Esprit.  L’amour, enfin, se perçoit et se donne comme force vitale et fondement de toute chose. Si ce dimanche est dit ‘laetare’, c’est parce qu’il fait éclater toute l’œuvre du Père par la vie du Fils dans la force puissante de l’Esprit. Nous sommes heureux de cette vie nouvelle qui jaillit, joyeux de cette communion nouvelle qui devient possible dans l’amour. Réjouissons-nous car le Fils nous emporte dans le cœur du Père par le souffle de l’Esprit Saint.

  1. 1. La miséricorde du Fils (Ephésiens 2 ; 4-10).

Nous sommes pécheurs. Nous sommes toujours prêts à nous enchaîner et à nous avilir. Nous préférons le peu alors que Dieu nous propose le plus. Nous regardons nos pieds au lieu de regarder les étoiles. Que de ténèbres dans nos vies si fragiles et si contingentes ! Nous avons besoin d’une parole de miséricorde et d’un cœur aimant pour nous relever et nous montrer l’avenir comme un horizon radieux et créatif. La miséricorde est la réponse de Dieu à nos tourments et à nos égarements. Si le péché nous enchaîne, la miséricorde nous libère. Si l‘affolement nous secoue, la miséricorde nous étreint. Si nous nous considérons pauvres et indignes, la miséricorde nous enrichit et nous anoblit. Elle vient du cœur de Dieu, du fond de ses ‘entrailles’ de Père.

Quand la grâce surabonde : le carême nous aide à demander pardon car nous avons besoin de ce pardon pour repartir. Le péché nous a touchés et nous a blessés. Notre liberté a été dévoyée et pervertie. Notre conscience a été obscurcie et trompée. Le pardon vient rétablir la relation rompue et remettre les choses à leur place. Il demande force et humilité mais aussi responsabilité et conversion. S’il est donné, c’est parce que le cœur de Dieu est ‘remué’ à notre pensée et qu’il ne nous regarde qu’avec amour. Sachons demander pardon pour recevoir la surabondance de grâce réservée aux enfants du Père dans l’Esprit.

Quand la vie jaillit : le carême nous aide à retrouver la vie car nous avons besoin de ce renouveau de vie pour repartir. Notre quotidien est fait de routine et d’habitude, de compromis et d’arrangements. Nous risquons de servir les ténèbres et de ne plus voir les forces vives qui animent la création et toute créature. La miséricorde qui jaillit du cœur de Dieu est source vive qui redonne énergie et vitalité. Puisqu’elle vient du cœur de Dieu, elle nous en rapproche et nous touche.  Sachons voir la lumière en nous et recevoir cette impulsion qui porte au Ciel.

Quand l’amour illumine : le carême nous aide à comprendre que l’amour est origine et source de toute chose. L’existence de Dieu, sa vie et son Être, ses relations intra trinitaires et ses relations extra trinitaires, sa volonté et son Œuvre… tout jaillit de l’amour. Comment comprendre l’Incarnation ou la Rédemption sans l’amour du Père et du Fils ? Comment accepter et percevoir un peu quelque chose de la Croix et de la souffrance du Christ sans entrer dans ces relations amoureuses entre le Père et le Fils ? L’Esprit Saint lui-même n’est-il pas l’amour du Père et du Fils ? Il y a ici un mystère à contempler et à chérir, un mystère dans lequel se plonger pour en ressortir dynamisé et enrichi, un mystère de vie qui donne l’amour. Sachons prendre le temps de contempler pour mieux adorer et aimer !

  1. 2. L’élévation du Fils.

On ne peut passer outre la Croix du Christ. Elle est passage et indication. Elle permet d’éviter l’illusion et l’irénisme. Elle est signe de la vérité de notre foi car par elle, la Résurrection prend son ampleur et sa profondeur. Si la croix est un scandale et une injustice, Dieu en fait un signe de victoire et de glorification. Le Fils élevé attire tout à lui. En rependant son sang, il purifie le monde et l’entraîne vers le salut. Il fallait que le Christ souffrît pour donner la vie et la grâce et ainsi donner accès  à la communion. Mystère ineffable mais ô combien surprenant : le Crucifié est le Glorifié !

Le Fil qui aime : c’est par amour que le Christ souffre et meurt, c’est dans l’amour qu’il ressuscite et donne sa lumière. On atteint ici le mystère de la Personne du Fils : l’harmonie du divin et de l’humain en lui est possible dans l’amour parce qu’il vient de l’amour et participe de l’amour. L’amour nous a sauvés et l’amour nous est donné.

Le Fils qui sauve : le Christ est l’unique Rédempteur. Le salut passe par lui et sans lui, aucun salut n’est possible, aucun pardon n’est accordé, aucune Présence n’est visible. Qu’on le sache ou non, le Christ est le Sauveur et touche tout homme et toute femme de l’histoire par son Incarnation et par sa Résurrection glorieuse. Seul un acte libre nous est demandé dans la foi et l’amour !

La vie éternelle donnée aux croyants : le salut donne accès à Dieu et Dieu donne l’éternité. Le don de la vie éternelle est complet car il donne Dieu lui-même. La vie éternelle est de connaître le Père et de vivre de son amour. Plongés dans l’amour, c’est dans les relations trinitaires que nous devenons nous-mêmes, éternellement. La vie éternelle est participation et communion en la Trinité Sainte. Que peut-on espérer de plus que de vivre en Dieu et de Dieu éternellement ? Peut-on désirer autre chose que Dieu lui-même ? Notre vie spirituelle aujourd’hui est un avant-goût de notre vie éternelle en Dieu, une anticipation du bonheur et de l’amour vécu.

  1. 3. Conclusion : un amour éternel

Le carême nous rappelle que la miséricorde est possible. Possible car elle vient de Dieu et le Père n’est que miséricorde. Il nous l’a montrée et donnée par son Fils dans l’Esprit Saint. Possible car le Fils nous l’a obtenue en Croix et déployée en sa Résurrection. La miséricorde nous plonge dans les relations trinitaires comme lieu de vie dans l’amour.

Le carême nous rappelle que, tout en étant un scandale, la croix est aussi le trône du Fils. En croix, il a attiré tous les hommes à lui et ses bras étendus ont inauguré un monde nouveau. En croix, le Fils a donné son sang mais surtout tout son amour. Cet amour est éternel puisqu’il vient de l’amour trinitaire éternel. C’est là que nous sommes appelés à vivre, c’est là notre but et notre raison de vivre, c’est là que Dieu nous attend. Réjouissons-nous donc car l’amour est donné et la Trinité laisse entrevoir ce mystère. Réjouissons-nous d’être aimés de toujours et pour toujours.

P. Francis

 

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