PAQUES 3 B

« C’est vous qui en êtes les témoins »

(Luc 24, 35-48)

C’est la Pâques du Seigneur ! Ces 50 jours de fêtes et d’action de grâce nous invitent à la joie et à l’admiration de l’œuvre de Dieu. Dieu s’est révélé progressivement et pédagogiquement à travers sa Création et ses Envoyés mais maintenant, par son Fils Unique, son Bien-aimé, il nous dit tout, nous dévoile tout, nous plonge dans le tout de son amour. La lumière de Pâques nous aide à comprendre et à saisir la volonté de Dieu et son action en notre faveur. Elle nous donne cette joie de vivre et de croire qui caractérise la foi chrétienne. Comment rester tristes quand la lumière nous illumine ? Comment rester moroses quand la vie est si abondante ? Comment rester passifs quand la grâce nous transfigure ? Il y a en nous, désormais, une force de vie qui nous dépasse et une force d’amour qui nous transforme. Cette force et cet amour nous viennent directement de la communion trinitaire et nous ravissent en elle. Le Ressuscité peut bien nous souhaiter la paix, manger avec nous, nous entretenir des choses d’en haut… il est le présent éternel de l’amour divin et la pure expression de l’Être de Dieu. Fils de Dieu, il est Dieu. Fils de Dieu, il montre le Père et donne l’Esprit. Fils de Dieu, il est « Celui qui est » dans la diversité des Personnes et l’unité divine. Mystère si grand que seul l’amour peut percevoir et accueillir !

  1. 1. La Résurrection, la joie de vivre.

On reproche aux chrétiens d’être tristes et moroses. Ils se fixeraient sur la croix et donc sur la souffrance et le sacrifice. On leur reconnaît peu la joyeuse espérance et l’allégresse de la vie. Si nous montrons au monde cette piètre image, c’est bien regrettable mais cela ne reflète pas la vérité de la foi ni la réalité spirituelle qui nous anime. Certes, la croix et la souffrance font partie de la vie mais doit-on les rechercher ? Ne viennent-t-elles pas d’elles-mêmes ? N’est-ce pas plutôt notre façon de les aborder, de les penser puis de les vivre qui nous distingue des autres hommes ? Même si nous passons par le Vendredi Saint, nous sommes les enfants de la lumière de Pâques, les fils et filles du Père éternel et le Temple de l’Esprit. La joie doit irradier nos vies et nos cœurs car elle est un fruit de la Résurrection du Fils. «Dieu est béatitude» disait St Thomas d’Aquin.

Joie d’être aimés : l’amour est au cœur de nos vies car il est au cœur de la création et de la Rédemption. L’amour est divin et nous invite à la danse éternelle en la Trinité Sainte. Si Dieu est amour et se donne à nous par son Fils, l’amour nous anime et féconde notre existence. Quoi de plus joyeux que de se savoir aimé à ce point ? ‘Aimer et être aimé’ sont les deux poumons de notre quotidien, le souffle de notre vie et le sens de notre existence. Le Père nous aime et, par son Fils mort et ressuscité, nous le redit à chaque respiration et à chaque fraction de seconde qui nous tient dans l’existence. Que la joie nous inonde donc !

Joie d’être sauvés : l’amour est au cœur de la Révélation et la raison suprême de l’Histoire Sainte. Comment comprendre ces hauts et ces bas de l’Ecriture sans la seule raison de l’amour de Dieu ? Le Père n’a pas craint d’aller jusqu’au bout de lui-même en donnant son Fils, en le laissant mourir en croix et surtout en le ressuscitant dans l’Esprit. Et tout cela, pour nous ! La Sainte Trinité immanente et bienheureuse s’est fait économique (en action pour nous) et partageante. Le salut est son œuvre et sa victoire sur la mort et le péché. Que la joie du salut nous inonde !

Joie d’être sanctifiés : l’amour est au cœur de la communion trinitaire et nous y sommes invités. L’Esprit, amour du Père et du Fils, nous est donné, nous travaille de l’intérieur, nous identifie au Christ et nous transfigure jusqu’à notre pleine et définitive participation à la joie trinitaire. Il crie en nous, prie en nous, nous sanctifie pour nous rapprocher du Père grâce au Fils. Rendus dignes de Dieu par le pardon, la miséricorde et la grâce sanctifiante, nous sommes appelés à l’éternité de la communion dans l’amour. Qu la joie de la communion nous inonde !

Joie de vivre : l’amour est au cœur de notre personne humaine comme il est au cœur des Personnes Divines. C’est lui qui donne paix et joie, au-delà de la souffrance, de la persécution, des entraves et même de nos bêtises et de notre péché vite regretté. Le fruit de l’amour, c’est la joie de vivre, de créer, de progresser, de connaître… La joie d’être, tout simplement, sur le cœur de Dieu et de sentir son Souffle divin dans notre propre respiration spirituelle. Qui pourra nous ravir cette joie-là ? Benoît XVI nous rappelle que croire, c’est vivre dans la simplicité du bonheur et le concret de l’humour mais que ne pas croire, c’est mourir d’ennui !

  1. 2. La Résurrection, l’intelligence de la foi.

Jésus ressuscité a ouvert l’intelligence des Ecritures à ses Apôtres. Il leur donne de comprendre et de proclamer une foi raisonnée et articulée. Il n’est pas vrai qu’on doive croire sans comprendre ou aveuglément. On fait confiance dans l’amour quand la réflexion se fait trop difficile ou quand notre raison ne peut encore saisir certains aspects de la foi. On met en œuvre toutes nos ressources intellectuelles et morales pour comprendre et user de la raison, l’histoire de l’Eglise en est la preuve la plus grande.

La lumière pour nos cœurs : Pâques vient illuminer nos cœurs et ainsi nous aider à percer le mystère de Dieu.  Le cœur a ses intuitions qui portent à l’intelligence. Il a ‘ses raisons que la raison ne connaît point’ (Blaise Pascal) mais il a accès au cœur de Dieu plus rapidement. Voyez le disciple Jean arrivant au tombeau avant Pierre, attendant puis entrant et alors il « vit et il crut » (Jean 20, 1-9). Son cœur a saisi immédiatement la vérité.

La lumière pour notre raison : Pâques vient illuminer la raison et ainsi aider à articuler et à formuler la foi. Verbaliser est difficile mais nécessaire. Exposer est certes un exercice périlleux mais indispensable. La raison cherche à harmoniser la foi et l’esprit. Il ne peut y avoir de contradiction car tout est œuvre et volonté de Dieu. A nous de rechercher les ressources intelligentes et à les ordonner, selon la culture du moment tout en intégrant la Tradition de toujours et la richesse de réflexion venant des siècles passés. Voyez Paul dans ses Lettres, terrassé par l’évidence de la foi et cherchant toute sa vie à harmoniser sa tradition, la culture locale rencontrée et la nouveauté du Ressuscité. Sa raison a compris que le même Dieu est à l’œuvre en nous et dans le monde, en Christ et par l’Esprit.

  1. 3. Conclusion : l’amour éclaire !

Pâques est source de joie et de bonheur : la joie d’aimer et d’être aimé, d’être sauvé, d’être enfant de Dieu. Cette joie est intérieure et rejoint le fond de notre existence. Elle s’épanouit dans une vie de communion profonde et vraie. Elle irradie notre existence.

Pâques est source de réconfort intellectuel et d’effort de l’esprit. Êtres intelligents, nous mettons en œuvre toutes nos ressources pour trouver l’harmonie et ainsi la joie de croire et de vivre.

P. Francis

This entry was posted in Année B, Français, Père Francis, Saison de Pâques. Bookmark the permalink.