PAQUES 5 B

« Si vous demeurez en moi… »

(Jean 15, 1-8)

C’est la Pâques du Seigneur ! Que de joie et de bonheur à suivre le Ressuscité mais surtout à partager sa vie et son éternité. On pourrait penser que la Résurrection est un événement banal, au-delà de son aspect curieux. C’est l’événement central de la vie de Jésus comme aussi de notre vie puisque nous y participons par notre baptême, nous y goûtons par notre confirmation et nous y communion à chaque eucharistie. Nous en vivons par l’amour dont nous sommes capables et la joie que nous en tirons. Elle est Lumière éclairant notre esprit, douceur oignant nos corps et grâce se déversant dans nos âmes. Elle est unité avec le Christ mais aussi union avec le Père et par là, communion par l’Esprit Saint au sein de la Sainte Trinité. La parabole des sarments est significative (Jean 15) : nous ne pouvons demeurer en dehors de la Source de la vie, en dehors de l’Amour, en dehors de nous-même. Comme la sève féconde les sarments, ainsi l’amour trinitaire féconde nos vies appelées à la gloire et à la vision bienheureuse. Le bonheur commence dès maintenant et se poursuit dans la vie éternelle. Ouvrons nos personnes à l’action de l’amour trinitaire et ainsi, entrons dans la communion éternelle.

  1. 1. La Résurrection, des fruits en abondance.

Il nous arrive de penser que la Résurrection a procuré bénédiction et pardon, qu’elle nous a réintroduits à la présence divine, nous qui étions perdus du fait de notre péché et de nos révoltes. C’est certainement vrai mais certainement incomplet. La Résurrection, outre le pardon et la bénédiction obtenus, nous donne la grâce de la Présence Divine et la possibilité d’une transformation intérieure et ontologique portant à la filiation divine. La grâce, c’est recevoir Dieu Lui-même, c’est goûter à la joie trinitaire, c’est entrer en relation avec les Personnes Divines et vivre de cette relation. La transformation opérée est une vérité théologique comme aussi une réalité spirituelle. Transfiguré, le Christ nous transfigure. Ressuscité, le Christ nous ressuscite. Fils, il nous donne accès au Cœur de Dieu. Cette nouveauté a donc des conséquences importantes en nous, sur notre identité, sur notre intelligence, sur notre prière et notre action. Elle éclaire la conscience et procure la liberté. La Résurrection, c’est l’irruption du Dieu d’Amour dans ce monde créé par Lui et sauvé en Christ. Enfin, nous touchons le mystère et entrons dans une relation vivante et dynamique.

Joie de vivre : quoi de plus beau que la vie ? Que de plus joyeux que ces moments intenses d’une humanité profonde et d’une élévation prodigieuse ? Du simple sourire à l’œuvre de charité, d’une découverte à un secret partagé… tous ces moments de la vie prennent une intensité nouvelle dans la joie de Pâques. Nous les vivons dans la tension vers l’au-delà et la vérité de l’ici-bas. Une sérénité envahit le cœur du croyant qui se sait aimé et qui, en retour, non comme une obligation mais comme une nécessité vitale, se prend à aimer. Pâques, c’est la joie de vivre dans l’amour.

Joie de créer : quoi de plus beau que notre monde dans sa dimension créative et dans ses possibilités nouvelles ? Quoi de plus joyeux que de pouvoir participer à notre niveau à la création ? Ne rêvons pas d’un ailleurs imaginaire mais construisons ce monde ci à l’image de la Jérusalem Céleste, où Dieu est tout en tous, où chacun est respecté pour ce qu’il est, où l’amour a toujours le dernier mot. La Résurrection nous a ouvert des possibilités inouïes de créativité et d’intelligence où foi et raison s’harmonisent pour le bien commun. Pâques, c’est créer dans l’amour.

Joie d’être : quoi de plus beau que naître au monde et que renaître en Dieu ? Quoi de plus joyeux que de se savoir en harmonie et en cohérence ? Il y a une paix qu’on ne peut nous ravir, cette paix d’être, d’exister, d’aimer en Dieu. Il y a cette sérénité de croître et d’atteindre le meilleur de nous- mêmes, maintenant et jusque dans l’éternité en Dieu. L’Essence divine se partage tout en respectant notre nature humaine : vis-à-vis de Dieu, dans un face-à-face amoureux et non dans une confusion ou une dissolution. Nous restons nous-mêmes et plus nous nous rapprochons de Dieu, plus nous devenons nous-mêmes. Pâques, c’est nous, surélevés en l’amour trinitaire.

Joie en la Trinité : quoi de plus beau que le monothéisme trinitaire ? Quoi de plus excitant que l’unité dans la diversité des Personnes ? La Trinité est le mystère capital qui nous introduit dans le Cœur de Dieu et nous partage un amour de communion. Dieu n’est pas un monolithe perdu dans son Ciel mais une Essence unique dans la relation des Personnes Divines. Là est notre place et, à cette place, nous aspirons. Pâques, c’est toute la Trinité en action dans l’amour.

Les lettres de St Jean, lues en ce temps de Pâques, nous introduisent dans la vérité du mystère chrétien avec le prisme de l’amour. C’est l’amour qui ‘explique tout’ mais qui reste pourtant le mystère suprême car on ne peut le saisir complétement. Il s’invite à notre table comme celui qui donne sens et vigueur, beauté et profondeur, joie et grandeur.

  1. 2. La Résurrection ou demeurer en Dieu.

On n’a pas fini de se réjouir et de se sentir entouré de l’amour divin. La Résurrection a su nous montrer toute la profondeur de l’amour mis aussi toute son exigence. Si ses fruits sont abondants, ses répercutions sont formidables. On comprend mieux qu’on doive demeurer en Lui, au risque de perdre vigueur mais aussi de perdre la tête et de sombrer dans le désespoir ou la solitude. Comme les sarments qui, rattachés à la vigne, donnent du fruit, nous sommes rattachés au Christ pour recevoir toute la sève filiale qui alimente notre vie.

Les sarments émondés et revigorés: on le sait, émonder la vigne est nécessaire. C’est une pratique qui donne vitalité et qui assainit. Notre vie spirituelle a besoin de ce stade. Nous devons émonder ce qui est non-vie, non-amour, non-lumière, non-vérité. Dieu, comme le vigneron, se charge de nous émonder, même si c’est parfois douloureux. Il y a une mort nécessaire pour une vie abondante. La Croix et la Gloire sont toujours liées ! La sève monte dans les sarments pour les féconder. Il y a des moments de vitalité et de pousse que nous maîtrisons mal mais qui nous tirent vers le haut. Toute la dynamique divine est en œuvre et nous attire ver le Bien et le Beau, dans l’amour. Cette vitalité est nécessaire à notre croissance, laissons-là se propager en nous pour croître et faire jaillir la vie !

Les sarments fructueux : on le sait, seuls les sarments émondés et vitalisés portent du fruit. Ces fruits sont l’œuvre de Dieu mais aussi de notre travail personnel et de notre générosité spirituelle. L’Alliance ici est parfaite car elle passe par le sang du Christ et s’achève dans la lumière de sa Résurrection.

Conclusion : aimer en actes et en vérité (1 Jean 3, 18-24). L’amour n’est pas une idée, un sentiment ni une pulsion : c’est la force vitale de la vie qui prend sa source en Dieu Lui-même. Aimer, c’est vivre. Aimer, c’est la Vie de la Trinité. Aimer, c’est notre vie.

P. Francis

 

This entry was posted in Année B, Français, Père Francis, Saison de Pâques. Bookmark the permalink.