ASCENSION DU SEIGNEUR

« Le Seigneur Jésus fut élevé au ciel »

(Marc 16, 15-20)

C’est la Pâque du Seigneur ! Nous célébrons le temps béni de la Résurrection du Christ et de notre salut. Ce temps nous invite à nous émerveiller de l’œuvre de Dieu, à nous rapprocher de l’amour du Père, à  recevoir la grâce du Fils et à accueillir les dons de l’Esprit. C’est un temps de joie et de sérénité. Dans les troubles de la vie quotidienne, il y a une présence aimante, un appel chaleureux, une force dynamique qui nous tirent vers le haut, vers la communion, vers l’intimité trinitaire. C’est une joie que de partager la communion du Père, du Fils et de l’Esprit et d’en vivre dès maintenant. La fête de l’Ascension nous élève encore plus vers le Cœur de Dieu en nous y plongeant et en nous y insérant pour l’éternité. Le Christ « fut élevé au ciel » en nous emmenant avec lui. Notre chair glorifiée est admise à la présence divine et assumée par le Christ dans le sein de la Trinité. C’est pour nous le temps de la glorification et de l’amour. Jésus notre frère, l’un de nous mais aussi Fils de Dieu, entre dans la gloire avec son corps ressuscité et tout son Corps mystique. Une nouvelle relation s’établit désormais que plus rien ne pourra briser. L’amour accomplit son œuvre.

  1. 1. Résurrection et Ascension, glorification du Fils.

Qu’en est-il du corps ressuscité de Jésus ? Nous sentons bien qu’il faut écarter bien des hypothèses fantaisistes et des conceptions farfelues. Jésus n’est pas Lazare, cet ami mort et  réanimé par la force miraculeuse de Jésus. Lazare est mort à nouveau dans la foi du Fils et de la Résurrection. Jésus n’a pas fait semblant de mourir. Personne n’a été crucifié à sa place. Sa mise au tombeau n’a pas été une farce. Sa Résurrection n’est pas une ‘histoire merveilleuse’ ou un conte pour enfants. La mort de Jésus a été bien réelle, elle a traumatisé les Apôtres. Sa Résurrection est bien réelle, elle a pris du temps à s’imposer aux Apôtres incrédules. Elle a pris du temps pour se formuler avec des mots compréhensibles. Le Nouveau Testament est le reflet de cette articulation intellectuelle et spirituelle  et de cette mise en place verbale. La Résurrection est le cœur de la foi chrétienne, de sa doctrine, de son espérance et de son action. Monté au Ciel, le Christ est présent de façon particulière et préside à sa communauté par la puissance fécondante de l’Esprit.

Ascension et Résurrection : ces deux mystères, distingués pour notre esprit limité, sont une seule et même réalité. Le Christ ressuscité sort de notre espace et de notre temps. Il rejoint le monde divin invisible, il retourne au Père. Nous avons bien du mal à concevoir la réalité nouvelle du Ressuscité mais nous comprenons que Jésus le Fils a quitté cet espace visible et tributaire du temps pour ’un autre espace’ (Jacques Maritain), tributaire de l’éternité, un espace totalement différent du nôtre et où tout existe dans l’absolu, l’espace divin. C’est dire que notre univers, avec ses lois naturelles, côtoie le monde invisible. Ce monde invisible peut faire irruption dans le visible. Le Ressuscité passe aisément d’un monde à l’autre puisque son corps terrestre a été glorifié par la puissance divine de la Résurrection. Le Fils peut ainsi « combler tout l’univers » (Ephésiens 4, 1-13), l’assumer et le transformer. Il ‘résume tout en lui’.

Ascension et Glorification : la croix a été le trône de gloire du Fils. Sa Résurrection est venue parfaire cette glorification. Mort et Résurrection sont intimement liées pour laisser émerger la vie et la grâce. Le Ressuscité est le crucifié et maintenant, il assume toute sa vie et toute l’histoire humaine. Il intègre tout l’univers à sa glorification pour la plus grande gloire du Père. L’Esprit est le maître d’œuvre de cette action de perfection et de transfiguration. En ressuscitant, le Fils entre dans la gloire définitive du Père, il retourne au Père en assumant son incarnation désormais intégrée et sanctifiée.

Ascension et œuvre dynamique de Dieu : Jésus entre dans le monde divin qu’il avait quitté pour assumer notre condition humaine. Sa Résurrection rétablit clairement sa condition divine, atténuée par l’incarnation mais unie intimement à elle. La Résurrection/Ascension assume le retour au Père et l’assomption de notre chair glorifiée. L’œuvre de Dieu est enfin réalisée, celle d’unir à lui tout homme, toute femme, dans la liberté de l’amour et l’éternité du partage. « Nous parviendrons tous ensemble à l’unité de la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ » (Eph 4, 13). Non seulement pardon des péchés et Rédemption mais glorification et partage de la vie divine !

  1. 2. Résurrection et Ascension, présence intime de Dieu.

Le Ressuscité est parmi nous de façon mystérieuse et dynamique. Son Ascension ne veut pas dire absence et perte de mémoire. Au contraire, elle réalise une présence plus intime et plus efficace car elle touche le cœur et l’être même de la personne humaine.

Présence aimante : si nous sommes aimés de Dieu, le Christ peut-il nous laisser à nous-mêmes ? Certes non. Son Ascension est unité des mondes visible et invisible, passage du monde humain au monde divin, communion du Corps mystique au cœur de la Trinité. L’amour nous unit à lui et nous communique la vie trinitaire.

Présence spirituelle : nous ne sommes jamais seuls. Le Christ est présent jusqu’à la « fin du monde », plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes, touchant notre être profond et transformant nos cœurs assoiffés de vie et d’amour. La relation se fait spirituelle mais intègre toute notre existence. La présence de grâce en nous se reflète sur nos visages ravis de contemplation.

Présence dans la communauté croyante : le Corps mystique du Christ suppose la communauté et l’unité de celle-ci. Nous existons personnellement mais notre existence est communautaire. L’Eglise toute entière marche vers son Seigneur, se purifiant, se convertissant, se transformant et se sanctifiant. Le Christ préside cette communauté car il est la Tête et le Chef. Il se présente au Père avec son Corps glorieux et mystique. Unis à lui, nous entrons dans la relation trinitaire et vivons de ce même amour qui unit les Personnes Divines. L’Eglise devrait refléter cela dans toute sa vie et toutes ses structures et institutions.

  1. 3. Conclusion : les dons de l’amour.

L’Ascension vient illuminer le mystère de la Résurrection. Elle nous plonge dans le monde invisible, cet ‘autre espace’ que le Christ a ouvert pour nous et qui lui permet d’être avec nous tout en vivant dans l’intimité trinitaire. Elle réalise une présence encore plus vraie et plus intime.

L’Ascension nous ouvre le monde divin. Elle donne sens à notre existence et féconde notre vie et nos actions d’ici-bas par le don de l’Esprit. La voie est ouverte pour atteindre le Cœur de la Trinité. Marie, en son Assomption, l’a déjà atteint, en anticipation et par pure grâce.

P. Francis

 

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