ORDINAIRE 17 B

« Il y a ici un jeune garçon… »

(Jean 6, 1-15)

Nous sommes fascinés par les miracles de Jésus. Ils nous surprennent et nous interrogent. Ils nous dérangent aussi car nous avons peur de l’intervention divine dans la nature ou peur de l’illusion. Nous cherchons bien des raisons ‘naturelles’ ou ‘psychologiques’ aux miracles de Jésus. Même quand le miracle est évident et flagrant, nous cherchons encore des explications. Nous sommes des rationalistes quant à la religion ou la foi mais peu enclin à la raison devant les horoscopes et les prédictions de tout acabit !  Mystère de cette nature humaine qui cherche des problèmes là où il n’y en a pas et des évidences là où cela pose problème. Jésus accomplit des miracles. On les appelle des ‘signes’. Le miracle vient renforcer la foi de celui qui ouvre les yeux sur la Présence divine ou qui sait voir ‘au-delà’ du visible. C’est comme un appel du Seigneur, un signe de son amour, une expression ‘codée’ de sa tendresse que seul le cœur perçoit. Mais le signe le plus grand, n’est-ce pas Jésus lui-même ? Son incarnation mystérieuse, sa vie lumineuse, ses paroles vivantes, sa mort provocante et sa Résurrection glorieuse… Jésus est le signe de l’amour du Père, la plus belle expression de son être et la manifestation de sa vie. Jésus est le Fils Bien-aimé en qui le Père se complaît et par qui l’Esprit Saint est donné. Mystère de cet amour éternel qui se fait l’un de nous ! Mystère de l’amour parmi nous ! Mystère de l’amour partagé ! Encore nous faut-il ouvrir les yeux et le cœur, encore nous faut-il avoir le courage de vivre de cet amour et de mettre du nôtre.

  1. 1. Le tout par le peu.

Parlant de miracle ou d’intervention divine, nous attendons un acte souverain de Dieu ou une action déflagrante. Dieu peut intervenir de lui-même et se rappeler à notre souvenir si limité. On s’aperçoit que, bien souvent, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, il y a un intermédiaire : un signe, un objet, une personne, une prière… Dieu agit en conformité avec notre nature humaine et selon sa volonté. Il rétablit la nature dévoyée ou la surélève pour manifester sa présence. Mais sans nous, Dieu peut-il faire des miracles ? Question pertinente qui demande notre présence ou notre participation. Comme ce jeune garçon de l’Evangile du jour : Jésus aurait-il pu accomplir son signe sans ce garçon ? C’est dire que notre participation est essentielle, restant sauves la souverain volonté de Dieu et sa liberté éternelle.

Des signes qui disent le divin : la nature a été créée autonome. Elle a besoin de se développer selon ses règles et en fonction de son orientation. Elle suit ses lois et il est de notre ressort de les découvrir, de les respecter et de les suivre. La loi naturelle est essentielle à notre compréhension de la Création (lois physiques) et de l’humanité (lois morales). Suivre la loi naturelle, c’est découvrir un dessein et un futur mais c’est aussi s’interroger sur un Créateur et donc  une relation. La nature parle de Dieu. Quand Dieu intervient, c’est pour nous remettre sur le chemin ou adoucir la dureté des lois physiques impitoyables. Contempler la nature, c’est y voir les signes divins. Découvrir les règles de l’univers, infiniment petit ou infiniment grand, c’est y découvrir l’étincelle spirituelle qui féconde la matière et qui nous dirige vers l’Être Divin.

Des actes qui disent l’amour : l’homme a été créé autonome. S’il suit la loi naturelle, il trouve son  épanouissement humain. S’il accueille la loi positive ou révélée, il trouve sa stature véritable d’homme aimé, voulu et appelé par le Ciel. Se détournant des lois internes qui le régissent, il va à sa perte et l’histoire est pleine de ces égarements dommageables. Au fond de lui-même, il découvre une Parole, un Appel, des mots d’amour. Des mots d’amour inscrits au fond de son être, des mots d’amour répétés et rappelés par le Christ, Verbe de Dieu, des mots d’amour ravivés par l’Esprit de Pentecôte. Alors, ses gestes peuvent correspondre aux gestes de Dieu ; alors il répond à sa vocation humaine et filiale ; alors il entre dans le grand dialogue qui fait de nous les fils/filles d’un Père miséricordieux et amoureux.

Des gestes qui disent notre grandeur : la filiation est un don de Dieu. On n’y échappe pas. Accepter d’être fils/fille, c’est devenir soi-même : un homme ou une femme qui s’élance vers le Ciel et qui, par une communion véritable dans l’Esprit, partage l’amour éternel. Notre petitesse devient notre grandeur : la poussière que nous sommes, fécondée par l’Esprit créateur qui donne souffle et esprit, se tient devant l’Eternel dans un dialogue inespéré ! Tout ce que nous pensons et faisons devient signe de l’Au-delà, participe de la Communion, entre dans le dialogue trinitaire éternel, féconde l’univers en attente de sa réalisation définitive.

Les 2 poissons et les 5 pains d’orge de cet enfant deviennent la manifestation grandiose de l’amour trinitaire qui ne craint pas le peu pour nous donner le tout, jusqu’à 12 paniers de surplus !

  1. 2. Le peu donne tout.

Nous sommes souvent trop orgueilleux pour accepter que Dieu se ‘serve’ de nous. Nous nous pensons indignes ou nous manquons de foi. Nous manquons surtout de modestie et de confiance. Oui, Dieu peut se servir de notre peu pour donner son Tout au monde. Voyons l’histoire des saints qui, dans leur simplicité et leur pauvreté, ont manifesté la beauté, la bonté, la sainteté, la grandeur du Père par le Fils dans l’Esprit. L’Enfant de Bethléem n’a-t-il pas révolutionné le monde ? Le Crucifié de Jérusalem n’a-t-il pas transformé l’univers ? Les Apôtres, limités et craintifs, ne sont-ils pas partis au bout du monde ? L’Eglise, si faible et faite de pécheurs, n’a-t-elle pas survécu à tant de périls et de persécutions ?

Accepter la contradiction : notre faible est notre force car alors c’est la puissance de Dieu qui agit. Ne mettons pas l’orgueil là où il ne doit pas être. Sachons naviguer dans les eaux mouvantes et dans le calme du soir, dans la tempête et dans la sérénité de l’aurore, dans les moments de doute et dans les moments d’enthousiasme. C’est Dieu qui agit, par son Esprit d’amour et à travers nous. Acceptons d’être ses ‘instruments’, mieux… ses fils/filles, signes de son amour pour l’humanité !

Accepter le témoignage : témoignons par des mots mais surtout pas nos vies, nos choix, l’orientation de tout notre être vers l’amour. La moindre parcelle d’amour est un feu immense qui embrase l’univers et se joint à la Trinité Sainte. Sachons apporter nos ‘ 2 poissons et nos 5 pains d’orge’ pour en faire un festin qui réfléchira le Royaume et indiquera le Cœur de la Trinité.

  1. 3. Conclusion : l’amour peut tout

Dieu peut tout, il est le Créateur. Il parle par la Nature et par sa Parole. La loi divine, naturelle ou révélée, se manifeste et fait de nous ses fils/filles. Elle nous élève à son amour trinitaire.

Dieu se manifeste par nous. Notre petitesse exprime sa grandeur et sa gloire exprime notre grandeur. Nous sommes les signes lumineux de son amour pour l’univers et l’humanité.

P. Francis

 

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