ORDINAIRE 27 B

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas »

(Marc 10, 2-16)

Nous avons tous une vocation. Le Seigneur nous appelle à le suivre selon des modalités particulières qui s’inscrivent dans la grande Tradition de l’Eglise. Nous avons tous une place spéciale dans l’Eglise car nous avons une place spéciale dans le cœur de Dieu. Encore faut-il l’accepter et en vivre. Accepter d’être aimé et appelé. Vivre de la joie que procurent l’appel et la vocation. Chacun peut découvrir par sa vie spirituelle et le discernement de l’Eglise sa place, son rôle, sa spécificité, sa créativité, sa relation au Père par le Fils dans l’Esprit. Ainsi chacun peut apporter sa contribution et sa fraicheur pour édifier le Corps du Christ et construire le Royaume dans l’Esprit. Si certains sont appelés à une consécration particulière, d’autres vivent dans le célibat ou le mariage. Si certains sont appelés par l’ordination à agir ‘in persona Christi’, d’autres vivent leur sacerdoce baptismal dans leur quotidien, leur famille et leur lieu de travail. Tous appelés, certes, mais tous appelés selon la volonté de Dieu. Tous nous reflétons l’unité de la Trinité et la diversité dans l’unité. Tous nous vivons de l’amour trinitaire et exprimons par notre agir, notre être et notre existence la filiation divine adoptive obtenue par le Christ ressuscité.

  1. 1. L’amour qui exprime la Trinité.

On pense trop souvent que seuls le clergé, les religieux, les consacrés doivent vivre d’une vie spirituelle lumineuse et publique. Ils seraient les ‘spécialistes’ de la sainteté et de la religion. Il est vrai qu’ils ont été  consacrés au service de la communauté et qu’au cœur de l’Eglise, ils ont une place spéciale. Il est pourtant vrai, que chaque chrétien est ‘un autre Christ ‘ et qu’il doit ‘exhaler la bonne odeur du Christ’. Chacun a sa manière, chacun a sa place mais tous unis dans l’amour trinitaire. L’Eglise est l’icône de la Trinité : elle vit de cet amour et exprime cet amour par tout son être.

Les Consacrés : le Royaume est déjà là, inauguré par la Résurrection du Christ. Les lueurs du Paradis sont à nos portes, le Christ est tout en tous par sa présence lumineuse et profonde. L’Esprit prie et agit. Le Père est glorifié. Les consacrés expriment cette réalité et rappellent à l’Eglise sa dimension surnaturelle, spirituelle et eschatologique. La vie consacrée en communauté est un signe de la vie trinitaire : unité dans la diversité, accueil des différences et joie d’être unis dans l’Esprit. L’amour tient la première place car Dieu est amour.

Les époux chrétiens : le sacrement est le signe de la présence divine dans l’Eglise et l’agir efficace et réel de l’Esprit. L’union de l’homme et de la femme, dans l’Esprit du Ressuscité, est expression de l’amour de Dieu pour le monde. La fécondité du mariage est participation à la création. « Une seule chair » pour exprimer un seul Dieu créateur. L’unité et la fécondité sont les deux composantes du mariage comme aussi l’altérité que désignent un homme et une femme. L’union des cœurs et des corps est le chemin spirituel des époux qui, ensemble et respectant leurs différences, avancent vers le Royaume des Cieux. Il est clair que le mariage est trinitaire puisqu’il reflète l’amour en la Trinité et de la Trinité pour le monde. L’amour ici tient aussi la première place puisque Dieu est amour.

Les célibataires chrétiens : on pense parfois que le célibat, choisi ou de fait, est un échec ou une épreuve, qu’il n’est pas fécond, qu’il est inutile. Ce n’est pas la vision chrétienne, pour qui tout être humain peut devenir fécond spirituellement s’il vit le célibat avec le Christ. Sans le Christ, le célibat peut souffrir d’égoïsme ou de repli sur soi. Il peut être un signe maladif de non relation ou de peur. Avec le Christ, il atteint le cœur du Père, se vitalise par la prière dans l’Esprit et suit les traces de Jésus. Il partage ses richesses et découvre des voies nouvelles d’expérience que seule la liberté peut ouvrir. Là encore, c’est l’amour qui a la première place car Dieu est amour.

Jésus n’était pas marié et a vécu son célibat dans un équilibre remarquable. Il vivait dans la liberté spirituelle et d’une relation saine et vraie. Il a béni le mariage qui, par son unité et sa fécondité,  exprime tout l’amour de Dieu pour le monde. Il a entraîné des disciples qui ont tout laissé pour le suivre et ainsi, proclamer le Royaume « déjà parmi nous ». A chacun, il a donné d’être témoin de l’amour et d’être fils/fille d’un Père qui donne grâce et Esprit. La filiation adoptive est ainsi vécue selon l’état de vie choisi ou donné. C’est l’amour qui compte !

  1. 2. La différence qui exprime la Trinité.

Quelle que soit notre vocation, la Trinité Sainte est glorifiée et témoignée. Elle est ‘atteignable’ et ‘rendue visible’. Le grand mystère de Dieu se trouve entre nos mains pour être cru et aimé. Sinon, on reste à des considérations générales, théologiquement abstraites et humainement inatteignables. Mais de fait, la Trinité s’est révélée par le Christ. La Résurrection a ouvert le chemin vers le Cœur de Dieu. On ne peut plus se taire car Dieu a parlé par son Verbe et s’est découvert par l’Esprit de vie.

La Trinité est Une : notre unité est signe de l’unité divine. Nous vivons de cette dimension particulière. Mais quand nous nous divisons et déchirons, nous nions cette réalité et mentons. L’unité de l’Eglise, du couple, des communautés religieuses, des groupes… est fondamentale non pas parce qu’elle est socialement meilleure mais parce qu’elle est vitale et ontologiquement établie.

Le Dieu unique est Trine : notre diversité acceptée est signe de la ‘pluralité ‘ en Dieu. Même si cela peut paraître ‘étrange’, ça ne met pas en cause l’unité divine. En Dieu cependant, il y a des relations et les Personnes Divines sont différentes. Ainsi, notre pluralité ou diversité dans l’Eglise, le couple, les communautés religieuses, les groupes… n’est pas à crainte mais à préserver et même à promouvoir. Elle est le signe de la communion trinitaire, de l’unité de la Trinité, de l’amour des Trois qui ne font qu’Un.

L’unité du couple est anthropologiquement fondée ainsi que l’altérité qui en résulte. Ce sont des fondamentaux qui établissent la personne humaine. Nier l’une ou l’autre, c’est nier l’humanité. Nier l’humanité, c’est nier le Créateur qui l’a souhaité ainsi. A l’image de la Trinité, l’humanité retrouve sa vérité fondamentale et un avenir fécond et paisible.

  1. 3. Conclusion : la fraicheur spirituelle des enfants.

On peut se compliquer la vie mais les enfants nous rappellent à l’essentiel. Ils ne font pas de détour pour dire, faire, faire faire. Mettons-nous à leur école afin de nous rapprocher du Père qui appelle, du Fils qui sauve et de l’Esprit qui sanctifie.

L’amour est senti et vécu par les enfants dans la fraicheur de leur âge. Ils savent qui aime ou qui fait semblant. Mettons-nous à leur école pour retrouver une simplicité qui authentifie nos relations et ouvre l’avenir.

Puisque la Trinité Sainte est notre modèle, nous retrouvons la vérité de l’humanité.

P. Francis

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