ORDINAIRE 28 B

« Posant alors son regard sur lui… »

(Marc 10, 17-30)

Jésus est-il aussi radical qu’on le dit ? En demande-t-il trop ? On pourrait le penser en lisant l’Evangile et on reste sceptique devant ses appels à la suivre et à tout laisser pour lui. Il semble exagérer dans ses demandes et la réponse n’est évidente ni pour les Apôtres à l’époque ni pour les disciples que nous sommes. L’exigence du Christ est à trouver ailleurs, dans la relation, l’engagement intérieur, le sérieux de notre réalité humaine et la joie de la communion. Quand on aime, on s’engage vraiment, on est prêt à tout dans la mesure du raisonnable, on prend au sérieux les conséquences de ses choix. De fait, l’amour est au centre de nos choix et comme Dieu est amour, nous sommes sans cesse intégrés à cette relation qui existe entre les Personnes Divines. Le Christ reste l’option fondamentale qui nous porte au centre, au cœur de Dieu et donc au centre de nous-mêmes. L’exigence du Christ est une exigence d’amour que nous intégrons peu-à-peu mais qui donne sérénité et avenir. Elle colore nos relations et satisfait notre recherche intérieure. Soyons certains qu’en suivant le Christ, nous trouvons le Père et recevons l’Esprit de vie. Toute la Trinité établit alors sa demeure dans nos existences et fait jaillir les splendeurs de sa beauté. L’humain devient alors chemin vers le divin.

  1. 1. Les choix à faire.

Nous le savons, la vie est faite de choix. Des choix matériels pour stabiliser notre vie et celle de notre famille et des choix plus fondamentaux qui orientent notre existence. Ces choix peuvent être matérialistes quand ils ne cherchent que la satisfaction immédiate des besoins, philosophiques quand ils s’établissent sur une réflexion rationnelle, spirituels quand ils s’enracinent dans la relation avec Dieu. L’idéal serait que tous ces choix s’harmonisent et se complètent pour notre propre équilibre et notre satisfaction mais bien souvent ils s’opposent car ils sont la conséquence de pressions extérieures et intérieures, de luttes ou de compromis.  Notre vie sera alors un long et patient exercice d’équilibre par toujours satisfaisant mais le plus proche de nos quêtes spirituelles.

Choix matériels : la satisfaction des besoins immédiats nous tenaille de toute part. Si nous sommes responsables de famille, elle nous obsède car de fait, nous voulons donner le plus d’aise possible aux nôtres. Rien de plus normal, mais rien de plus périlleux quand elle devient l’unique source de référence et la seule orientation de la vie. Se trouver bien matériellement est une bénédiction mais cela ne doit certes pas nous enfermer dans la satisfaction des pulsions et des désirs sans en contrôler l’origine et les motivations. Nous ne pouvons pas non plus donner, ‘gaver’, sans prendre du recul et placer à sa juste position l’aspect matériel de la vie. L’éducation de nos enfants devrait tenir compte de la juste distance à conserver dans ce domaine. Il y a plus dans la vie, il y a du sens à donner !

Choix philosophiques : nous orientons nos choix bien souvent en fonction de nos valeurs et de nos pensées. Les choix rationnels, conséquences de nos réflexions, teintent les expériences et les orientations que nous prenons. C’est le discours sur les valeurs et les raisons de vivre. Ici, il y a autant de réponses que de personnes. Le sens que l’on donne est une combinaison de sagesse, d’objectivité et de subjectivité. La réflexion ne manque pas mais pâtit des compromis nécessaires avec la réalité et la pression sociale ou la mode. Il est bon d’avoir des références mais surtout d’intégrer la sagesse humaine en y insérant notre propre finesse (Sg 7, 7-11). Nos enfants ne se trompent pas, ils comprennent vite à quoi nous nous référons et quelles sont les choses importantes ou pas.

Choix spirituels : Il y surtout, pour nous chrétiens, le choix fondamental qui va orienter et déterminer notre existence. Le repère spirituel, la référence transcendantale, la relation à Dieu, la communion trinitaire… autant d’expressions qui nous propulsent dans une réalité surnaturelle, qui non seulement colorie la vie mais l’oriente vers le haut, vers la lumière et l’amour. Ce choix fondamental est un choix existentiel qui s’enracine dans la vie elle-même, dans les sources de l’existence, dans la relation au divin. Ici, on comprend les choix drastiques et difficiles, le refus des compromis destructeurs, les sacrifices qui donnent force et joie, la sérénité qui s’exprime dans l’orage. Il semble que ces choix spirituels soient les plus importants car ils touchent l’être et ainsi l’existence même et son sens. Ils donnent un avenir, s’enracinent dans le présent en intégrant le passé.

Jésus, dans l’Evangile du jour, rappelle au ‘jeune homme riche’ que la vie est faite de choix et que le choix fondamental va déterminer le bonheur ici-bas comme anticipation du bonheur éternel. « Là où est ton cœur, là est ton trésor » (Mat 6, 21).

  1. 2. Le Christ, centre de notre vie.

Nous en arrivons à nous demander ce qui est le plus important pour nous, le plus satisfaisant et le plus équilibrant. La réponse de l’Evangile est claire : c’est le Christ lui-même. Non pas une doctrine ou une philosophie, mais une personne, le Verbe de Dieu. On se trompe en faisant du Christ une option parmi d’autres. Il est l’impératif catégorique, le choix fondamental, le principe d’unité de la personne humaine, l’Icône du Dieu invisible. Bref, il est le Fils, Homme et Dieu, unité du Divin et de l’Humain, Passage obligé de tout homme vers la Trinité. Le Verbe éternel est aussi relation éternelle qui donne par l’Esprit l’accès au Père.

« Viens et suis moi » dit Jésus : à chacun sa vocation particulière pour le service du monde et de la communauté mais à tous une unique vocation à la filiation. Par le Christ, nous obtenons la filiation adoptive qui est notre identité profonde. Appelés à être enfants de Dieu, la filiation est notre véritable identité humaine.

« Reçois le centuple » dit Jésus : on quitte tout pour tout retrouver. Tout reçoit une dimension spirituelle, même le matériel. Le matériel surtout prend sa juste place et peut être un chemin vers Dieu. On n’a pas à se diviser intérieurement, on a à équilibrer les choses dans l’Esprit qui met au point nos choix et les renforce dans la vérité. « Rien n’est impossible à Dieu »

« La vie éternelle » affirme Jésus : n’est-ce pas le but ultime de nos existences ? Elle est donnée dans l’amour et s’épanouit par l’amour. Le Royaume, c’est la communion trinitaire éternelle.

  1. 3. Conclusion : quand l’amour s’en mêle !

Jésus nous met en garde : ne divisons pas les différents aspects de nos vies. Equilibrons le plus possible nos existences avec notre choix fondamental.

Jésus se met au centre de nos vies : il est la réponse de Dieu mais aussi le Chemin vers le Ciel car il est le lien, le pont avec le Père par l’Esprit. Le choisir, le suivre, c’est vivre dans l’amour et le bonheur maintenant déjà et pour toujours dans le cœur de la Trinité.

P. Francis

 

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