ORDINAIRE 33 B

« Dès que ses branches sont tendres… »

(Marc 13, 24-32)

Nous arrivons à la fin de l’année liturgique et les textes parlent de la fin des temps. On conclura cette année par la solennité du Christ, roi de l’Univers. On ne peut donc oublier les liens entre la fin des temps et la victoire du Christ. On devrait même faire nécessairement le lien car en Lui, tout s’accomplit et tout est remis au Père dans l’Esprit. Nous sommes trop influencés par les films catastrophe et le mot même ‘Apocalypse’ nous effraye. Nous y voyons une fin alors que le texte biblique annonce un commencement. Nous y voyons un jugement sans concession, alors que le Christ, par ses images fortes, nous promet l’entrée dans l’amour. Il est vrai que Jésus utilise les mots de son époque et les images traditionnelles de la fin des temps sous forme catastrophique et angoissante. Doit-on s’y arrêter comme le font les sectes millénaristes ou apocalyptiques ? Doit-on craindre une déflagration universelle qui arrêtera nos élans vers le divin et nous plongera dans la tourmente ? Ou doit-on y voir un moment de grâce où tous pourrons enfin accueillir leur Seigneur et entrer dans le Royaume préparé pour eux ? Jésus parle de maturité, d’accomplissement, de glorification… L’amour attend et ne craint pas. Il va enfin goûter à la communion trinitaire.

  1. 1. Il est venu, il reviendra.

On parle souvent de la seconde venue du Christ, celle de la fin. Le credo en parle : « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » et aussi « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Ainsi, nous attendons et souhaitons cette venue en force, en gloire, en puissance dans l’amour. Nous espérons que le Christ accomplisse son Règne et remette tout à son Père. Nous voulons cette réalité : fin des temps, fin du temps, mais aussi révélation de la gloire divine dans les élus.

Le Christ est venu : à Noël, nous célébrons cette première venue et paradoxalement, nous proclamons sa seconde venue. Noël n’est pas un simple souvenir du passé, la naissance de Jésus. Noël rappelle le début de la ‘procédure’ de salut, l’intégration de la ‘chair’ dans le divin du Fils, la sanctification de la personne humaine dans la Personne Divine du Fils, la communion possible entre Dieu et l’Homme dans et par le Fils Unique. Jésus le Christ, Fils de Dieu, a pris notre chair pour la sauver et l’élever dans le monde de Dieu. Il a permis la communion. La vie terrestre du Fils est un  chemin vers le Cœur de Dieu. Elle ouvre la Porte du Ciel pour y découvrir la Lumière dans l’éclat de la Vie et la joie de la Vérité. Le Fils assume par sa Résurrection l’humanité et tout l’univers. Il est le Roi.

Le Christ reviendra : Si Jésus a vaincu le péché et la mort par sa passion et Résurrection, s’il est le Maître de l’univers, il assume notre condition en la sanctifiant et la rendant apte au divin. L’union en sa Personne, du divin et de l’humain, nous a ouvert les possibilités d’une communion véritable et éternelle. Nous y participons maintenant par notre baptême/confirmation et les sacrements, nous y goûtons dans l’adoration et la louange, nous en vivons par l’Eucharistie, nous nous y préparons par l’amour qui régit notre cœur et notre vie. Comment craindre la rencontre tant souhaitée ? Comment reporter la Rencontre de vérité dans l’amour enfin partagé ? Le Christ viendra à nouveau tout accomplir et tout assumer, il nous prendra avec lui, morts et vivants, pour nous présenter au Père. Sa venue est une espérance, une véritable déflagration de l’amour, dans l’amour, pour l’amour.

Le Christ jugera : certes que le jugement sera équitable et juste ! Aurions-nous peur de la vérité ? Renions-nous nos responsabilités tant invoquées aujourd’hui ? Il est juste que nous rendions compte de notre liberté et de nos choix, de nos compromis et de nos engagements. Nous serons jugés sur les actes qui expriment l’être, l’intérieur, le choix fondamental. Nous serons ajustés à notre être, dans une harmonie enfin vraie et équilibrée entre notre corps, notre esprit et notre âme. Les intentions seront dévoilées pour y rechercher le vrai, le beau et le bon mais le tout sous le regard miséricordieux du Père qui nous connaît, nous aime et nous protège, sous le regard compatissant du Fils qui a partagé notre existence, nos doutes et nos souffrances, sous le regard tendre de l’Esprit qui a sanctifié, redressé et divinisé notre personne. Le Cœur de la Trinité s’ouvrira dans la joie de l’amour et la lumière. Rien à craindre sinon notre trop peu d’amour et nos réticences à aimer.

En parlant de jugement et de fins dernières, nous annonçons l’importance des fins premières et de nos choix libres, nous valorisons notre humanité pour l’ajuster aux vues de Dieu et à sa volonté. Le Christ reste notre avocat, l’Esprit est notre paraclet, le Père le lieu de notre repos.

  1. 2. Le Royaume enfin accompli.

Jésus a annoncé le Royaume. Il le proclame déjà présent parmi nous. Il en voyait les prémices et les signes. Nous sommes trop aveugles pour voir l’invisible ou au moins les signes de l’Esprit. Trop pris, trop occupés, trop paresseux, trop peureux… Il reste que le Royaume est en germe et qu’il annonce ses couleurs. L’amour de Dieu et du prochain nous aide à le percevoir et à le construire. La force de la vie dans l’Esprit s’élance vers le cœur de la Trinité.

Le Royaume est là : certainement, la Résurrection est une victoire, la Victoire. Elle a révélé le Fils et les intentions du Père, elle a propagé l’Esprit et nous invite à l’amour dans la communion trinitaire. Il n’y a pas de doute sur cette victoire et seigneurie du Christ. Son ‘échec’ en croix a été le lieu du pardon et de la grâce, le renversement de la situation, la découverte d’une vérité insoupçonnée. Le Royaume a été inauguré et se propose à tous. Il met en relation et propulse dans la lumière et la sérénité.

Le Royaume se construit : certainement, nous sommes aveugles et pécheurs et la victoire du Christ, obtenue et certaine, ne nous paraît pas évidente. C’est que le Christ a fait sa part et qu’il nous reste à faire la nôtre, il nous reste à aimer et à construire la Cité de Dieu, la Jérusalem céleste à travers la Jérusalem terrestre, sachant où nous allons et ne nous attachant pas à ce qui est passager. Ce qui passe est paradoxalement le lieu de ce qui demeure, les prémices de ce qui est éternel. Bien enracinés dans le ‘terreux’, nous plongeons dans le ‘lumineux’. Rien à faire sinon aimer et à répandre la Bonne Nouvelle du Salut dans la joie pascale.

  1. 3. Conclusion : l’amour en plein !

Le Christ parle de bouleversements. Tout est chamboulé pour retrouver sa juste place et sa vérité. Seul le Christ peut accomplir cette révolution de sens et de vérité.

Le Christ parle de sa venue. Il va accomplir ce qui a été initié. Seul le Christ peut parfaire l’œuvre entreprise et la porter à son terme.

Le Christ parle du Royaume. Il va l’établir définitivement. Seul le Christ peut ouvrir le cœur du Père et nous donner l’Esprit Saint. Il nous introduit dans le dialogue éternel de la Sainte Trinité.

P. Francis

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