CHRIST, ROI DE L’UNIVERS

« Ma royauté n’est pas d’ici »

(Jean 18, 33-37)

Nous voici arrivés à la fin du cycle liturgique. Pendant une année, nous avons cheminé avec le Christ, essayant de le comprendre, de l’accueillir et de l’aimer. Le cycle liturgique est une grande fresque qui reprend les grandes étapes de la vie de Jésus et qui nous plonge dans le mystère de sa Personne et de sa relation avec le Père. C’est un cheminement de foi, dans la lumière de l’Esprit Saint et la joie de la filiation. C’est un chemin d’espérance qui sollicite notre engagement et anticipe notre participation aux relations trinitaires. C’est un cheminement dans l’amour, à la suite du Bien-aimé, pour rejoindre le Père, dans l’Esprit. L’année liturgique s’achève avec la solennité du Christ Roi de l’Univers, puis on reprendra notre préparation de Noël. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y a un lien étroit entre cette solennité et l’Avent. La fête de ce jour nous présente Jésus comme le Roi de l’univers, le Maître des mondes, le Fils de l’Homme, l’Agneau immolé qui monte sur le trône divin et accomplit ainsi son œuvre de salut, dans une identité enfin reconnu et affirmée. L’Avent nous parle de la venue du Fils, dans le temps (Noël) et à la fin des temps (Parousie). Il est venu, il reviendra. Il a tout accompli, il affirmera sa  Royauté. « Il est, il était et il vient » (Apo 1, 8), il est l’Alpha et l’Omega, notre tout, notre vie, notre amour.

  1. 1. De quelle royauté s’agit-il ?

Jésus est roi. Sa vie l’affirme. Son œuvre de salut le confirme. Sa croix est son trône. Sa Résurrection, son sceptre de gloire. Devant Pilate étonné, il parle de son Royaume, ce Royaume d’amour qui n’a rien à voir avec nos lamentables royautés terrestres. Il n’est pas de ce monde mais il est parmi nous, qui croît, qui germe, qui donne les fruits de l’Esprit, qui éclaire nos cœurs et illumine nos esprits en recherche. Le Royaume du Christ est vrai parce qu’il est intérieur, il est acceptable parce qu’il est juste, il est éternel parce qu’il grandit par l’amour seulement. Jésus, notre roi, est le Fils, le Bien-aimé du Père en qui tout s’accomplit et en qui le Père se complait. L’Esprit est ce souffle de vie qui régénère ce Royaume pour l’amener aux sphères divines. Un royaume éternel, dans l’amour.

Royaume de vie : alors que nos royautés terrestres se fondent sur le sang, sur la violence ou sur la puissance économique, le Royaume du Christ est vie et paix. Jésus est le roi d’un royaume qui donne vie et qui génère de la vie. Créateur du monde, il règne sur sa création comme la Providence qui pacifie, comme la Tendresse qui rassure, comme la Joie qui inonde le cœur. Même si ce monde possède sa propre autonomie naturelle, il n’en reste pas moins dépendant de son origine. Le lancement dans le temps de ce monde est une anticipation de l’éternité qui nous attend. Le Seigneur ne veut que la vie et la croissance. La mort naturelle ne devrait être qu’une porte sur l’au-delà et sur la réalité invisible. Le péché originel nous l’a rendue odieuse. La croix a rétabli l’équilibre pour qui sait mettre sa confiance en Dieu. Pâques brille de tous ses éclats.

Royaume de l’amour : alors que nos royautés terrestres foisonnent de haine et de conflits d’intérêt, le Royaume du Christ est gratuité et prospérité spirituelle. Dieu a-t-il besoin de notre louange ? Il ne demande que notre amour et notre sincérité dans l’Alliance. C’est pourquoi le Royaume croît dans nos cœurs et s’élève jusqu’au Ciel, il grandit dans nos amours humaines et dans nos choix souffrants mais nécessaires. Il accueille l’ombre de notre amour pour le mettre à la Lumière. Il recueille les bribes d’amour dont nous sommes capables pour en faire des torrents d’eau vive et des fontaines rafraichissantes. L’amour est notre force, il rejoint l’amour trinitaire et fait vivre l’univers.

Royaume éternel : alors que nos royautés terrestres sont mouvantes et temporelles, le Royaume du Christ reflète l’éternité. Il ne se construit pas sur les ruines et la violence, il se bâtit sur l’humain et la fragilité mais sur l’humain relevé et sauvé, rayonnant et resplendissant de vie. Le Royaume est la glorification de notre humanité dans la divinité du Christ et la grâce filiale du matin de Pâques. Si l’éternité « a pris chair » à Noël, le temporel que nous vivons devient éternel à Pâques. Le temps et l’espace s’immergent dans l’éternel et l’infini. La Résurrection a mis le feu au centre de la terre et de la vie humaine, elle nous enflamme pour entrer dans la joie  du monde invisible, le cœur de la Trinité, la communion des Trois qui ne sont qu’Un dans l’amour.

Quand le Christ parle de Royaume de Dieu, il anticipe notre pleine communion avec la Trinité, il élève le débat aux Personnes Divines, il ouvre les Portes de l’éternité, il révèle la vérité de la Création et l’amour de la Trinité. Pilate pouvait-il comprendre ? Pouvait-il même imaginer une Bonne Nouvelle pareille, pouvait-il même toucher quelque peu à la Vérité ? « Qu’est-ce que la vérité ? » demande-t-il. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » disait Jésus. Vérité accessible à ceux qui aiment !

  1. 2. Quelle est notre royauté ? (Apo 1, 5-8)

Si le Nouveau Testament parle du Royaume de Dieu, du Règne du Christ, de la Seigneurie du Rédempteur et de l’Agneau, il fait mention de notre propre condition de rois : « Il a fait de nous un royaume et des prêtres de Dieu son Père » dit l’Apocalypse. Nous sommes rois. Nous sommes prêtres. Nous sommes enfants de lumière.

Rois avec le Roi : nous régnons avec le Christ parce que nous sommes son corps mystique. Le Roi monte sur son trône et nous invite à nous assoir à ses côtés. Belle image du livre de l’Apocalypse qui ainsi dévoile notre dignité et notre filiation ! Nous sommes dignes avec le Christ de régner car nous sommes les fils/filles du Père et que notre vie a été conséquente, jusqu’au martyre.

Prêtres avec le Prêtre : nous célébrons avec le Christ parce que nous sommes le Temple de l’Esprit et le Peuple de Dieu. Belle réalité affirmée par le livre de l’Apocalypse qui ainsi révèle notre sacerdoce royale et notre condition d’offrants ! Nous sommes dignes du culte nouveau et éternel, le culte du don de soi et de la réception de soi dans l’amour, l’eucharistie (action de grâce) éternelle dans l’amour.  Dès maintenant nous sommes prêtres du Nouveau Testament, nous offrant avec le Christ s’offrant lui-même, louant avec le Christ Louange du Père, adorant avec le Christ, fils dans l’amour.

Notre royauté et notre sacerdoce, exprimés dès notre baptême par des rites de lumière et actualisés dans l’Eucharistie célébrée en communauté, se réalisent dès maintenant dans notre vie, notre engagement, notre construction d’un monde juste et s’épanouissent dans l’éternité. Visible et invisible s’unissent encore et toujours.

  1. 3. Conclusion : l’amour roi.

Le Christ est Roi parce qu’il est le Fils : son obéissance a sauvé le monde, sa Résurrection a donné la filiation adoptive à tous ceux qui mettent l’amour au cœur de leur vie et qui, ainsi, sont rois avec le Roi de l’Univers et prêtres avec l’Agneau.

P. Francis

 

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