EPIPHANIE

« Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie »

(Matthieu 2, 1-12)

Les fêtes de Noël nous réjouissent. On est sous le charme de cet enfant qui sait toucher nos cœurs et raviver notre foi. Aujourd’hui, on ajoute les santons des Rois Mages dans la crèche et on met bien en évidence les cadeaux apportés, la joie manifestée, l’adoration des puissants à côté de l’adoration des pauvres. De fait, tous se retrouvent à la crèche et tous expriment leur bonheur d’adorer cet Enfant-Dieu qui annonce les merveilles du Père et prodigue l’Esprit Saint. Les Mages, dont la piété populaire a fait des rois, sont plutôt les chercheurs de vérité, de connaissance, de sérénité. Ils scrutent les astres pour trouver des réponses, pour comprendre leur place dans l’univers, pour participer à l’harmonie cosmique. Ils cherchent la Voie vers l’Infini, la Voix parlant au cœur. Ils cherchent le Créateur. Ils vont trouver la paix dans cet Enfant de Bethléem. Une étoile les conduit à travers leur culture et leur connaissance vers une étable banale et sans pompe. Ils y découvrent l’Etoile véritable, celle qui produit, conduit et éblouit. L’Etoile qui se lève rassemble tout l’univers dans la même adoration : le Créateur se rend présent et dit tout son amour, Dieu-parmi-nous se laisse enfin toucher. Amour est son nom.

  1. 1. Dieu se révèle.

Epiphanie veut dire ‘révélation’. Aurions-nous connu Dieu sans sa révélation ou serions-nous encore en train de nous poser des questions et peut-être d’inventer des solutions ? En effet, l’humanité, depuis toujours, cherche ses origines et le sens de son existence. Depuis toujours, elle tente de répondre à des questions de sens, de signification, de conscience. Elle cherche la vérité et, par elle, la sérénité. Toutes les religions du monde sont des réponses, primitives ou élaborées, à ces questions existentielles, des tentatives pour dépasser l’isolement intersidéral et des pratiques pour ‘maîtriser’ les peurs et angoisses. Dieu devait donc se révéler. Il l’a fait par un peuple choisi, ses prophètes et enfin par le Fils (Eph 3). L’angoisse se change en espérance, la peur en joie, les questions trouvent leurs réponses. La vie et la lumière sont données.

Dieu révèle qui il est : les hommes cherchent qui est Dieu. C’est même encore, semble-t-il, la question la plus posée sur internet. En nous cette trace du divin qui nous appelle, qui nous attire, qui nous élève. La création nous interroge  et nous porte à reconnaître plus grand que nous. La science ne peut répondre au sens et au pourquoi mais elle met sur la voie, elle explicite le comment et s’émerveille de tant d’harmonie et de coïncidences. Seul Dieu pouvait s’approcher et nous dire qui il est. Il aura fallu du temps mais nous avons compris qu’il EST, qu’il est UN, qu’il est TRINE, qu’il est AMOUR. De la première manifestation à Abraham jusqu’au moment capital du Buisson Ardent, nous nous sommes acheminés vers l’accueil de la Lumière pascale en Jésus-Christ.

Dieu révèle son amour : les hommes cherchent l’identité de Dieu, sa consistance et sa relation à l’humanité. C’est même une question fondamentale de comprendre comment l’aborder. En nous cette trace du divin qui appelle à aimer et à être aimés, qui nous aide à dépasser notre peur et qui nous jette dans les bras du Père. Oui, Dieu s’est révélé AMOUR et donc partenaire pour une communion véritable entre égaux. N’est-ce pas formidable de passer de la crainte à la sérénité de l’amour trinitaire, de la soumission à une relation équilibrée et filiale, du devoir religieux à la gratuité de la relation ? Tout cela en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, lien entre le Ciel et la Terre, Voie, Vérité et Lumière. Son Incarnation a permis de rétablir la relation, sa Résurrection nous a obtenu la grâce filiale, son Esprit nous fait crier : « Abba », dans l’amour.

Dieu révèle son dessein : les hommes cherchent la volonté de Dieu pour lui plaire et attirer ses faveurs. C’est même le sens des rites et des cérémonies dites religieuses. En nous cette trace du divin qui nous porte à l’adoration et à la communion. Il ne s’agit pas de plaire, il s’agit d’aimer et donc de vivre, d’exister, de communier. Nos rites chrétiens et nos célébrations, tout en répondant aux besoins anthropologiques du rituel, nous introduisent dans une relation apaisée, une communion recherchée, une adoration unifiée. Nous adorons le Père par le Fils dans l’Esprit, nous rendons grâce à Dieu pour la vie, l’amour et le salut, nous devenons fils/filles dans le Fils par l’Esprit de grâce, nous nous offrons avec le Fils. Le dessein de Dieu est de nous unir à lui dans la communion trinitaire. Pour l’éternité.

Les Mages ont suivi une étoile et ont trouvé un enfant. Pouvaient-ils savoir que cet Enfant est la révélation définitive de Dieu, l’expression ultime de son amour, la magnificence de son Être ? Jésus de Nazareth, le Christ, est le Don de Dieu à l’humanité, la Bonne Nouvelle de l’amour, l’Etoile qui oriente et donne sens à notre vie. Ultime révélation, suprême beauté, Dieu avec nous !

  1. 2. Dieu se manifeste.

L’Epiphanie nous rappelle que Dieu s’est révélé et qu’il s’est manifesté. Il s’est manifesté dans notre histoire et dans notre vie. Notre vie spirituelle en est transformée car on ne peut faire fi d’une telle clarté. L’Incarnation nous enracine dans notre humanité, la Croix nous procure le pardon espéré, la Résurrection nous plonge dans notre dimension surnaturelle, l’Esprit nous propulse dans le cœur de la Trinité. A nous d’accueillir cette grâce !

La création : première étape et étape ‘naturelle’ pour reconnaître le divin, elle nous porte à admirer la grandeur du Créateur et à découvrir sa volonté. Préparation à la rencontre.

L’Incarnation : étape sublime de notre vie spirituelle, elle nous plonge dans la vérité de notre humanité et en fait un chemin vers le Ciel. Le Dieu Un s’est fait chair et nous consacre à lui. Rencontre et unité du divin et de l’humain, possibilité de communion en Christ.

La Résurrection : étape ultime qui donne la grâce, elle fait de nous des fils/filles dans l’Esprit du Fils. Nous entrons dans le cœur de la Trinité, dans la communion authentique, dans un face-à-face éternel. Etape ultime et définitive qui rend possible l’impossible, qui divinise l’humanité, qui nous unit à Dieu dans le respect des autonomies. Rencontre consommée dans l’amour trinitaire.

  1. 3. Conclusion : suivre l’Etoile du matin, le Christ.

Avec les Mages, mettons-nous en route. Le chemin porte à Bethléem, vers un enfant de chez nous qui nous met en relation avec le chez-nous divin.

Avec les Mages, suivons l’étoile. Elle nous porte vers le Fils, révélation du Père et de l’Esprit, dans l’amour.

Avec les Mages, laissons-nous surprendre, dérouter, émerveiller. Nous connaîtrons le vrai Visage de Dieu par le sourire innocent d’un enfant, l’Enfant de la promesse, la véritable Etoile.

P. Francis

 

This entry was posted in Année C, Français, Père Francis, Saison de Noël. Bookmark the permalink.