CAREME 2 C

« Son visage apparut tout autre »

(Luc 9, 28-36)

Les tentations de Jésus ont été un moment de grande intensité. Face au diable, le diviseur et le menteur, Jésus a pu réaffirmer son identité, approfondir sa relation au Père et suivre sa mission. Il devra désormais convaincre par la douceur, se faire connaître par l’amour et sauver l’humanité dans l’obéissance libre. Le carême nous aide à réaffirmer les mêmes convictions et à en vivre. Au milieu de ce combat ‘ontologique’ et des tentations cherchant à nous détourner de l’amour du Père, il y a toujours une lumière, une espérance, un signe divin. Il y a un appel à se dépasser dans l’Esprit Saint. Il y a le Visage du Christ et sa beauté qui nous plonge dans la beauté divine. Ce visage humain reflète la gloire de Dieu. Cette humanité transfigurée nous porte au cœur de la Trinité. Ainsi, le Christ est Fils, le Fis du Père qui sauve dans l’Esprit et qui nous glorifie par sa Résurrection. Ce moment évangélique de la Transfiguration est une oasis dans notre désert, une fraicheur bienheureuse dans les amertumes de la vie, une caresse divine dans la violence du monde. La beauté se fait voir. Elle est divine. Elle est trinitaire.

  1. 1. La beauté du Fils

On l’avait bien compris à Noël : Jésus est le messie, le Fils du Très-Haut. On nous l’avait répété au Baptême du Jourdain : « Tu es mon Fils, le Bien aimé » (Lc 3, 22). Le démon lui-même avait repris ce titre au moment des tentations (Lc 4, 1-13). Cette filiation va se laisser voir dans toute sa splendeur. La gloire du Fils va toucher les apôtres et resplendir sur la montagne. Le Ciel et la Terre, à nouveau, se rejoignent et Jésus le Fils est au cœur de cette rencontre. De fait, homme et Dieu, il est notre « Chemin » (Jn 14, 6), notre point de rencontre, notre accès au Père. En lui, l’humain et le divin se touchent, se rencontrent, s’unissent, s’aiment. Sa Personne est notre vie et notre lumière. Eclate alors toute la joie céleste et toute la beauté divine qui transfigurent la beauté humaine.

Beauté de l’identité : le Christ est beauté. Il est le Fils, vraie expression du Père et joie de l’Esprit Saint. Sa vie sera toute orientée vers le Père afin de nous partager cette vie éternelle dont il jouit en tant que Dieu et qu’il partage en tant que Fils. En regardant le Christ, nous voyons Dieu (Jn 14, 6). Son visage est accès au visage du Père. Ses gestes sont des gestes de salut. Sa Personne reluit de la vie divine. Il est le Fils et donc icône du Père pour nous (Col 1, 15), qui ne saurions regarder Dieu en face sans mourir (Ex 33, 20). Même en croix, dans ces circonstances extrêmes de détresse et d’agonie, la beauté divine se laisse apercevoir et nous plonge dans le mystère. L’Orient a su nous laisser ses mosaïques et icônes de lumière. L’Occident a su nous laisser son architecture et sa statuaire de glorification. Beauté !

Beauté de la communion : le Christ est beauté. Il est en communion avec le Père dans l’Esprit Saint. Un en divinité, il est engendré par le Père dans l’éternité et leur relation sont des relations d’amour. Loin de nous l’idée d’un polythéisme larvé ou d’un adoptianisme théorique. L’Incarnation est vraie. L’humanité du Christ n’est pas une illusion. Sa divinité est réelle. Sa Résurrection n’est pas une fiction. Cette unité en Christ du divin et de l’humain reflète l’unité de la Trinité et nous introduit dans la communion des Personnes Divines. L’Orient nous a laissé une théologie descendante. L’Occident a préféré une théologie ascendante. Beauté !

Beauté de la mission : le Christ est beauté. Il a été envoyé pour exprimer l’amour du Père et donner l’Esprit. Sa mission a une valeur salvifique à cause du péché originel et de l’endurcissement de nos cœurs. Elle a surtout une saveur de gratitude et de communion. La mission du Christ est avant tout une mission de réconciliation et d’unification. Elle nous mène au cœur du mystère trinitaire, elle nous donne accès aux relations trinitaires, elle nous partage la beauté trinitaire. L’Orient a su refléter cette beauté dans une ecclésiologie de communion. L’Occident a su la refléter dans une ecclésiologie de service et de charité. Beauté !

Toute la gloire du Fils se manifeste à la Transfiguration. Anticipation de la gloire de la Résurrection, avant-goût de la glorification en son Ascension, elle nous aidera à dépasser le traumatisme de la croix pour y voir là aussi la pure beauté de Dieu émergeant de nos fantaisies et de nos laideurs. Cette même transfiguration nous est proposée car fils/filles dans le Fils, nous reflétons nous-aussi la gloire divine et sa beauté.

  1. 2. La beauté des fils

Loin d’une anthropologie à quatre sous, l’anthropologie chrétienne est une conséquence de cette glorification, de la Résurrection et donc de la Révélation. Le Christ est notre chemin quand nous parlons de l’homme. Homme selon la volonté de Dieu, loin des compromis douteux qui nous caractérisent, ‘antithèse’ au péché qui nous défigure, la Personne du Verbe nous précède dans la réflexion et nous élève à son niveau. Beauté reflétant la Beauté, il nous la communique afin de resplendir comme lui et de dégager sa ‘bonne odeur’ par tous les pores de notre existence.

Beaux par Création : nous sommes voulus par Dieu. Non pas électrons lancés dans l’univers sans origine ni but, nous sommes aimés. Dieu peut-il haïr sa Création ? Il aime ce qu’il a créé et particulièrement ceux qu’il a créés. Créatures, nous sommes préparés à plus, à plus grand dans l’amour et la liberté, au saut sans la transcendance.

Beaux par Recréation : nous sommes adoptés par Dieu. Non pas esclaves d’un dieu tyrannique ou jaloux, arbitraire ou violent, nous sommes fils/filles d’un Dieu d’amour et de communion. Frères et sœurs du Christ, nous partageons sa filiation dans la lumière de sa Résurrection qui nous a transfigurés et emportés au Ciel par l’Esprit Saint.

Beaux en la Trinité : nous sommes participants de l’amour divin. L’humain ne devient effectivement homme ou femme qu’en devenant fils ou fille du Père. L’humain a été préparé, il peut devenir lui-même par le Fils dans l’Esprit. Il resplendit de toute sa beauté dans la beauté du Fils, la joie de l’Esprit et l’amour du Père. La beauté de la Trinité se manifeste en nous. Nous la partageons en vérité.

  1. 3. Conclusion : enracinés dans l’amour

A la Transfiguration, le Christ révèle son identité : il est Fils de Dieu, Dieu parmi nous, dans l’amour du Père. Sa Parole est celle du Père et sa beauté reflète la Beauté divine.

A la Transfiguration, le Christ révèle sa mission : il fera de nous des fils/filles à la suite des prophètes et par volonté divine. Il ira jusqu’à la croix par amour. Il ressuscitera dans l’amour pour nous introduire dans l’amour trinitaire.

A la Transfiguration, nous resplendissons en Christ de toute la beauté divine, beauté de la Trinité.

P. Francis

 

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