PAQUES 4 C

« Le Bon pasteur »

(Jean 10, 27-30)

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité !

Nous entrons progressivement dans toute la grandeur de ce mystère. La Résurrection est le centre de notre foi et la base de toute notre pratique et de notre spiritualité. La vie nouvelle, la grâce filiale, la lumière de l’Esprit, de don du Père, la réalité de l’amour… Tout est accordé par le Christ ressuscité dans l’Esprit saint pour la gloire du Père. Nous entreprenons un parcours nouveau dans la foi et la force de l’Esprit et ce parcours se dirige vers le cœur même de la Trinité. De la création à la recréation en passant par l’Incarnation et la Croix, nous avançons joyeux dans la lumière de la révélation. Mystère insondable et si grand qu’on ne peut l’épuiser ! Mystère incroyable et si lumineux qu’on ne peut l’affaiblir. Mystère bouleversant d’un Dieu qui fait tout pour nous et qui se donne dans l’amour ! La Résurrection est notre guide. Elle éclaire l’Écriture et la Tradition. Elle illumine la vie quotidienne en y déployant l’extraordinaire de l’amour. Elle nous révèle l’identité du Christ et du coup, le mystère de communion de Dieu. La Résurrection comme Révélation trinitaire et comme ouverture à la communion éternelle. Il n’y a pas d’autre voie de salut que d’accueillir la Vérité, la Vie et la Lumière, le Christ vainqueur, Fils du Père, notre Seigneur !

  1. 1. « Le Père et moi nous sommes UN ».

Cela peut paraître étrange mais la mission du Fils est d’abord de révéler le Père. Dans cette révélation suprême, non seulement nous connaissons le Père dans l’Esprit, mais nous obtenons pardon et grâce, vie et lumière, force pour le quotidien et joie de vivre en fils/fille. L’Incarnation est la sanctification de l’humain par la divinité du Christ. La Résurrection est la glorification de l’humain par la filiation divine du Christ. Le Christ, Homme et Dieu, est le Chemin vers Dieu, car il est l’Homme selon la volonté du Père et il est Dieu, donc de la même nature que le Père et son égal en divinité. Mystère inconcevable sans la Résurrection, impossible sans l’amour !

La Résurrection révèle le Fils : les « prétentions » de Jésus étaient fondées. Il se disait Fils de Dieu et « se faisant ainsi l’égal de Dieu ». Les prêtres juifs avaient saisi les conséquences de cette prétention et ne pouvaient l’admettre. Manipulant le pouvoir politique, ils font condamner Jésus. C’est vraiment le rejet de la divinité du Fils. Mais le matin de Pâques, Dieu ressuscite Jésus, le Messie et le déclare son Fils, non pas comme un adopté mais comme venant de lui, de toute éternité. « Au commencement était le Verbe, le Verbe était auprès de Dieu, le Verbe était Dieu » (Jn 1).  Ainsi, Jésus, celui de l’histoire, est vraiment le Fils, celui de l’éternité !

La Résurrection révèle le Père : le Dieu d’Israël, insistant si longtemps sur son unité, se laisse voir comme communion. Si le Christ est le Fils, Dieu est son Père. Le Père et le Fils ne sont qu’Un en divinité dans l’amour. On risque quelque fois de sombrer dans le polythéisme ou le trithéisme mais cela n’est pas la Tradition chrétienne. Ce sont souvent des accusations faites aux Chrétiens de mettre en cause le monothéisme pur. Il n’y a pas trace de polythéisme dans l’amour. Un seul Dieu. Un seul Seigneur. Dieu Un qui se révèle Trine. La Trinité qui est Dieu unique. Dieu est donc notre Père et notre relation à lui change radicalement : on se tourne désormais vers un Père et non un maître, un tyran, un Être Suprême lointain.

La Résurrection révèle l’Esprit : on savait Dieu agissant dans l’histoire et dans la vie. On avait compris la présence de son Souffle mais parfois, on faisant de son Esprit comme une émanation spirituelle. Par la Résurrection, on comprend que Dieu est Esprit, qu’il agit, qu’il sanctifie, qu’il purifie. C’est lui par la force de son Esprit. L’Esprit est Dieu et unit la Trinité dans l’amour. Amour du Père et du Fils, il assure l’unité et la relation. L’Esprit a couvert Marie de son ombre. Il a guidé Jésus. Il est donné du haut de la Croix. Il ressuscite Jésus d’entre les morts. Il est donné à la Pentecôte comme force et vitalité. La force divine accompagne l’Église et assure son unité. Le Bon berger peut guider ses brebis par lui.

L’événement pascal est un événement majeur : non seulement il donne le pardon mais il dévoile le mystère de la communion en Dieu. Il donne la grâce d’y participer et invite à en vivre dans le quotidien, dans la banalité, dans la faiblesse, dans nos passions et désirs… dans ce que nous sommes en tant qu’homme ou femme, appelé-e à l’amour.

  1. 2. « Je leur donne la vie éternelle »

Jésus se présente comme le Bon berger, celui qui conduit et prend soin de son troupeau. Le Bon berger veille sur chacune des brebis et les connaît par leur nom. Il s’agit non pas d’un troupeau informe mais d’une assemblée nominative qui se sait aimée et guidée. Bon, le berger donne sa vie pour elles. Lumineux, le berger montre le chemin vers la lumière. Exigent, le berger n’en reste pas moins aimant et attentif.

Jésus nous guide : nous avons certes besoin de guide dans les méandres de la vie et la complexité du réel. Nous sommes prêts à suivre une étoile et ainsi à lever les yeux vers le haut. Jésus est cette étoile matinale qui indique la route, cette étoile du soir qui restaure nos forces, cette étoile du berger qui illumine la nuit et nous rassure dans les ténèbres. Suivre le Christ, c’est avancer vers la Lumière et la Vérité. Sa vie est la preuve de sa cohérence. Sa mort est la preuve de son amour. Sa Résurrection est la preuve de sa divinité.

Jésus nous porte à la vie : nous avons besoin de valeurs et de conseils, de critères moraux et de signification. Le sens de la vie nous entraine vers un engagement véritable. L’ouverture au transcendant nous fait apprécier l’immanent. Le regard vers le haut affute le regard vers le bas. Déjà la gloire se manifeste dans notre vie, dans notre chair, dans nos esprits. Déjà, l’amour trinitaire se vit dans notre cœur et notre conscience. Déjà, nous goûtons à l’éternité dans le limité et le contingent. C’est le rôle du Bon pasteur que de nous faire comprendre que l’humain est chemin vers le divin, que la chair est glorifiée en Dieu et qu’elle ressuscitera, que la banalité est source d’éternité, que le quotidien est notre voie d’accès au Ciel. Le Bon pasteur détruit nos illusions mais suscite l’espérance et la vérité du présent. La vie éternelle est déjà commencée !

  1. 3. Conclusion : la présence du Berger !

Pâques est révélation : qui aurait pu imaginer un Dieu unique dans la communion des Personnes Divines ? Seule la Lumière du Ressuscité a pu ouvrir nos yeux. L’amour a fait le reste.

Pâques est espérance : qui aurait pu imaginer que notre quotidien était la condition de notre éternité ? Seule la bonté du Bon pasteur a pu nous renvoyer au réel pour y puiser l’éternel.

Pâques, c’est l’amour qui prend la première place car c’est le Saint Nom de Dieu.

P. Francis

 

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