ASCENSION

« C’est vous qui en êtes les témoins »

(Luc 24, 46-53)

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité !

Nous contemplons le Christ qui s’élève et qui rejoint le Père. La fête de l’Ascension ne nous laisse pas orphelins, elle nous laisse témoins de la vérité et de la grâce. La Résurrection nous a plongés dans le mystère de l’identité du Christ et du coup de sa mission et de son œuvre de salut. Elle nous introduit dans le secret de Dieu et l’intimité des relations trinitaires. Ce Christ mort et ressuscité, c’est le Fils de Dieu. Dieu est Père et nous donne ce Fils pour notre joie et notre transfiguration. L’Esprit vient agir en nous et fait de nous les fils /filles du Très-Haut à la suite du Christ. Dieu est Un et Trine car il est amour. Dieu est Père et Fils et Esprit Saint. En s’élevant du tombeau, le Christ a fait éclater sa gloire filiale. En s’élevant au Ciel, il fait éclater la gloire de sa divinité et nous précède sur le Trône de gloire. ’Quelque chose de nous’, de notre terre, de notre humanité s’unit à Dieu et se transforme par grâce. L’Ascension est une fête d’unité et de participation.

  1. 1. « Il fallait… » (Luc 24, 46)

On se demande parfois si Dieu ne pouvait pas agir autrement, s’il ne pouvait pas éviter au Christ cette mort infâme. On aurait voulu une autre forme de rédemption… Et pourtant ! Il fallait que le Christ souffrît pour nous obtenir la pardon et nous donner la grâce filiale. De fait, le péché originel n’était pas une petite affaire de désobéissance innocente. Il s’élevait contre Dieu, revendiquait une égalité impossible, refusait les limites humaines, s’opposait à la volonté divine. Il a rompu le lien d’amour mais non le lien existentiel entre Dieu et les hommes. Il fallait que le Christ rétablît ce lien.

Le pardon obtenu : la croix donne le pardon et prépare à la grâce. Le péché était si profond qu’il a nécessité le don du Fils lui-même. On se rend compte ici que le péché est un vrai problème de relation, qu’il tue le lien et qu’il isole le pécheur de sa source. Il est mortel quand il détruit notre vie, spirituelle et corporelle. Le pardon était nécessaire. Le sang du Christ nous a lavés et a relevé la nature humaine d’une déchéance inexorable. Le pardon obtenu a transformé les liens conflictuels en liens filiaux. L’amour est passé par là !

Le lien rétabli : alors qu’on s’éloignait, qu’on dépérissait, qu’on s’affolait… le Christ nous a obtenu la lumière et la paix. On devrait voir la Croix comme le trône du Christ et sa Résurrection comme le resplendissement de sa divinité. Ce qui était perdu se retrouve et le pécheur est gracié. Le pécheur devient un fils/une fille par la force de la vérité, la joie du pardon et le dynamisme de l’amour. Il peut désormais s’adresser à son Père et le regarder dans les yeux. Il peut lui dire : « Abba » en toute vérité et gratuité. Le lien rompu est rétabli pour entrer dans une Alliance Nouvelle, une relation véridique, un dynamisme éternel. Ce lien va le plonger dans un mystère qui le dépasse. Ce qu’Adam, voulait ravir par orgueil, il va l’obtenir par pure grâce. L’amour est passé par là !

La grâce obtenue : le lien ne se contente pas de restaurer une relation, il obtient bien plus. La relation dont l’homme bénéficie désormais, est une relation existentielle d’amour et de divinisation. Il s’agit de plonger dans les relations trinitaires et d’y participer dans le dynamisme de l’amour. On ne perd pas sa personnalité ni sa nature humaine. On la transcende pour la sublimer dans la divinité et devenir ainsi un en Dieu. L’unité ne détruit pas la différence. La communion respecte les originalités mais les dépasse par l’amour. La grâce obtenue est une grâce filiale qui nous fait gouter à la joie de vivre en Dieu, à l’audace de dire Père, à la communion du Corps mystique, à la vie dans l’Esprit Saint. Il n’y a pas plus grand que de s’unir dans l’amour à la Trinité. L’amour est passé par là !

L’Ascension rappelle tout cela et l’illustre de façon éminente. Elle ramène le Fils dans sa gloire divine, quelle que peu estompée par son incarnation, mais toujours aussi vivace et vivante. Le Christ nous ‘prépare’ la voie de la communion éternelle, stade ultime de la communion actuelle. L’Ascension est l’espérance de s’établir définitivement en Dieu, de par notre nature restaurée et la grâce filiale. L’amour encore et toujours !

  1. 2. Une Présence aimante.

Ne nous sentons pas abandonnés car il n’en est rien. Ne regrettons pas le temps terrestre du Christ car il est passé. Ne nous affolons pas de l’avenir car il nous sera donné. Vivons aujourd’hui de la grâce filiale par la force de l’Esprit du Ressuscité qui nous conduit au Père. L’Ascension nous promet une force vivifiante et un quotidien fécond. « Pourquoi restez-vous là  à regarder vers le Ciel… » (Actes 1, 11).

La force de l’amour en nous : Nous ne sommes pas seuls, l’Esprit nous guide dans les pas du Christ pour vivre de l’amour du Père. Notre vie spirituelle, personnelle et communautaire, reflète de cette force d’amour qui nous anime. Le Christ était limité dans l’espace et le temps par son incarnation. La Résurrection l’a placé dans une dimension nouvelle, hors du temps et de l’espace, touchant tout être partout, en tout lieu et en tout temps. L’Ascension le rend présent à chaque être de façon mystérieuse que seul l’amour sait reconnaître.

La présence divine en nous : Nous ne naviguons pas seuls, le Père et le Fils vivent en nous, là où ils ont établi leur demeure dans et par l’Esprit Saint. Cet amour des Trois vit en nos cœurs et nos âmes et resplendit en nos corps pour s’exprimer par notre pratique et notre agir. C’est l’amour qui rejaillit de notre communion en la Trinité qui a fait de nous son Temple. Nous devrions avoir conscience de cette présence, dynamique et atypique, une présence vivante et joyeuse, une Présence aimante. Nous vivons désormais de la relation nouvelle, relation filiale et fraternelle. Cette relation est communion en la communion trinitaire qui est déjà en nous. L’Ascension nous garantit cette présence car elle fait entrer le Christ dans le Ciel et le Ciel désormais, c’est le cœur de l’homme. Les injonctions de Jésus à aimer étaient préparations et partages. Il voulait restaurer le temple de Dieu, son Corps. Son Corps, c’est l’humanité rétablie, sauvée, transformée, sanctifiée, aimée.

  1. 3. Conclusion : témoins du Ressuscité.

L’Ascension couronne la mission de Jésus : il a obtenu la grâce par le pardon et le don de soi. Il a rétabli les relations mais en a fait des relations de communion dans le respect des personnes, divines et humaines. Il a plongé l’humanité dans le mystère trinitaire qui fait d’elle l’humanité selon la volonté de Dieu. Humanité aimée et choyée, humanité sanctifiée et divinisée dans l’amour.

L’Ascension porte la présence divine dans le cœur de l’humanité. Il n’y a pas d’autre lieu si ce n’est le cœur des hommes et leur existence. C’est là que se vit la communion, qui prépare à la communion trinitaire éternelle. L’homme/la femme est le vrai Temple du Dieu d’amour. La Trinité Sainte en a fait sa demeure et sa gloire. L’amour est passé par là !

P. Francis

 

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