FETE-DIEU

« Donnez-leur vous-même à manger »

(Luc 9, 11-17)

La Fête-Dieu est une de ces fêtes qui nous touche le cœur. On se souvient comme il était beau de partir en procession dans les rues de nos villages et de nos villes et comme on rivalisait pour préparer les plus beaux reposoirs des quartiers, comme on se préparait et s’habiller ‘en dimanche’ pour accompagner le Saint Sacrement. C’était la fête des enfants de Dieu qui accompagnaient leur Seigneur de par les sentiers quotidiens. Dieu s’est fait l’un de nous. Il vit avec nous. Il est l’un de nous et c’est comme si nous voulions lui montrer notre vie et le faire passer sur nos pas, le faire entrer dans nos maisons, le rencontrer au coin de la rue. De fait, le Christ s’est rendu présent par le pain et le vin consacrés. Il est parmi nous jusqu’à la fin du monde. Certes, sa Résurrection l’a rendu présent au plus profond des âmes, dans le plus grand comme le plus petit. Certes, il assume l’univers par sa force pascale. Certes, il emporte avec lui tout homme en le transformant de l’intérieur. Il reste qu’on aime le retrouver dans la Présence Réelle et le recevoir en nous pour accueillir pardon, grâce et amour. La Résurrection a permis cela et nous a ouvert les fleuves de grâce qui sortent du Cœur Sacré du Christ et nous immergent dans l’amour du Père par l’Esprit. L’Eucharistie nous fait toucher le mystère et nos yeux restent éblouis par cette lumière éternelle qui entre dans nos vies. Entrons dans ce mystère et recueillons dans l’intimité du Christ qui nous porte au Père. Célébrons la victoire du Ressuscité et notre victoire en lui.

  1. 1. L’Église fait l’Eucharistie.

Le Christ nous a laissé sa Parole et les Signes de sa présence, sacrements et Église. Nous le percevons désormais par ces intermédiaires qui respectent notre nature humaine, nos sens et notre désir de voir et de toucher. Il se fait présent concrètement et visiblement par les Signes Sacrés qui nous emportent dans un mystère plus grand, celui de l’amour. Le mystère qui nous plonge dans les relations éternelles entre le Père, le Fils et l’Esprit. Si le Fils s’est incarné, c’est pour nous donner accès au monde de Dieu tout en usant de notre nature comme chemin vers l’infini. L’Eucharistie, après le baptême, est peut-être le sacrement qui nous transforme le plus puisque nous communions au vrai Corps et Sang du Ressuscité.

L’Eglise, Corps du Christ : nous sommes ressuscités avec le Christ et nous formons son Corps mystique. Nous sommes si unis à lui que rien ne nous séparera de cette communion. La Résurrection nous a transfigurés et transformés. Nous reluisons de cette lumière pascale qui nous irradie d’amour et de grâce. Ainsi, unis au Fils par son Incarnation, nous ressuscitons avec lui au matin de Pâques pour être emportés avec lui en son Ascension dans la force de l’Esprit de Pentecôte. C’est le Christ qui vit en nous et c’est l’Esprit qui prie et dit : « Abba ». C’est la Résurrection qui nous a ouvert les portes du Ciel et le Ciel, c’est le Cœur du Père qui bat pour son Fils et ses fils/filles sanctifiés dans l’Esprit. Ainsi, le Corps du Christ que nous partageons exprime notre identité véritable.

L’Église, Sacrement du Christ : nous vivons certes dans le monde et non dans les nuages ni dans les illusions et encore moins dans l’utopie. Ce monde est le nôtre et nous devons le transformer par une vie dans l’amour, soutenue par une éthique filiale et une spiritualité de communion. La sainteté de nos vies se reflètera dans la transformation du monde et de l’univers. Nous devenons les signes du Christ Vivant et nous achevons son Œuvre de salut et de Rédemption. Alors que le Christ a laissé des Signes de sa présence, nous devenons nous-mêmes les signes du Christ ressuscité. Notre vie fraternelle, ecclésiale, de communion pour l’unité du genre humain nous engage vers une exemplarité qui transforme et relève. ‘Autre christs’, nous devenons expressions de l’amour comme le Christ est expression de l’Être du Père parmi nous.

L’Église, nourrie de l’Eucharistie : le Pain et le Vin consacrés sont le trésor le plus beau et le plus grand de l’Église. Elle y tient. Elle entoure sa célébration de rites et de symboles pour mieux percer le Mystère. Elle jalouse sa conservation comme la prunelle de l’œil. Elle adore ce qu’elle célèbre et célèbre Celui qu’elle adore. Comment pourrions-nous vivre sans cette nourriture céleste ? Comment pouvons-nous nous éloigner de cette grâce offerte ? Comment ne pas s’approcher en tremblant devant une Présence vivante et dynamique, Présence d’amour qui nous perce le cœur ? L’Église ne pourrait survivre un instant sans le Pain du Ciel et la Coupe du salut.

Le Ressuscité est avec nous. Il l’a promis. Il le fait. En recevant son Corps sacré, nous touchons la force divine et entrons dans une relation d’amour qui nous met en présence de la Trinité elle-même.

  1. 2. L’Eucharistie fait l’Église.

Si le Christ nous a laissé le Signe de sa Présence vivante que l’Église conserve et célèbre, il a voulu construire le Royaume par cette même Eucharistie. Eucharistie signifie ‘action de grâce’, remerciement pour tant de grâce et d’amour. Célébrer, c’est vivre dans la louange. Consacrer, c’est actualiser l’unique Sacrifice du Christ. Communier, c’est, par le Christ, atteindre le Père dans l’Esprit Saint. Ainsi, le mystère trinitaire se rend présent et nous emporte dans ses relations d’amour. Nous devenons véritablement Église, assemblée de frères et sœurs  convoquée, sauvée et sanctifiée.

Église eucharistique : nous recevons ce que nous sommes, le Corps du Christ. Nous vivons ce que nous sommes, le Peuple de Dieu en marche qui loue son Seigneur et atteint le Royaume promis. Nous communions déjà à la joie éternelle par la Présence du Ressuscité qui nous entraine dans une louange éternelle, dans le face-à-face qui donne vie dans l’amour. Comme l’Eucharistie, notre vie personnelle et communautaire est action de grâce pour tant de grâces.

Église trinitaire : nous goûtons déjà aux promesses et recevons dès à présent les prémices du Royaume. Héritiers avec le Fils, nous devenons ce que nous recevons et vivons ce que nous sommes. Vie filiale et vie de communion sont les sources de notre spiritualité et de notre agir mais aussi l’anticipation de la vie éternelle dans la filiation et la communion trinitaire. L’Eucharistie est une louange mais aussi une identification, une transfiguration, une anticipation de la vie de grâce trinitaire. Toute la grâce de la Résurrection glorieuse s’imprime dans notre existence et illumine le monde par nous. Cette célébration sur l’univers est sacrement de la vie trinitaire, immanente et transformante. Vie d’amour, dans l’amour et par l’amour…

  1. 3. Conclusion : mystère d’amour.

Nous recevons l’Eucharistie comme un don pour vivre de la grâce pascale.

Nous  communions par l’Eucharistie à la vie ecclésiale, reflet de la vie trinitaire.

Nous entrons alors dans l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, Dieu unique, Dieu trine.

P. Francis

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