ORDINAIRE 14 C

« Le Règne de Dieu est tout proche »

(Luc 10, 1-12.17-20)

Après les avoir appelés selon les conditions de liberté et d’amour, Jésus envoie ses disciples annoncer  le Règne de Dieu. Cette prédication est centrale dans sa mission. Elle va teinter sa vie et orienter ses choix. De fait, la Bonne Nouvelle se confond avec l’annonce du Règne. La Bonne Nouvelle, c’est que Dieu visite son Peuple, qu’il l’aime au point de s’incarner, qu’il le sauve et lui donne accès à son intimité. Le Règne, c’est cette existence vécue dans l’amour, c’est l’accès aux relations trinitaires, c’est s’établir en Dieu et vivre de son amour. Il y a urgence dans l’annonce et dans la transformation progressive du monde. L’annonce est le fait de tous les croyants. La transformation est le devoir de tous les chrétiens. Aventure spirituelle, enracinée dans l’amour trinitaire, qui passe par le quotidien et les choix de tous les jours, par une décision profonde et une conviction inaltérable. Jésus envoie encore et encore. Il reste tant à faire. Il reste tant d’amour à donner et tant de personnes à animer, à toucher, éclairer. Notre témoignage devient vital car une cohérence de vie doit accompagner des paroles de vie. Il reste à prier pour que les ouvriers soient dignes et cohérents, que leurs paroles expriment la Parole, que des signes les accompagnent.

  1. 1. De quel Règne s’agit-il ?

L’insistance de Jésus sur le Règne de Dieu est surprenante. Dieu ne règne-t-il pas déjà sur l’univers et même sur son temple sacré de Jérusalem ? N’est-il pas le Roi des rois et le Maître de toute chose ? Cette conviction pourtant ne satisfait pas Jésus. Il veut un règne plus intérieur et spirituel qui passe ensuite dans le quotidien et qui se défait de tout ritualisme et légalisme mortifère. Les enfants de Dieu sont appelés à la liberté de l’Esprit et à l’amour trinitaire.

Règne de paix : le disciple doit annoncer la paix. Ses interlocuteurs la recevront si leur cœur s’ouvre à l’appel et à l‘annonce. L’homme de paix porte la paix. Le Messie porte la paix et non le conflit politique souhaité. Le Ressuscité donne la paix au matin de Pâques. « La paix soit avec vous », quelle vous tranquillise, quelle vous pacifie et quelle illumine vos relations. La paix est un don divin qui vient de la tranquillité éternelle de la Bienheureuse Trinité. Cette paix est un style de vie. Elle doit présider nos relations personnelles et communautaires. Elle se vit dans la foi et la conviction de la victoire du Christ. Annoncer le Règne, c’est faire œuvre de paix.

Règne de joie : le disciple annonce la joie. Il y a du bonheur à se savoir aimé et sauvé, à se savoir choisi et attendu. La joie est au cœur de l’annonce car elle touche l’intimité de Dieu et se propage comme une Bonne Nouvelle. Le sourire revient, le cœur s’apaise, les mains s’ouvrent, la vie est possible. Ne devrions-nous être joyeux et partager notre joie ? On a l’impression parfois que les chrétiens sont d’une sévérité extrême et d’un sérieux repoussant. S’il faut être droit et honnête, s’il faut bien sûr prendre au sérieux les questions morales et existentielles, il reste que la paix du cœur procure la joie du sauvé et l’encourage dans ses œuvres. Il y a de la joie à aimer et à annoncer l’amour. La joie est un don de Dieu qui sourd de son Cœur trinitaire. Elle se vit dans le quotidien et la paix intérieure. Elle va jusqu’à défier la souffrance car elle est arrimée à l’être profond. Elle éclaire nos visages et rend lumineux nos yeux.

Règne d’amour : le disciple annonce l’amour. Non pas un sentiment ou un feu de paille. Non pas des pulsions ou des amourettes aléatoires. L’amour est au cœur du processus d’évangélisation et d’annonce du Règne. C’est l’amour qui nous intéresse et non construire ceci ou cela. L’amour vrai convainc. Il touche les cœurs et interpelle la conscience. Il anime l’existence et embellit l’être. Le non-aimé est malheureux et se défoule dans la violence ou l’autodestruction. On a trop d’exemples en tête pour ne pas s’en convaincre. Celui qui se sait aimé traverse les montagnes de la peur et de l’angoisse. Il affronte les océans de souffrance et de contradiction. Celui qui aime traverse les jardins d’Eden et atteint son âme. Il donne du sens à son existence et trouve son identité. Il connaît Dieu car amour est son Nom. L’amour oriente la vie et devrait présider à nos relations. C’est par lui qu’on entre dans la communion trinitaire. Il n’y a pas d’autre voie !

Le Règne annoncé par Jésus dépasse nos réalités humaines mais passe par elles. Il vient refléter les réalités éternelles et y prépare. La paix, la joie et l’amour ont sont les fruits les plus estimés et les plus évidents. A nous donc d’annoncer ce Règne dans le réalisme et dans la foi du Ressuscité.

  1. 2. Les ouvriers pour la moisson

Il faut donc des annonciateurs. Nous sommes parfois comme les disciples revenant de mission et heureux d’avoir fait quelque chose au nom de Jésus. Nous sommes souvent découragés par le peu d’accueil reçu et par le rejet de nos contemporains plus préoccupés du quotidien, d’économie, de consommation que de choses spirituelles. C’est pourtant dans ce monde ci que nous sommes envoyés et il n’est pas plus difficile que le monde connu des Apôtres. Il est différent et post chrétien. Il y a des ‘restes’ d’Évangile dans les mémoires et dans les cœurs. Les expressions quotidiennes utilisées y font référence. C’est à nous de raviver la flamme.

Disponibilité à l’annonce : l’annonce du Règne n’est pas réservée à quelques-uns. Il est le fait de tous. Certains y consacrent leur vie mais tous y sont appelés. Tous, nous devons vivre de l’’Evangile au quotidien et être témoins de la grâce filiale. Tous, nous sommes fils de la lumière et nous devons éclairer le monde par nos valeurs, nos convictions, notre foi et notre amour. Tous, nous devons annoncer la victoire du Ressuscité et l’adoption divine. Tous, nous devons parler du Père et vivre de l’Esprit.

Illuminé par la foi pascale : le Christ est victorieux et plus rien de nous fait peur. Sa Croix est notre orgueil (Gal 6, 14) et la vie nouvelle, notre nouveau lieu de vie. La lumière de Pâques nous dirige dans l’Esprit vers les bras du Père. La grâce filiale fait de nous des fils/filles et des frères et sœurs.  L’humanité est sauvée. L’univers est transformé. La Trinité est notre origine et notre finalité. La communion est possible entre nous, non pas malgré nos différences mais parce que différents. Elle est possible avec Dieu car il est Trinité, amour et communication. C’est là la place du fils/fille. C’est là qu’est le Règne promis !

  1. 3. Conclusion : « Vos noms sont inscrits dans les cieux » (Lc 10, 20)

Annoncer le Règne, c’est prendre le risque de l’aventure spirituelle qui conduira à une transfiguration existentielle. Le Règne est proche, il est présent, il est en nous !

Annoncer le Règne, c’est suivre le Ressuscité et vivre de la filiation. On est des hommes/femmes parce qu’on est des fils/filles, les enfants de lumière qui goûtent déjà au bonheur trinitaire.

P. Francis

 

This entry was posted in Année C, Français, Père Francis, Temps Ordinaire II. Bookmark the permalink.