ORDINAIRE 19 C

« Car là où est votre trésor… »

(Luc 12, 32-48)

Jésus revient sur le problème des richesses et de notre attitude. Il semble insister sur notre libération par la sagesse et la grâce. En effet, créatures nouvelles, nous abordons maintenant le monde dans tous ses aspects avec les yeux de la foi et l’identité filiale. Rien n’échappe à cette identité reçue par pure grâce et tout désormais se colorie de nouveauté et de signification. La vie quotidienne, notre engagement, notre approche des choses, notre rapport à l’argent, nos relations… tout est fécondé par cette grâce qui transfigure notre être et transforme notre existence. Au-delà des apparences, dans le secret du cœur, nous découvrons le vrai sens des choses et leur réalité. Nous pénétrons le mystère qui va au cœur des choses et les resitue dans la grande fresque de la Création et le grand renouveau de la Résurrection. Dieu nous donne par le Fils sa vision des choses et nous place dans la position du choix : à nous maintenant de choisir entre le non-sens voire l’absurde et la Beauté dans toute sa splendeur. Nous trouvons ainsi le bonheur et pouvons y mettre notre cœur. Le fameux trésor caché qui illumine nos vies et rend fécond nos existences.

  1. 1. Les lampes allumées.

Il est intéressant de noter que le Christ cherche toujours à réveiller ses pairs, à réveiller les consciences, à ouvrir les yeux des disciples et des foules. Il insiste largement sur le secret à découvrir et le bonheur inhérent à cette découverte car elle conduit au Père. On peut parler d’illumination, de révélation, de dévoilement… les mots ne sont pas assez forts pour désigner cette attitude salvifique qui conduit à la connaissance et donc à l’amour. Soyons donc prêts à être dérangés, surpris, transformés car en quittant le vieil homme et en revêtant l’homme nouveau, nous entrons dans une autre dimension, dans une autre perspective… dans la compagnie du Très-Haut qui s’est fait si proche pour nous entraîner à sa suite et nous donner la vie éternelle.

Prêts à la connaissance : comme Jésus demandait de thésauriser le Bien en vue du Royaume (Luc 12, 21), le voici qui demande de se faire « un trésor inépuisable dans les Cieux » en vendant tous nos biens (Luc 12,32). C’est dire qu’il faut aller à l’essentiel et qu’on perd trop de temps en recherches infructueuses et inutiles. Les biens matériels aident à vivre mais ne sont pas le but de la vie. Ils peuvent apporter la sécurité mais ne préservent pas du jugement de Dieu. Il serait meilleur de les mettre au service du Royaume et de se tourner vers le prochain.  Notre vrai trésor, c’est la rencontre de l’autre, c’est la relation vraie et sincère, c’est l’accueil des valeurs suprêmes de l’Évangile, c’est de vivre en Dieu. Si notre cœur se trouve près de notre trésor (v.33), que ce trésor soit donc le plus grand, le plus beau et le plus noble. Que ce trésor ne soit personne d’autre que le Dieu Vivant, Père, Fils et Esprit Saint. Sa reconnaissance et sa connaissance sont des chemins de vie !

Prêts à la transformation : Quand nous avons trouvé notre trésor, il s’agit de nous laisser transformer par l’amour, de nous laisser purifier, vitaliser, animer, revigorer. La connaissance intime du Père par le Christ dans l’Esprit est la voie de la sagesse et le chemin de la vérité. Tout en nous parle de Lui. Tout en nous est transfiguré en Lui. Tout en nous devient chemin vers Lui. On peut parler de Transfiguration, à l’image du Christ. Alors que le Christ transfiguré révèle sa gloire divine, notre participation à sa gloire révèle notre identité nouvelle. La force du baptême et des Sacrements, la plongée dans le mystère pascal, le face-à-face quotidien avec la Beauté, la contemplation dans l’amour, l’adoration trinitaire nous amènent à l’identification au Christ glorieux et nous révèlent fils/fille en Lui.

Prêts à l’amour : quand la connaissance a ouvert la voie et que la vie nouvelle nous a touchés, la Transfiguration est à notre portée. Tout cela est possible dans l’amour et par l’amour. La lampe brûle pour le Bien-aimé. L’huile se consume comme le cœur en attente. La flamme vacille comme le souffle fragile. La lumière éclaire comme le Divin. Nous nous embrasons dans l’amour du Dieu trois fois saint. Finalement, qui renoncera à ce trésor merveilleux et prodigieux ? Qui échangera quelques piètres choses pour ce Bien Suprême ? Qui  préférera un trésor périssable à la vie éternelle ? Seul l’amour est capable de faire ce choix radical mais essentiel, un choix drastique mais nécessaire, un choix parfois douloureux mais qui libère et donne les ailes de l’aigle regardant le Soleil de ses yeux émerveillés !

Le Christ nous appelle à la connaissance de la vérité qui passe par sa Personne Divine et transforme notre personne humaine. Par Lui, nous avons accès à l’invisible et cet invisible s’enflamme dans nos cœurs amoureux.

  1. 2. La tenue de service.

Se laisser transfigurer par l’amour demande une attitude d’ouverture intérieure mais aussi un regard nouveau sur les autres. Afin de ne pas se perdre dans des considérations si belles soient-elles et si exaltantes, le Christ nous rappelle le critère de vérité : le service. Service de Dieu certes mais aussi  service du prochain. Il n’y a pas de contradiction à servir le Seigneur dans ses frères et sœurs. L’attente du Seigneur se vérifie dans notre amour des autres.

Attendre le Maître : on oublie parfois que le Christ a promis de revenir et d’établir son Royaume. Cette promesse, si chère aux premières générations chrétiennes, se perd dans l’inattention des meilleurs chrétiens. Oui, le Christ reviendra. On le redit à la messe : « Viens, Seigneur Jésus ». Cette attente est féconde car elle se passe dans l’amour. La Maître est à notre porte et donc, portons la tenue de service pour l’accueillir, non pas dans l’étonnement ni la tristesse, mais dans la joie de la maison toute préparée pour Lui. Fraicheur et vitalité de la vie chrétienne. Bonheur et profondeur de l’attente chrétienne. Engagement et transformation dans la sagesse chrétienne.

Servir les autres : servir le Seigneur, c’est servir ses frères et sœurs. Il n’y a pas de différence. Le service de l’autel est aussi important que le service des pauvres et petits. Qui sait si le Seigneur n’est pas déjà là parmi ces pauvres et petits ? L’attente du Maître se concrétise dans la créativité du service. Seuls les yeux de l’amour reconnaissent le frère, la sœur, le Maître !

  1. 3. Conclusion : un amour fécond !

Le Christ nous réveille et nous indique le chemin de la vérité et donc du sens. On peut le reconnaître par l’amour, par les yeux qui s’ouvrent sur l’invisible. Trouver le trésor de sa vie, c’est s’ouvrir au trésor divin. Dieu est notre seul Trésor.

Le Christ nous amène à nous transformer en Lui et par notre identification à sa Personne, à vivre de la grâce filiale. Alors le cœur sait reconnaître le Bien-aimé qui se laisse trouver et voir dans ses biens- aimés. L’amour humain rejoint alors l’amour fécond de la Trinité Sainte.

P. Francis

 

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