ORDINAIRE 29-C

18, 19, 20 OCTOBRE 2013

« Il faut toujours prier sans se décourager »

(Luc 18, 1-8)

Jésus aime parler en paraboles. Elles touchent le cœur des gens parce qu’elles partent de leur expérience et rejoignent leur sagesse. Il y a du vécu et de la réflexion. Le vécu est parfois difficile mais il nous enracine dans le réel. La réflexion élève le débat et fait référence à des théories ou des sagesses. Il est important de donner du sens à ce que l’on vit car nous ne sommes pas des électrons lancés dans l’univers sans orientation ou par hasard. Si Jésus nous rejoint à ce point, c’est qu’il a une expérience semblable à la nôtre et un regard qui perce la réalité pour parvenir au cœur des choses et des événements. Son regard est celui du Père et sa force est celle de l’amour dans l’Esprit Saint. Ainsi, la parabole va droit au but : elle relève un fait, révèle le sens et donne une impulsion vers un agir concret. Quand il parle de prière, Jésus sait de quoi il parle. Il a l’expérience de la prière, en connaît l’importance et la propose comme style de vie et voie de sagesse. Il s’agit de vivre en communion d’amour avec la Trinité et non pas de radoter des mots vides de sens. Elle nous plonge dans le mystère, nous y fait goûter et nous nourrit. Elle se vit dans l’amour seulement.

1. Prier sans cesse.

On voit souvent Jésus prier. Il se retire et se met en prière. Les grands moments de sa vie sont préparés par la prière et vécus dans la force de la foi et de l’amour. Il ne se sépare jamais du Père ni de l’Esprit Saint. Il vit sa vie avec le Père et l’Esprit Saint. Toute la Trinité est présente en ces moments solennels ou dramatiques mais moments de salut et d’espérance, moments de grâce.

Prier, c’est parler au Père : on ne parle pas à Dieu en général, on s’adresse au Père. On se met en relation dans l’amour. On introduit sa prière par un acte de foi et d’adoration. On expose sa vie tout en sachant que le Père attend notre visite et sait toute chose mais il nous faut nous adresser à lui avant de l’écouter dans la foi et l’espérance. Notre prière est toujours adoration, elle est contemplation des merveilles de Dieu, elle est action de grâce pour tant de grâces. Cette relation est signifiante et nourrissante. Elle nourrit l’esprit et le cœur. Elle éclaire la vie et notre quotidien. Elle resplendit par notre corps. Elle est chemin de vie et de salut. Il n’y a que l’amour qui comprend vraiment ce qui se passe, qui s’élance vers un Dieu Père, miséricordieux et plein d’amour.

Prier, c’est s’identifier au Fils : on n’est jamais seul dans sa prière, le Fils nous accompagne. C’est lui le Maître de prière, c’est notre chemin vers le Père. Il est notre guide sur cette voie parfois difficile mais si importante. Le Fils est tourné vers le Père et en nous identifiant à lui, en nous « raccrochant » à lui, nous sommes entraînés dans ces relations éternelles et vivifiantes. On ne sait pas bien prier mais on a le Christ qui intercède et qui aime. Par lui seul, notre prière devient filiale. En lui seul, notre prière est reçue. Avec lui seul, nous entrons dans le cœur de la Trinité. S’il est Chemin, le Fils est aussi Lumière et Vie. Sa Sagesse nous porte à la communion véritable dans le respect des natures et la joie de l’amour.

Prier, c’est agir par l’Esprit : l’Esprit prie en nous, parle en nous, éclaire notre vie et nous identifie au Christ. Amour du Père et du Fils, il est aussi le lien de communion dans nos vies. Communion de notre être avec toutes ses composantes. Communion de nos existences avec toute sa diversité. Communion de nos cœurs avec toutes ses affections. Communion rendue possible avec le Père et le Fils. Dieu le Père est objet de notre adoration, Dieu le Fils est sujet de notre amour, Dieu l’Esprit est le lien qui nous rattache au divin. Toute la Trinité est alors adorée, aimée, vécue. Ainsi, laissons l’Esprit agir en nous et crier : « Abba ». Laissons l’Esprit aimer le Fils en nous. Laissons l’Esprit nous aider à aimer les autres et à œuvrer pour la fraternité et la justice.

La prière est parfois difficile, parfois houleuse, parfois sèche. Elle est pourtant notre voie de connaissance intérieure et notre chemin de salut. Le Christ nous a sauvés et rendus dignes du Père. Il a fait de nous des fils/filles. La prière est donc filiale à l’image de celle du Christ. Elle est un style de vie, une façon d’agir et d’aimer.

2. Aimer sans cesse.

L’Évangile montre Jésus en constante prière et c’est même son invitation. Ce n’est pas une recommandation ni une obligation, c’est une vérité qui fait vivre et qui illumine le quotidien en le plongeant dans l’invisible. Loin des prières rabâchées et sans saveur, la prière chrétienne est une relation vitale d’amour et une adoration dans la grâce de la Résurrection.

Contempler : tout est sujet de contemplation. La nature, l’humanité, la charité… Le Christ dans l’Évangile est sujet de contemplation. Ses gestes sont gestes de salut. Ses paroles sont Paroles de vie. Son regard est Regard de Dieu. Laissons-nous impressionner par la vie qui coule de ses mains et par l’amour qui sourd de son cœur !

Adorer : tout est voie d’adoration car Dieu agit et se rend présent. On adore Dieu seul mais on le trouve à tout instant et en toute chose. L’adoration est notre seule réponse, notre vrai agir, l’expression de notre amour. Elle est notre existence car elle est communion. On devient soi-même dans l’adoration. On devient homme/femme dans la filiation mais on prend sa carrure dans l’adoration. L’existence terrestre est faite de bien des choses à honorer, elle nous donne d’importantes responsabilités. L’adoration y met la part d’invisible et de sens dont nous avons besoin. Elle élève et relativise bien des choses. Elle donne le caractère véritable de notre existence en plaçant l’amour et la relation au centre.

Aimer : c’est notre raison de vivre et d’exister. L’amour nous unit au divin et nous met en relation avec le Trinité. Aimer n’est pas une option, c’est vital car aimer touche notre être et le sens de nos vies. Aimer nous fait grandir en humanité. La spiritualité n’est qu’amour car elle s’adresse au Dieu d’amour. L’Église ne devrait qu’être amour car elle regroupe et anime les fils et filles aimés du Père, sauvés par le Fils et vivifiés par l’Esprit. Cet amour se concrétise dans la communion. La communion illumine l’institution. L’institution est au service de la communion dans l’amour.

3. Conclusion : Dieu fera justice.

On prie sans cesse car on aime le Père, on suit le Christ, on vit de l’Esprit. La prière est une voie et un style de vie. Elle anime la vie chrétienne en vérité et en justice.

On prie sans cesse car Dieu est au cœur de nos vies et de nos consciences, au cœur de nos existences, au cœur de notre cœur. Par le Fils, il transfigure l’être et par l’Esprit il sanctifie l’existence

On prie car la Trinité est sujet d’adoration et de joie. Elle vit en nous comme nous vivons en elle. Elle aime en nous et pouvons aimer en elle, par elle.



— Père Francis

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