PAQUES 4 A

« Je suis la porte des brebis ! »

(Jean 10, 1-10)

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! On le répète et on le proclame. C’est un acte liturgique et une proclamation. Liturgique car le culte chrétien n’est rien d’autre qu’une adoration du Père, par le Fils ressuscité, dans l’Esprit. Tout acte liturgique est une participation, une actualisation de la victoire du Christ. Proclamation car credo, dogme, éthique… sont une recherche et une explicitation de cette vérité fondamentale. La Résurrection n’est pas un petit événement, elle est le fondement de la foi chrétienne et le roc sur lequel se pose toute notre vie, ecclésiale et spirituelle. Elle apporte lumière et vérité, elle éclaire notre raison et notre foi, elle nous introduit dans le mystère du Christ et donc de la Trinité Sainte. Notre vie est renouvelée en elle et prend une dimension divine. Par le Christ, nous participons de la communion trinitaire. Communion qui se réalise dès maintenant et nous plongera dans le présent éternel du Dieu d’amour. Dès maintenant, nous reconnaissons les signes de la présence du Ressuscité, signes concrets mais efficaces qui nous ouvrent les portes du Ciel et donc du mystère trinitaire. Si Dieu est parmi nous par son Fils, c’est dire que le Royaume est déjà là, au cœur de nos vies.

  1. 1. Autres signes du Ressuscité

Importance du baptême : l’Apôtre Pierre, au jour de la Pentecôte, le dit clairement : se convertir, se faire baptiser pour le pardon des péchés et ainsi recevoir l’Esprit Saint (Actes 2, 36-40). Le baptême est participation à la mort et Résurrection du Christ. C’est la porte d’entrée dans la grâce et la vie dans l’Esprit Saint. Même si tout être humain ‘participe’ de quelque manière que ce soit à la création en Christ et reçoit les bénéfices de sa Résurrection, le baptême est nécessaire. C’est la voie royale qui porte à l’amour du Père par le Christ dans l’Esprit. Cela demande connaissance, conversion et liberté. Cela demande la foi et l’amour. Cela donne pardon et grâce. Les trois formes de baptême reconnues (par l’eau, le sang ou le désir) sont des plongées dans la grâce divine. Les non-baptisés seront jugés sur leur conscience et leur recherche sincère de la vérité et nous les confions à la miséricorde divine, libre et suprême.

Importance des sacrements : le baptême obtient la grâce et l’accès aux signes de la grâce que sont les sacrements. Le sacrement est un signe tangible qui produit la présence divine. Signe visible qui ouvre sur le monde invisible. Passage de notre monde mondain au monde divin. On aurait tant à dire sur chacun d’eux tant il est vrai qu’ils nous plongent dans l’amour de Dieu. Retenons que Dieu n’a pas craint d’user de notre matérialité ou de notre intention droite pour nous rapprocher de Lui. C’est là encore une conséquence de l’Incarnation et une grâce de la Résurrection, tant Dieu nous aime !

Importance des ministres ordonnés : on a diminué l’importance des ministres ordonnés ces dernières années en insistant sur le sacerdoce commun des fidèles. L’un et l’autre se complètent harmonieusement car nous sommes tous ‘aptes’ au culte nouveau par l’unique prêtre, Jésus Christ. Certains sont choisis et ordonnés, c’est-à-dire reçoivent la consécration spéciale de l’Esprit dans la succession apostolique, pour être signes concrets du Ressuscité dans la communauté des croyants. Ordonnés pour le service (diaconat) ou pour le presbytérat (prêtres), ordonnés pour succéder aux Apôtres (épiscopat) avec autorité proclamant la Parole, sanctifiant et gouvernant l’Eglise. Avec toute la Tradition, on peut affirmer que quand un ministre baptise ou célèbre un sacrement, c’est le Christ Lui-même qui baptise ou célèbre ce sacrement.

Importance de l’amour : finalement, peut-être le plus important, l’amour est le signe concret et premier de la présence du Ressuscité. Notre Eglise, dans son histoire et la diversité de ses traditions et rites, a su montrer cet amour et a été inventive dans l’amour des autres. Elle a développé la charité, la compassion, la défense de la justice et de la liberté… Elle a porté l’amour au monde, malgré ses faiblesses et ses tensions internes, malgré ses fautes et le péché de ses membres. Seul l’amour dans le Ressuscité nous pousse à une action désintéressée et spirituelle, porteuse d’harmonie et de communion, complète dans toutes ses dimensions humaines et divines.

  1. 2. Le Bon Berger

La Résurrection nous renvoie à Jésus et, par l’Esprit, à toute l’Ecriture. C’est comme une réinterprétation de notre Histoire Sainte et de ses étapes. La lumière de Pâques éclaire le passé, illumine notre vie présente et nous propulse dans le futur en Dieu. L’Eglise n’a pas hésité à ‘relire’ la Bible à cette lumière nouvelle. Elle n’a pas hésité à ‘revisiter’ la vie de Jésus avec cet éclairage particulier qui est sa clé de lecture. Les Evangiles ne sont pas des livres d’histoire, ils sont l’émerveillement devant l’œuvre de Dieu pour nous en Jésus Christ. Chaque évangéliste écrit avec son cœur et son intelligence, selon ses critères de compréhension et guidé par l’Esprit Saint. Les apparentes contradictions internes aux 4 textes ne nous font pas peur puisqu’elles reflètent des vues différentes d’un événement unique, dans la richesse de la diversité spirituelle. Il reste que le Christ est le critère suprême et ultime de notre compréhension et de notre connaissance.

Parole de Dieu : le Christ est le Logos, Parole éternelle de Dieu, vraie expression de son Être et de sa volonté. Sagesse divine et Porte du Ciel. Sa Résurrection est la voie, la vérité et la lumière. Nous ne nous limitons pas à des écrits mais nous nous plongeons dans la Parole vivante et amoureuse en la Personne du Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Nous sommes les disciples et frères du Fils et non les gens du livre, aussi sacré soit-il. Cette Parole est vivante et dynamique comme la Personne Unique du Fils, voix du Père par l’Esprit Saint.

Vrai Pasteur et Bon Berger : le Christ n’est pas qu’un guide spirituel ou un saint prophète. Reconnu Fils de Dieu en sa Résurrection glorieuse, il est Dieu. Il n’y a pas d’associationnisme ou de polythéisme ici, d’adoptianisme ou de ‘divinisation’ d’un héros. Il y a un Dieu unique qui est Trinité. Les Trois Personnes Divines ne sont qu’Un Dieu, dans la communion éternelle. La joie de Pâques nous a entraînés dans cette aventure de l’amour et par la communion, de la participation trinitaire. Jésus, glorifié par sa croix, est le Ressuscité qui ouvre la voie du Royaume et ce Royaume n’est autre que le cœur aimant et irradiant de la Trinité Sainte. Seul Jésus peut nous y mener. Il est le seul Pasteur.

  1. 3. Conclusion : la communion, notre objectif

Ecoutons donc la voix du Berger : il mène aux frais pâturages, donne sens à nos vies et guide vers une harmonie qui tient compte de notre nature humaine tout en la dépassant pour la transfigurer.

Suivons le Bon Berger : il se révèle Fils d’un Père aimant et accueillant. Il donne l’Esprit qui unit le Père et le Fils. Goûtons donc à cet amour en entrant dans la ronde éternelle de la Trinité Sainte.

P. Francis

 

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