PAQUES 5 C

« Dieu est glorifié en lui »

Jean 13,31-33a.34-35.

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité.

Il n’y a pas de plus grand signe que la Résurrection. C’est par elle et en elle que nous sommes chrétiens. C’est par elle et en elle que nous devenons des fils/filles du Très Haut. C’est en elle et par elle, que Dieu se révèle Trinité et donc amour. La Résurrection est notre signe de ralliement mais aussi notre force spirituelle et notre dynamisme missionnaire. Elle féconde nos vies pour y faire clore l’éternité. Elle sanctifie nos corps pour les inviter à la gloire. Elle divinise pour voir Dieu et communier à l’amour trinitaire. La Résurrection est promesse et avenir, joie et paix, grâce et gloire. Par elle, nous entrons dans la présence divine et goûtons à l’amour trinitaire. Cet amour éternel, qui vit et fructifie entre le Père et le Fils et spire l’Esprit nous est proposé. Il est à l’origine de tout mais surtout le but et l’objectif de toute chose, de toute personne humaine. Cet amour se vit dès maintenant, dans le temps par notre engagement fraternel et notre solidarité communautaire. Il est ici-bas le reflet de l’amour d’en haut, de l’amour trinitaire qui se partage et se donne. Notre vie personnelle et communautaire devrait refléter cet amour, devrait vivre de cet amour pour la gloire de Dieu et le salut du monde. C’est dans l’amour que tout prend sens et dynamisme !

  1. 1. Pâques, la glorification du Fils.

Le Père est glorifié par le Fils, par sa vie de Fils mais aussi par son Incarnation, sa mort et Résurrection. La gloire du Père est de toujours par l’amour du Fils. Cette vérité immanente s’extériorise par la vie du Fils incarné. Cette même gloire éternelle est vécue dans le temporel de l’Incarnation. Jésus le Christ est bien le Fils qui glorifie son Père dans sa chair sanctifiée et glorifiée. Voit-on assez que la gloire du Père est indiquée par la vie humaine du Fils, par notre vie humaine ?

Le Christ glorifie le Père : toute la vie du Fils est une glorification car le Christ est tourné vers le Père et don au Père. Il veut faire sa volonté. Il réalise la volonté divine. Il s’est donné jusqu’au sang. Mais de quelle volonté s’agit-il ? Dieu a-t-il besoin de notre adoration ? La volonté du Père est de nous sanctifier et par notre transfiguration en Christ, de nous diviniser. Il nous veut avec lui, en lui. Ainsi le Christ accomplit cette volonté par son obéissance et le don de soi dans l’amour. Il ira jusqu’à la mort et par sa mort, détruira les liens de l’enfer, les cicatrices du péché, la distance amorcée par le péché originel. La gloire du Fils est la gloire du Père.

Le Père glorifie le Fils : tout l’amour du Père se déverse en son Fils. Comprend-on que cet homme, Jésus de Nazareth, reconnu comme Messie, est vraiment le Fils de Dieu ? Non pas son enfant au sens naturel du terme car Dieu ne peut avoir un enfant mais son Fils, son semblable, son vis-à-vis dans l’éternité où le dynamisme divin n’a rien à voir avec nos entreprises humaines ? La Résurrection révèle le Fils et du coup, le Père et donc l’Esprit. Elle est révélation trinitaire puisque la Trinité s’est rendue visible par le Visage humain du Christ. C’est pourquoi elle est glorification. Elle exalte le Fils pour le retourner au Père mais ce ‘retour’ est un retour avec un corps glorifié. Ce corps glorifié, c’est l’humanité dans toute sa grandeur rétablie. Le Père accueille le Fils et lui donne sa place sur le trône, celle qu’il occupait de toute éternité et qui désormais est préparé pour les élus, ceux qui servent l’Agneau et qui aiment en son nom. La gloire du Père est la gloire du Fils.

L’Esprit, gloire du Père et du Fils : toute vie est pleine de cet Esprit qui va et vient, qui dynamise, qui insuffle énergie et grâce. L’Esprit, amour du Père et du Fils, est celui qui préside la Création et la Recréation. Il est donné pour permettre l’Incarnation et dirigera le Christ sur le chemin de sa mission salvifique. Il est donné par le Christ en croix comme au matin du monde. Il ressuscite Jésus et lui donne le nom au-dessus de tout nom. L’Esprit de Pentecôte poursuit l’œuvre du Christ par l’Église, Corps du Christ et Temple de l’Esprit. Il est la gloire du Père et du Fils car il est leur amour. Il est unité de la Trinité et du coup, de l’Église. Il unifie nos vies et les unit au Père par le Christ. On n’échappe pas à son dynamisme et à son amour. Il est la gloire du Père et du Fils.

On ne peut séparer le Père et le Fils. L’apparente séparation durant la vie terrestre du Fils n’en est que plus explicite sur cette unité ontologique et vitale. On comprend mieux le drame du Christ en croix mourant presque désespéré mais confiant. On comprend la profondeur de l’Incarnation qui touche nos entrailles et notre être pour les porter au cœur de la Trinité par la vraie humanité du Christ. Mystère insondable que la Résurrection a révélé et approfondi !

  1. 2. Pâques, la glorification par l’amour.

Cette glorification pourrait être une belle théorie ou une idée théologique s’il n’y avait l’appel à aimer. Cet appel est fondamental pour ne pas en rester aux idées, aussi belles soient-elles, ou peut-être à quelques illusions spirituelles. L’amour du prochain est concret et nous remet sur les rails de la vie quotidienne. C’est dire que le banal de nos vies, surélevé par l’amour, devient le levier pour nous hisser jusqu’au Ciel, pour atteindre l’amour trinitaire.

Aimer l’autre : l’amour du prochain nous remet les pieds sur terre. L’amour de l’autre est difficile mais fondamental car il éprouve notre ténacité et nos convictions. La façon d’aimer est signe de la présence divine. C’est un témoignage et une vérité spirituelle. Témoignage car nous sommes témoins de l’amour du Christ dans la rencontre de l’autre avec ses hauts et ses bas, ses résistances, ses conflits, ses tensions mais aussi ses joies, ses ouvertures, ses conversions, ses guérisons… L’amour nous met en contact avec la réalité mais aussi la vérité de la foi. La Cité Sainte (Ap 21, 1-5) se vit dès maintenant.

Aimer Dieu : l’amour de Dieu n’est pas un sentiment ou une émotion. Il est don de soi jusqu’au sang, jusqu’au martyre. On aime par l’amour du Christ pour le Père. On aime par l’amour du Père pour le Fils. On aime par la force de l’Esprit du Père et du Fils. Cet amour est dynamique et véridique. Il ne se targue pas d’idées. Il se construit dans les choix quotidiens et le marasme de nos vies perturbées et en devenir. Aimer Dieu demande du courage et de la persévérance, de la ténacité et de l’engagement. Cela demande de la vérité en soi, de l’harmonie, de la cohérence.

  1. 3. Conclusion : le signe parmi les nations

Le commandement nouveau n’est nouveau que dans l’imitation du Christ. Aimer comme il a aimé ! De la façon qu’il a aimé le Père quand il était parmi nous et de la façon dont il aime le Père depuis toute éternité. C’est une invitation à se dépasser mais surtout à tout remettre entre ses mains et à aimer en lui, par lui, pour lui, de lui. L’amour du Christ rejoint notre amour si fragile mais si précieux.

Et pour être reconnus ses disciples, « c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » Voici donc une mission bien plus importante que toutes nos agitations. Rejoindre la Trinité par l’amour vécu, l’amour donné, l’amour reçu. L’amour est le Saint Nom de Dieu !

P. Francis

 

This entry was posted in Année C, Français, Père Francis, Saison de Pâques. Bookmark the permalink.