TRES SAINTE TRINITE

« Tout ce qui appartient au Père est à moi »

(Jean 16, 12-15)

Il aura bien fallu s’attarder longuement sur la Résurrection du Christ, son Ascension et la Pentecôte pour pouvoir entrevoir de célébrer le mystère de tous les mystères, la merveille de toutes les merveilles, l’incroyable et le surprenant, l’étonnant et l’enthousiasmant, la beauté de toutes beautés… la Sainte Trinité. Cette fête conclut l’octave de la Pentecôte, comme le résultat logique de la révélation : si Jésus de Nazareth est le Fils, s’il appelle Dieu son Père et s’il promet puis donne l’Esprit, Dieu n’est pas un roc solitaire ou un monolithe éternel, une bienheureuse solitude. Dieu est relation et donc communion. Il est « Père, Fils et Esprit Saint » dans l’unité de la nature divine et la différence des Personnes. Sans l’Incarnation du Fils, sans sa mort rédemptrice et sa Résurrection glorieuse, il n’y aurait jamais eu cette révélation ultime, sublime et époustouflante de la Trinité. Au-delà des calculs arithmétiques, des essais théoriques, des constructions intellectuelles et même des réminiscences des triades mythologiques, on ne peut atteindre ce mystère ou toucher un tant soit peu la réalité trinitaire sans écouter Jésus, sans contempler le Christ, sans adorer le Fils. Si le christianisme affirme haut et fort le Dieu trinitaire, c’est à la suite du Christ mort et ressuscité. Tout autre chemin est voué à l’échec. Seule une fort expérience du Ressuscité nous emportera dans le cœur de la Trinité pour y goûter les joies de la communion et l’allégresse de l’amour. Trinité bienheureuse qui partage son existence et qui nous entraîne dans l’amour éternel.

  1. 1. La grâce du Seigneur Jésus-Christ.

Jésus est notre chemin. Il est impossible d’expliquer la Sainte Trinité sans avoir recours au Christ, sans l’accueillir comme le Rédempteur, sans reconnaître sa lumière de Résurrection. Il avait donné des indications durant sa vie. Elles seront toutes maintenues et reconnues au matin de Pâques.

Les indices : les Évangiles nous indiquent la voie à suivre. Peu-à-peu, Jésus se révèle. Ses paroles interpellent. Il annonce un Dieu Père et proche de tous. Il ne considère pas le Dieu d’Israël comme un Dieu lointain mais vient corroborer le Dieu de l’Alliance. En faisant Alliance, Dieu s’engage et se dépouille. Il sort de lui-même. Il s’approche des hommes. En Jésus, l’Alliance devient définitive et concrète car Dieu s’incarne. Tous les titres donnés à Jésus durant sa vie essaient de ‘dire quelque chose’ du mystère de cet homme exceptionnel, de cet envoyé qui appelle, de ce prophète qui dépasse la Loi, de ce membre de la tribu de David qui est roi selon le cœur de Dieu. C’est bien par la personne de Jésus qu’on atteint un sommet de révélation, d’abord mystérieuse puis inquiétante pour enfin devenir salvifique. Reconnaître le mystère de cet homme exprime bien la vérité de l’incarnation et nous dérange bien dans nos conceptions toutes faites de Dieu. Même sa mort parle d’elle-même. Il faudra cependant la Résurrection pour enfin comprendre, clarifier, glorifier. Les prêtres juifs du temple ne se sont pas trompés : ils ont compris la ‘prétention’ de Jésus, non seulement de ‘changer’ la religion mais de se faire l’égal de Dieu. En le faisant condamner par le pouvoir politique, ils l’entraînent sur un autre terrain. Ce terrain n’est pas le sien. Son terrain, c’est la relation filiale avec un Dieu Père qui donne ses dons en abondance par l’Esprit.

L’Abba de Jésus : le meilleur indice indiquant un changement radical dans la religion d’Israël, c’est cette appellation : « Abba ». Seul Jésus l’utilise. Seul Jésus peut l’utiliser. Non pas comme une mode ou une façon de se distinguer mais comme une révélation qui nous concerne tous. Le Père de Jésus est ‘notre Père’ à tous. Nous entrons dans une relation nouvelle avec Dieu en nous éloignant des craintes ancestrales, des peurs irraisonnées, des mythes construits, des illusions paralysantes, des projections rassurantes. Jésus peut dire « Abba » parce qu’il est le Fils. Comme Fils, il est Dieu et comme Fils, il nous donne de dire « Abba » nous-aussi. Nous devenons en lui fils et filles du Père ! Seul Jésus le Christ pouvait faire cela !

  1. 2. L’amour de Dieu le Père

Le Dieu de Jésus est Père : Il est tourné vers le Fils comme le Fils est tourné vers lui. C’est la grande nouvelle que l’histoire du salut, l’incarnation et la mort/Résurrection de Jésus nous ont apportée. C’est la Bonne Nouvelle. Sauvés et sanctifiés, nous pouvons recevoir en vérité cet amour dont Dieu nous aime depuis toujours, depuis le premier moment de la Création, depuis l’élaboration de son dessein dans l’éternité (peut-on parler de dessein dans l’éternité ? Comment parler de l’éternité avec nos pauvres mots humains ?) : Bonne Nouvelle de l’amour paternel, Bonne Nouvelle de la communion possible en lui par le Fils dans l’Esprit, Bonne Nouvelle d’un partage sans condition.

Notre Dieu est Père : Quelle joie de se savoir aimé et non pas épiés, de se savoir choyés et non pas rabroués, de se savoir voulus et attendus et non châtiés et condamnés ! Quel changement dans nos relations avec le sacré, le prochain et Dieu ! Quel programme de vie, de morale, de spiritualité quand l’amour est origine, fin et don ! Dieu est Père, il n’est que Père. Sa paternité nous entoure de beauté et de bonté, de sagesse et de croissance. Certes, il peut en bon père, nous mettre à l’épreuve mais toujours selon nos forces et selon une pédagogie qui construit, édifie, élève, sanctifie. Seul l’amour peut faire de nous des hommes/ des femmes selon la vérité. Seul l’amour peut faire de nous des fils/ des filles dans la clarté de notre vocation humaine. L’homme est fils d’abord. Il est homme parce que fils. Les relations filiales fondent son humanité. Elles s’enracinent dans l’amour. Elles s’épanouissent dans la fraternité.

  1. 3. La communion de l’Esprit Saint

Le Père et le Fils spirent l’Esprit : leur amour engendre l’Esprit Saint, Personne Divine véritable qui est unité du divin et communion d’amour. Le face-à-face éternel engendre l’Esprit. Selon une tradition patristique, l’Esprit est comme le baiser du Père et du Fils et ce baiser produit la communion qui va susciter la Création. Au-delà des images limitées que nous utilisons (clarté, colombe, feu, flammes…), la Personne de l’Esprit est amour du Père et du Fils, beauté de l’amour, lumière d’existence, pureté des relations, sainteté des Personnes. L’Esprit est, comme le Père est, comme le Fils est.

L’Esprit produit la communion : cette communion existe en Dieu et elle se répercute dans le monde créé, dans le cœur de l’homme spécialement. S’il est Créateur, l’Esprit est aussi Sanctificateur. Il prépare et anime. Il purifie et élève. Il identifie. Unité du Père et du Fils, il est unité de l’univers et du genre humain. Son œuvre a été manifeste en Jésus et le matin de Pâques, il s’est déployé en force. A la Pentecôte, il s’est déployé de force dans la violence de l’amour et la grâce de la vie donnée. Il œuvre dans nos cœurs pour en faire la maison de la Trinité, la Demeure du Père et du Fils.

Ô Trinité Sainte, fais de nous ta Demeure pour brûler d’amour et briller de ta lumière !

 

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