CARÊME 5 A

CARÊME 5 A

« Lazare, viens dehors »

(Jean 11, 1-45)

Nous arrivons pratiquement à la fin du carême. Encore quelques jours et nous entrerons dans le mystère pascal par la Semaine Sainte. Il nous reste du temps pour nous convertir et revenir au Seigneur. Nos efforts de carême se poursuivent avec tout l’amour dont nous sommes capables pour rejoindre le Seigneur et pour nous conformer à lui, pour l’accompagner dans sa Passion, passer la Mort et ressusciter à la vie nouvelle. Le carême est une grâce qui nous plonge dans l’amour et par l’amour qui nous met en présence de Dieu le Père dans l’Esprit. Dimanche après dimanche, nous nous sommes laissé interpeller par la Parole, par l’Esprit dans l’amour. L’événement lu ce cinquième dimanche est une anticipation d’un Événement encore plus grand. La réanimation de Lazare nous prépare à la Résurrection du Fils, événement cosmique et spirituel qui transforme l’univers et l’humanité et qui, tout en rendant au Fils la splendeur de sa divinité, nous introduit dans la communion trinitaire avec tout ce que nous sommes. De fait, le carême est tout orienté vers le Fils, vers le Père dans l’Esprit. La Trinité nous a créés, nous a sauvés, nous attend. L’amour se manifeste et les signes donnés par Jésus sont nombreux. Ils révèlent la Présence mystérieuse mais tangible de Celui qui nous aime. Sauveur, Dieu est Créateur. La Création est toute orientée vers sa fin : le cœur de la Trinité.

  1. 1. Jésus le Fils, maître de la vie.

Jésus s’est révélé peu à peu au cours de sa vie. Chaque moment est une révélation de sa Mission mais aussi de son identité. En ramenant Lazare du tombeau, il montre son pouvoir divin et sa communion avec le Père : pour sa gloire et la gloire du Fils qu’il a envoyé. Le Fils est maître de l’événement, maître de la vie et de la mort, maître de ce monde qui tend vers Dieu.

Dieu maître de la vie : il est bon de rappeler en ces temps qui courent que Dieu seul est maître de la vie. Le monde sécularisé s’octroie un pouvoir de décision qui le dépasse. Peut-il décider qui doit vivre ou non, qui est digne ou non, quelle est la qualité de la vie acceptable ou non… Alors qu’on se débat dans les questions éthiques de toutes sortes, rappelons-nous que nous ne sommes maîtres de rien, sinon les serviteurs d’une réalité supérieure. Abordant cela selon la Loi naturelle ou selon la Loi révélée, nous arrivons aux mêmes conclusions : la vie est un mystère. Préservons là et défendons là. Le Fils donne vie. Dieu est vie qui s’épanouit en vie éternelle.

Dieu dispensateur de vie : Dieu a-t-il pu nous créer pour la mort ? On peut penser que la mort existe à cause du péché ou que la mort est un phénomène naturel qui ‘qualifie’ la vie, il reste que c’est Dieu qui donne et reprend, qu’il dispense la souffle de vie sur ses créatures. Le plus étonnant et le plus merveilleux, outre l’évolution qui a permis à la vie d’éclore sur terre, c’est que  Dieu nous donne vie pour partager la sienne. Cette vie donnée est un don réel qui s’épanouit en lui, dans l’éternité. Cela valorise la vie terrestre avec toute sa beauté et ses limites, sa fragilité et sa grandeur. Le Fils lui-même s’est incarné et a insufflé sa vie divine dans notre chair mortelle. L’incarnation est une préparation à la Résurrection : la chair est préparée à recevoir l’éternité : « Je crois à la résurrection de la chair » dit le credo. D’où ce respect, cette obstination à préserver la vie, à sauver la vie, à maintenir en vie, à aimer la vie. La vie est vie éternelle dans le Fils et la vie éternelle c’est de « te connaître, toi Père. »  L’histoire de l’Eglise est pleine d’exemples d’obstinations, de charité, de fragilité. De son début à sa fin naturelle, la vie reste chemin vers l’éternité.

Dieu nous veut vivants : l’idée d’un Dieu s’amusant à faire mourir est insoutenable pour nous chrétiens. Même si nous ne comprenons pas le pourquoi de bien des choses, de bien des souffrances, de bien des situations, nous savons que Dieu aime et qu’il veut la vie. Dieu laissant mourir le Christ en croix est certes un grand mystère mais ne peut-on pas, après coup certes, y voir un grand pas dans la vie éternelle ? Ces situations limites que nous vivons ne sont-ils pas à vivre unies au Christ en croix sachant que c’est toujours la vie qui surgit là où on n’attend plus rien ? Jésus a laissé mourir Lazare son ami pour que la gloire de Dieu se manifeste. Il a tout de même pleuré devant le tombeau d’un ami alors qu’il savait ce qu’il allait faire. Mystère de la vie et de la souffrance, mystère d’une présence qu’on ignore mais qu’on recherche au-delà des apparences…

L’épisode de Lazare est une belle leçon d’humanité et une belle révélation de la divinité du Christ. Seul l’amour peut ouvrir les tombeaux, seul l’amour nous ressuscite à la vie éternelle.

  1. 2. Jésus le Fils, résurrection et vie.

« Je suis la résurrection et la vie, qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ». Terribles paroles qui résonnent depuis 2000 ans comme un défi, une provocation, une invitation. Qui peut prétendre à cela ? Jésus est-il fou ou illuminé ? Le retour de Lazare à la vie terrestre montre la véracité des paroles de Jésus et la vérité de sa Personne. Sa propre Résurrection sera le moment clé, l’Événement majeur de sa vie, le point central de notre Histoire, l’Alpha et l’Oméga de la Création.

« Je suis » : Jésus en tant que Fils s’octroie le Nom Divin. Ce Nom est puissant et efficace. Il est source de vie et de félicité. Il est à l’origine de tout et dispense tout. Ce Nom est celui de Dieu, l’Être suprême, l’Être même, l’Être lui-même. Ce Nom donne vie à Lazare et révèle la vérité à ses sœurs Marthe et Marie. Ce Nom va envoyer les Apôtres dans le monde annoncer une Bonne Nouvelle : la mort et Résurrection du Fils manifestent l’amour du Père et donnent l’Esprit divin à ceux qui croient.

Le Fils ouvert au Père dans l’Esprit : la gloire du Père est celle du Fils. Le Fils est glorifié dans le Père. Le Père est glorifié dans le Fils. De l’amour du Père et du Fils jaillit l’Esprit Saint. Si le Fils s’incarne, c’est pour partager cette richesse, cette gloire, cet amour. Si le Fils meurt, c’est à cause du péché mais c’est pour donner le pardon et une nouvelle possibilité à l’humanité si aveugle mais en attente. Si le Fils ressuscite c’est pour manifester la gloire divine, la majesté du ciel, la vérité de la Trinité, l’appel à la vie éternelle. Sortons donc de nos tombeaux mois marcher vers la vie donnée en abondance par l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit.

  1. 3. Conclusion : ressusciter à l’amour !

Lazare sort du tombeau parce que le Fils est homme et que l’amour est plus fort que la mort

Lazare sort du tombeau parce que le Fils est Dieu et que la vie jaillit de ses mains bénites et saintes.

Marthe est Marie ressuscitent à la vie parce qu’elles professent la foi et qu’elles accueillent l’amour.

Nous recevons la vie éternelle parce que nous croyons et vivons de l’amour des Personnes Divines, communion éternelle et partage vivifiant qui fait renaître. Ouvrons nos cœurs à la vie trinitaire.

Père Francis

 

This entry was posted in Année A, Carême, Français, Père Francis. Bookmark the permalink.