ORDINAIRE 23 A

«  Je suis là au milieu d’eux »

(Mat 18, 15-20)

Jésus a investi Pierre de son autorité. Il l’a rabroué au moment de divergences de vue sur la mission du Messie. Il faudra du temps pour intégrer le message de Jésus et pour comprendre sa mission de salut universel. La croix sera le moment dramatique de vérité et de conversion. La Résurrection éclairera de sa lumière les cœurs peinés mais plein d’espérance. L’Esprit donnera la force nécessaire au changement et à l’élan missionnaire. Marie, le Mère du Seigneur, prie au cœur de l’Église en formation. Les témoins sont envoyés pour proclamer la Bonne Nouvelle d’un Dieu amour qui se donne et nous veut avec lui. La communauté des croyants augmente et se développe. C’est dire aussi qu’elle doit s’organiser et se structurer pour répondre à ses besoins et aux besoins de la mission d’évangélisation. Le Seigneur est au milieu de son peuple et insuffle son Esprit d’unité et d’amour. Il reste qu’un groupe d’hommes et de femmes reste une communauté humaine avec ses limites et des déboires, ses forces et ses points faibles, son espérance et son péché. L’Église des pécheurs pardonnés et sauvés avance vers son Seigneur.

  1. 1. Faire Église.

Voilà un défi majeur pour la communauté des disciples. Comment être les témoins du Ressuscité dans un monde hostile mais aussi au sein d’une communauté pécheresse ? Comment proclamer l’amour quand on peine à s’aimer ? Comment être lumière quand les ténèbres ne sont pas encore dissipées ? A moins de vivre dans l’illusion d’une communauté parfaite et de cacher sa misère, la vérité veut qu’on regarde sa pratique avec sincérité et qu’on la modifie pour s’approcher le plus possible de la volonté du Seigneur, avec sa grâce et son Esprit. La sainteté sourd du dedans de nos limites et de notre espérance.

Une communauté fragile : la Sainte Église se sait fragile de la fragilité de ses membres et des tensions qui l’habitent. Elle se sait aussi forte de la présence de l’Esprit qui bâtit chaque jour l’Église du Christ en marche vers le Royaume. Ainsi doit-elle se convertir en permanence, se réformer sans cesse, changer quand c’est nécessaire, accueillir la nouveauté comme un don divin, être fidèle à ce qu’elle a reçu et transmis. Elle porte son trésor dans des vases d’argile. Elle bénit avec des mains tremblantes. Elle corrige avec délicatesse. Elle cherche la vérité malgré sa faiblesse.

Une communauté authentique : la Sainte Église suit son Seigneur avec sincérité et passion. Malgré son péché et ses compromis, malgré ses paresses et parfois  son inertie, malgré ses paralysies et ses tensions internes, elle cherche à vivre l’authenticité du message évangélique et la vérité de sa vocation à être « lumière du monde et sel de la terre ». Il est beau de voir ses remises en cause pour plus de justice et de vérité ou de la voir renoncer à ses privilèges quand ceux-ci l’enchaînent ou la musèlent. Notre Église se purifie chaque jour dans l’Eucharistie et le pardon, dans l’intimité du Seigneur.

Une communauté se sachant aimée : la Sainte Église, tout en reconnaissant ses limites et parfois son péché, se reconstruit dans l’amour du Christ pour la gloire du Père avec la force de l’Esprit. Se savoir aimée est le dynamisme de son cœur et le propulseur de sa mission. Elle peut retourner sans cesse vers ce Cœur qui l’aime, vers l’amour trinitaire qui l’anime, vers cette promesse de communion et d’éternité qui la caractérise. Étonnante Église qui sans cesse affirme son identité et sa mission, qui prétend avoir les clés du Royaume des Cieux, qui est la porte du Ciel et le chemin vers la Trinité ! Étonnante Église si aimable malgré ses limites et si jeunes malgré ses rides, Joie de son Seigneur et Consolation de ses membres.

L’Église voulue par Jésus est fondée sur la foi des Apôtres. Pierre est ce roc qui assure sa stabilité. Le Christ est sa Tête qui en fait son Corps et son Épouse. Elle avance à tâtons mais à la lumière de la Résurrection du Fils pour communier à l’amour du Père dans l’Esprit. Ses membres sont pécheurs et se convertissent. Le soutien fraternel est essentiel. La correction fraternelle est nécessaire. L’authenticité et la sincérité du cœur sont sa force dans le dynamisme du Ressuscité.

  1. 2. Être l’Église.

Faire Église est notre quotidien malgré tous les obstacles et les résistances. La purification est un processus salutaire que les Sacrements poursuivent. La prière et l’adoration la mettent en présence de Celui qu’elle aime. Elle reconnaît peu à peu la vérité de son identité qui la pousse à agir. Se connaître permet d’agir et de faire en conséquence.

Corps du Christ : sans le Christ, l’Église est une organisation religieuse parmi d’autres. Par le Christ, elle est témoin de la Résurrection et membre de son Corps Mystique. Unie à son Seigneur, sa Tête, elle avance fièrement vers le Père dans l’Esprit. Une avec le Christ, elle entre dans la gloire de la Trinité pour une communion éternelle.

Temple de l’Esprit : sans l’Esprit, l’Église est une structure vide et une cymbale résonnante. Par l’Esprit, elle est présence du divin, création nouvelle, peuple authentique, assemblée sacerdotale, lieu de rencontre et d’amour. L’Esprit prie en elle et anime sa charité et son action. L’Esprit la guide et la purifie. Il est son cœur dynamique et vibrant. L’Esprit, amour du Père et du Fils, est la source d’unité de l’Église.

Peuple de Dieu : sans amour, l’Église est un juge implacable. Par l’amour, elle est mère attentive et miséricordieuse. Elle pardonne et relève. Elle cherche la vérité et s’ouvre à la nouveauté. Elle transmet le dépôt de la foi et la Tradition Apostolique. Elle accueille ses enfants par un pardon véritable. Elle annonce le salut dans la filiation acceptée. Elle est signe de la présence du Christ ressuscité et de l’amour du Père. Temple de la Sainte Trinité !

  1. 3. Conclusion : un amour fraternel qui révèle l’amour du Père.

L’Église est témoin : de l’Incarnation, de la Croix et de la Résurrection mais aussi du pardon donné, de l’amour accordé, du salut obtenu. Elle est voulue par le Christ comme Signe, comme ‘sacrement’.

L’Église est fragile : son péché la peine mais elle se convertit ; la faiblesse de ses membres l’afflige mais elle s’en remet à Dieu ; ses limites la paralysent mais elle en est plus dynamique par l’Esprit.

L’Église corrige par souci de vérité et d’authenticité. Elle lie et délie, selon la volonté du Christ. Sa mission toutefois est annonce de la  miséricorde et de l’identité filiale.

L’Église s’assemble car elle est certaine de la Présence du Ressuscité selon sa promesse. Elle aime son Seigneur et vit de son amour. C’est l’Église du Christ, notre mère.

Père Francis

 

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